ANDERSON (Lindsay) (suite)
Fils d'un officier de l'armée des Indes, il suit des études à Oxford, puis est mobilisé aux Indes à la fin de la Seconde Guerre mondiale. De retour à Oxford, il prend une part importante à la naissance de la revue Sequence (1946). Les autres rédacteurs en sont Gavin Lambert, Penelope Houston et Peter Ericson. Jusqu'en 1952 (dernier numéro dirigé par Anderson et Karel Reisz), la revue défendra les thèses d'un cinéma engagé, proche des réalités sociales, mais aussi art à part entière. Anderson y exprime son admiration pour des cinéastes comme Jean Vigo, John Ford, Humphrey Jennings. Il poursuit sa carrière journalistique par des critiques dans The Times et The Observer et des articles de fond dans Sight and Sound. En 1956, il y publie un article intitulé : « Stand up ! Stand up ! » dans lequel il attaque le cinéma conformiste de l'Establishment et plaide pour un cinéma libre (free cinema), personnel et critique. À la même époque, il programme au National Film Theatre (la Cinémathèque de Londres) des séances de jeunes réalisateurs originaux, britanniques ou étrangers, sous le titre Free Cinema.
Depuis 1948, il réalise lui-même des courts métrages ; d'abord en amateur (Meeting the Pioneers, 1948), puis pour des petites productions indépendantes, notamment : Wakefield Express (1953), O Dreamland (id.), Thursday's Children (1954, CO Guy Brenton), Foot and Mouth (1955), Green and Pleasant Land (id.), Every Day Except Christmas (1957). Il signe également des réalisations à la télévision (en particulier des épisodes de la série Robin des Bois en 1957) et met en scène au théâtre les pièces de l'avant-garde anglaise, dont John Osborne.
En 1963, il tourne son premier long métrage le Prix d'un homme (This Sporting Life), dans lequel Richard Harris incarne un mineur amoureux d'une femme (Rachel Roberts) et qui connaît une gloire éphémère en devenant champion de rugby. Après The White Bus (MM, 1967) et Raz Dwa Trzy (The Singing Lesson, id.), son film If... (1968), violente critique des « high schools » , remporte la palme d'or au festival de Cannes en 1969 et fait scandale en Angleterre ; l'Establishment, que Lindsay Anderson a déjà passablement égratigné dans ses articles, supporte mal de se voir bafoué par une révolte estudiantine. Il devra attendre cinq ans avant de tourner le Meilleur des mondes possibles (O Lucky Man, 1973), chronique voltairienne de l'ascension et de la chute d'un ambitieux dans le monde des affaires. Suivent, en 1975, In Celebration (avec Alan Bates), parlant à nouveau des mineurs, en 1982, Britannia Hospital, satire au vitriol de l'establishment et, en 1987, les Baleines du mois d'août (The Whales of August), adaptation d'une pièce de théâtre de David Berry dont l'intérêt principal réside dans un casting surprenant (Bette Davis, Lilian Gish, Vincent Price, Ann Sothern). Ses films illustrent bien les engagements politiques et esthétiques de Lindsay Anderson. L'action de ce polémiste, l'un des hommes les plus prestigieux du monde du spectacle britannique des années 60-70, ne saurait cependant être réduite à ses longs métrages.▲