COLOMBIE. (suite)
Le compréhensible succès de La estrategia del caracol (Cabrera, 1993), un film assez unanimiste, relance l'intérêt pour le cinéma national, même si La gente de la Universal (Felipe Aljure, id.), avec son regard féroce sur les travers du pays, dérange un peu les spectateurs locaux. Cependant, le réalisateur colombien le plus personnel est sans doute Luis Ospina, complice de Mayolo dans des documentaires caustiques (Oiga-Vea, 1971 ; Cali de película, 1973 ; Agarrando pueblo, 1977). Il aborde le long métrage avec Pura sangre (1982), une fabulation autour du vampirisme social, dont la densité thématique, l'originalité d'approche, la capacité d'assimiler et de transformer les codes filmiques, tranchent résolument avec la banalité esthétique alors prédominante. Pourtant, il doit recourir à la vidéo et se replier sur le refuge natal de Cali, pour continuer à s'exprimer avec intelligence, humour et sensibilité, à nouveau dans un registre documentaire : Andrés Caicedo : unos pocos amigos (1986), Ojo y vista : peligra la vida del artista (1988), la trilogie Al pie, Al pelo et A la carrera (1991), Nuestra película (1993). Ospina revient enfin à la fiction sur un ton parodique, sans perdre pour autant l'ancrage dans une réalité brutale (Souffle de vie/Soplo de vida, 1998).