COSTA-GAVRAS (Konstantinos Gavras, dit) (suite)
À l'exception de son premier film et de Clair de femme, l'œuvre de Costa-Gavras est en effet placée tout entière sous le signe d'un engagement politique, que le réalisateur tente de faire partager avec des moyens parfois si simples qu'ils en deviennent parfois superficiels. La réalité dépeinte propose la plupart du temps un univers manichéen partagé entre les bons et les méchants. Les moyens cinématographiques utilisés correspondent à cette vision simplifiée, ne recourant qu'aux procédés les plus aptes à réveiller chez le spectateur un certain nombre de réactions et de sentiments nobles, tels que la justice et l'indignation. En 1969, à l'époque du succès inouï de Z, cette conception d'un cinéma politique aux charmes exotiques simples, et dont la mécanique était plus proche du jeu des gendarmes et des voleurs que d'une analyse sérieuse, rendant compte des réalités sociales et politiques dans leur complexité, avait la faveur d'un large public que rebutaient encore les travaux d'un Francesco Rosi. Les complications sentimentales dans Hanna K. (1983) ne se révèlent pas davantage en mesure de traduire les rapports israélo-palestiniens. Le succès public de Missing (à la structure filmique plus complexe) montra pourtant que l'humanisme sincère et généreux de Costa-Gavras peut toucher ceux qu'une démonstration politico-économique plus aride découragerait sans aucun doute.
Il tourne en 1985 Conseil de famille, comédie policière, et en 1988 un thriller politique, portrait sans complaisance d'une certaine Amérique, celle des organisations paramilitaires, néofascistes et racistes : la Main droite du diable (Betrayed). En 1990 Costa-Gavras, avec un sens inné du rythme narratif, mais sans moralisation excessive, s'attache dans Music Box (Ours d'or à Berlin) au problème des anciens nazis et criminels de guerre : exilés en Amérique, ils se retrouvent à leur propre étonnement rattrapés par leur passé et confrontés à celui-ci. Mais la Petite Apocalypse (1993), adaptation de l'œuvre de T. Konwicki, ne parvient pas à rencontrer son public, auquel semble échapper le sens d'une fable sarcastique sur l'engagement politico-mondain d'une certaine classe bourgeoise. En 1997 il tourne Mad City aux États-Unis et en 2001 il tourne en Roumanie le Vicaire, adapté de la pièce de l'Allemand Rolf Hochhuth sur l'attitude du Vatican pendant la Seconde Guerre mondiale. ▲