SHEPARD (Gil Ivy, dit Sam) (suite)
Personnage éclectique, aux multiples talents (on le retrouve batteur du groupe Acid Rock), il écrit aussi des scénarios : Me and My Brother (R. Frank, 1969), Zabriskie Point (M. Antonioni, 1970), Paris, Texas (W. Wenders, 1984), Far North (1988, qu'il réalise lui-même). Le passage du théâtre au cinéma s'imposait presque, ses pièces étant déjà conçues de manière très cinématographique et interrogeant les grands mythes américains (l'Ouest, l'errance, les mythologies masculines...). Les échos entre son œuvre théâtrale et ses scénarios sont constants : Paris, Texas, par exemple, reprend, dans le cadre d'une errance, le sujet de sa pièce True West (l'Ouest, le vrai, 1980) : le contraste entre deux frères aux choix de vie opposés. Il mène de front une remarquable carrière d'acteur. Son physique séduisant et classique lui permet d'aborder tous les genres : agriculteur de l'Amérique profonde dans les Moissons du ciel (T. Malick, 1978) et dans les Moissons de la colère (Country, R. Pearce, 1984), où il incarne un fermier écrasé par l'adversité, sombrant dans l'alcoolisme ; ou pilote d'essai hors pair, sorte de Garry Cooper de l'ère cosmique, dans l'Étoffe des héros (P. Kaufman, 1983). Il joue également dans Renaldo et Clara (id., Bob Dylan, 1978), Résurrection (id., Daniel Petrie, 1980), l'Homme dans l'ombre (Raggedy Man, Jack Fisk, 1981), Frances (id., Graeme Clifford, 1983) aux côtés de Jessica Lange (comme dans Country), son épouse dans la vie, Fool for Love (R. Altman, 1985), adapté d'une de ses pièces, Crimes du cœur (Crimes of the Heart, Bruce Beresford, 1986), Baby Boom (Charles Shyer, 1987), The Ballad of the Sad Cafe (Simon Callow, 1991), The Voyager (V. Schlöndorff, id.), l'Affaire Pélican (A. J. Pakula, 1993). Il doit sa popularité à une activité prolifique et variée, associée à un charisme physique — visage taciturne du héros westernien aux yeux clairs, silhouette longiligne — qui l'inscrit dans la tradition hollywoodienne classique.