Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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HUBLEY (John)

cinéaste d'animation américain (Marinette, Wisc., 1914 - New Haven, Conn., 1977).

Dessinateur et animateur chez Disney dans les années 30, il en devient dès 1935 l'un des meilleurs directeurs de création (pour Blanche-Neige, Pinocchio et Fantasia notamment). Il trouve sa pleine mesure après 1945, à l'UPA, où il contribue à créer le personnage de Mister Magoo (d'après son propre oncle). Ses dessins sont stylisés, mais souvent très drôles. En 1952, Rooty Toot Toot, tiré d'une ballade populaire, le fait remarquer par son style humoristique et poétique et un graphisme plein de modernité. Évincé d'UPA, suite aux pressions dérivant de la chasse aux sorcières initiée par McCarthy, Hubley fonde son propre studio, Storyboard Productions (1955). Il y réalise avec sa nouvelle femme, Faith, de remarquables films, engagés moralement et esthétiquement, à la liberté d'inspiration évidente : Moonbird (1960), The Hole (1962), The Hat (1964), Cockaboody (1972). À l'opposé du romantisme et du ton mielleux de l'animation traditionnelle, il introduit dans le cinéma d'animation américain la vérité de la vie, jouant souvent d'improvisations sonores et parlées sur des sujets essentiels.

HUDSON (Hugh)

cinéaste britannique (Londres 1936).

Son premier film les Chariots de feu (Chariots of Fire, 1981), Oscar à Hollywood, sanctionnait par un immense succès commercial le renouveau du cinéma anglais. D'autant que l'entreprise était purement britannique : le metteur en scène, les comédiens, le sujet (le sport dans les public schools d'abord, sur le stade ensuite) et enfin le producteur David Puttnam. Le film critique l'establishment mais exalte aussi les valeurs de l'effort. Message ambigu qui convenait aux années Thatcher, et présenté dans un style plein de joliesses et de ralentis. Dans Greystoke, la légende de Tarzan (Greystoke, 1984), en revenant aux sources littéraires, le cinéaste propose un Tarzan inhabituel, alternant les séquences en Europe et en Afrique, dans un style classique et illustratif qui rend justice à la beauté des paysages et à la puissance du mythe. Il tourne ensuite un film ambitieux mais raté sur la révolution américaine, Révolution (id., 1985), puis Lost Angels (1989) et The Road Home (1990), des films quelconques qui replacent Hudson au rang des faiseurs, comme le confirme J'ai rêvé de l'Afrique (I dreamed of Africa, 2000).

HUDSON (Roy Scherer Jr., puis Roy Fitzgerald, dit Rock)

acteur américain (Winnetka, Ill., 1924 - Beverly Hills, Ca., 1985).

Il est découvert par Raoul Walsh qui lui donne en 1948 un petit rôle dans ses Géants du ciel et le prend sous contrat personnel. Il est l'un des plus grands et des plus athlétiques comédiens américains. On le voit d'abord dans toute une série de rôles secondaires dans les films produits par la Universal, le plus souvent des films d'action et des westerns, parfois signés Anthony Mann (Winchester 73, 1950 ; les Affameurs, 1952). Ses rôles s'étoffent petit à petit. En 1952, il est la vedette à part entière d'Une fille à bagarres (Scarlet Angel, Sidney Salkow), avec Yvonne de Carlo, et, en 1953, de Victime du destin de Raoul Walsh, qu'il retrouvera la même année pour deux autres films : la Belle Espionne, un film d'aventures maritimes avec Yvonne de Carlo, et Bataille sans merci, un western.

Douglas Sirk, qui lui avait donné à ses débuts un de ses rares rôles de comédie (dans Qui donc a vu ma belle ?, 1952) va lui permettre de prouver qu'il n'a pas seulement une « belle gueule », mais qu'il est capable d'être un acteur convaincant, et parfois même émouvant. De leur longue collaboration, on retiendra particulièrement : le Secret magnifique, avec Jane Wyman (1954), qui fait pleurer toute l'Amérique et le catapulte au sommet du box-office ; Capitaine Mystère (1955), un film d'aventures ; Tout ce que le ciel permet (1956, encore avec Jane Wyman) ; Écrit sur du vent (1957), un mélodrame flamboyant, et la Ronde de l'aube (1958) d'après Pylone, un roman de Faulkner.

Au sommet de sa carrière, Rock Hudson ne trouvera malheureusement plus de metteur en scène capable, comme Sirk, de l'utiliser aussi bien sur ses défauts. On relève dans sa filmographie des œuvres très honorables comme Géant (G. Stevens, 1956), le Carnaval des dieux (R. Brooks, 1957), Cette terre qui est mienne (This Earth Is Mine, H. King, 1959), El Perdido (R. Aldrich, 1961), le Sport favori de l'homme (H. Hawks, 1964). Mais on y relève également beaucoup de comédies insipides, mais à succès, parfois avec Doris Day (Confidences sur l'oreiller, M. Gordon, 1959). Après l'échec commercial de l'Opération diabolique (J. Frankenheimer, 1966), il tourne moins, et la suite de sa carrière ne lui permet pa de retrouver un rôle d'envergure. Atteint du Sida, il meurt en 1985.

HUGHES (Howard)

industriel, producteur et cinéaste américain (Houston, Tex., 1905 - en avion 1976)

Neveu de l'écrivain et cinéaste Rupert Hughe et héritier de la Hughes Tool Company dont la fortune reposait sur les forages pétroliers, il fut à dix-huit ans l'un des hommes les plus riches du monde. Fabricant d'avions, il est passionné de pilotage et bat lui-même maints records. De 1927 à 1932 il dirige sa propre société de production, la Caddo Company, hébergée par United Artists. Après une rupture de quelques années avec le cinéma, il deviendra un des dirigeants de la R.K.O. – qu'il finira par acheter en totalité en 1948, et conduira finalement à sa perte. C'est un fabricant de stars, particulièrement attiré par les beautés plantureuses (Jean Harlow, Jane Russell), qu'il lance à grand renfort de publicité, un mécène extravagant, qui réalise le rêve surréaliste de la salle de cinéma aménagée au fond d'une piscine (pour la première d'Underwater, 1954, de John Sturges). Il est peut-être, avec Hearst*, une des sources de Citizen Kane de Welles. Il est aussi un producteur avisé, voire courageux ; on lui doit la production du film de Lewis Milestone The Front Page (1931), deux des plus étonnants Howard Hawks (Scarface, 1932, et la Captive aux yeux clairs, 1952), le tripatouillage (moins glorieux) de deux films de Sternberg, Jet Pilot (1957, RE 1950) et Macao (1952), enfin, la réalisation d'un western aux audaces réelles, le Banni (The Outlaw, 1950, RE 1941, avec la « bombe » Jane Russell). Le reste, y compris quelques prouesses aéronautico-cinématographiques, à la réalisation desquelles il collabora (Hell's Angels, 1930 ; Sky Devils, 1932), est plus inégal, même si quelques flambées y témoignent d'une sorte de génie du spectacle.