GILOU (Thomas)
cinéaste français (1955).
C'est son court métrage la Combine de la girafe qui lui vaut d'être contacté pour la production d'un film sur les milieux africains de Paris : ce sera une comédie Black mic mac – un grand succès (1986). Quelques années plus tard, il est considéré comme le spécialiste des comédies « ethniques », où il mêle habilement l'humour et le sérieux des références, chez les Beurs avec Raï (1995), les Juifs du Sentier avec la Vérité si je mens (1997), les Latino-Américains avec Chili con carne (1998). Réussite commerciale oblige, il tourne la Vérité si je mens 2 (2000).
GILSON (René)
cinéaste français (Arras 1921).
Il fut d'abord professeur, animateur de ciné-club, critique (essais sur Jean Cocteau, Jacques Becker, Marilyn Monroe). Il est aujourd'hui réalisateur indépendant et auteur complet de films contestataires : l'Escadron Volapük (1971), satire de la vie militaire ; On n'arrête pas le printemps (1972), comédie sur le milieu enseignant ; la Brigade (1975), évocation sensible de la Résistance ; Juliette et l'air du temps (1977), portrait d'une adolescente moderne ; Ma blonde, entends-tu dans la ville... (1980), évocation d'un couple du Front populaire. En 1988 il signe un marivaudage sentimental parsemé de clins d'œil cinéphiliques : Un été à Paris.
GIOI (Vivien Trumphy, dite Vivi)
actrice italienne (Livourne 1919 - Fregene 1975).
Elle débute grâce à De Sica avec un petit rôle dans Mais ça n'est pas une chose sérieuse, un film de Camerini (1936). Mastrocinque la lance avec Bionda sotto chiave (1939). Elle reprendra dans plusieurs comédies — dont Roses écarlates (V. De Sica, 1940), Vento di milioni (D. Falconi, id.), Tutta la città canta (R. Freda, 1943) — ce même personnage de fille dynamique et moderne. Avec son rôle dramatique dans Chasse tragique (G. De Santis, 1948), elle obtient le prix Nastro d'Argento pour la meilleure actrice. Sa carrière se poursuit avec des grands succès au théâtre et de rares rôles de composition au cinéma, notamment dans Exodus (Il grido della terra, Duilio Coletti, 1949), Femmes sans nom (Donne senza nome, G. Radvany, id.), Gente così (Fernando Cerchio, 1950), Senza bandiera (Lionello De Felice, 1951), le Procès de Vérone (C. Lizzani, 1963, où elle joue la femme de Mussolini) et Dio non paga il sabato (Amerigo Anton, sous le pseudonyme de Tanio Boccia, 1967).
GIONO (Jean)
écrivain, scénariste, producteur et cinéaste français (Manosque 1895 - id. 1970).
On connaît l'œuvre de Giono romancier, le chantre inspiré de la haute Provence, l'auteur de ces ouvrages gorgés de nature et de sensualité que sont Colline et le Chant du monde, tout comme l'écrivain racé et picaresque de la deuxième période, celle du Hussard sur le toit et de l'Iris de Suze. On sait moins que Giono fut aussi un homme de cinéma, bien au-delà des adaptations — ou plutôt des appropriations — de Pagnol (Jofroi, Angèle, Regain, la Femme du boulanger, ce dernier film devant fort peu à Giono). Il crée en effet, après guerre, sa propre maison de production, écrit un découpage technique du Chant du monde (sans rapport avec le film du même nom), le scénario d'un court métrage, le Foulard de Smyrne, adapte et dialogue pour l'écran deux de ses romans, l'Eau vive (François Villiers, 1958) et Un roi sans divertissement (F. Leterrier, 1963), produit les Grands Chemins de Christian Marquand (1962, d'après son roman), enfin assure lui-même la mise en scène d'un film : Crésus (1960, avec Fernandel), allégorie provençale du reste assez pauvre. Son « œuvre cinématographique », comportant de nombreux inédits, a été éditée en 1980.
GIORDANA (Marco Tullio)
cinéaste italien (Milan 1950).
La carrière de Marco Tullio Giordana est révélatrice des difficultés que rencontrent bon nombre de cinéastes italiens pour parvenir à poursuivre une œuvre, même lorsque celle-ci a débuté par un film accueilli par un concert de louanges. En 1980, Giordana est remarqué à Cannes et à Locarno, où il remporte le Pardo d'or, avec Maudits je vous aimerai, où il affronte les séquelles du terrorisme dans une Italie en plein désarroi. Le succès critique du premier film n'est pas confirmé par La Caduta degli angeli ribelli (1981), qui présente cette fois la fuite vers le sud de l'Italie d'un vrai terroriste, poursuivi par ses propres compagnons de lutte armée. L'indifférence du public condamne Giordana à une sorte de traversée du désert. Celui-ci se tourne vers la télévision pour laquelle il réalise en 1984 Nuit et brouillard (Notti e nebbie) qui évoque la situation de l'Italie pendant la république de Salo et l'occupation allemande. Giordana propose, quatre ans plus tard, avec Rendez-vous à Liverpool, un commentaire indirect de la tragédie du stade du Heysel en 1985, à Bruxelles, où moururent une quarantaine de supporters de la Juventus de Turin. Le cinéaste s'écarte ensuite de l'actualité avec un épisode du film écrit par Tonino Guerra, le Dimanche de préférence (1991). Dans son sketch – le plus réussi de tous –, une femme espionne, par un interstice des planches du plafond, son fils et sa belle-fille qui font l'amour à l'étage en dessous. Cette dernière s'en aperçoit et se tait, consentante.
En 1995, Pasolini, mort d'un poète reconstitue les circonstances de la mort du cinéaste, en affirmant qu'elle ne fut pas accidentelle et que le cinéaste fut attiré dans un véritable guet-apens. Avec I cento passi (2000), Giordana livre une œuvre où s'expriment une nouvelle fois son courage civique et son efficacité stylistique. Mettant en scène la figure d'un jeune Sicilien qui ose braver la mafia et se lancer dans une action de dénonciation qui provoquera son assassinat, Giordana réalise un film tendu, sec, dans la meilleure tradition d'un cinéma politique qui n'a pas oublié la leçon de Francesco Rosi.
GIOVANNI (José)
scénariste et cinéaste français (Paris 1923).
Il se définit lui-même comme un « accidenté de la guerre » : jeune, il avait participé à des actions de résistance. Après la Libération, il connaît le milieu parisien, puis la prison. Son expérience personnelle se retrouve dans les romans qu'il écrit, surtout pour la Série noire. Il rencontre le cinéma quand Jacques Becker, en 1958, envisage de porter à l'écran un de ses romans, le Trou : il collabore à l'adaptation, qui dure plus d'un an (1958-59). Puis, notamment, à celles de Classe tous risques (C. Sautet, 1960) ; de Un nommé La Rocca (Jean Becker, 1961), d'après son roman l'Excommunié ; des Grandes Gueules (R. Enrico, 1965), d'après son roman le Haut-Fer ; du Deuxième Souffle (J.-P. Melville, 1966). En 1966, il dirige la Loi du survivant, son premier film, également adapté d'un de ses romans. Son œuvre cinématographique s'inscrit dans la ligne de celles de Decoin ou de Grangier : conventions du milieu, exaltation de l'amitié virile. C'est un cinéma démodé, même quand il se nourrit de l'actualité (les Égouts du paradis, en 1979, inspiré de l'affaire Spaggiari). En 1973, Deux Hommes dans la ville, avec Jean Gabin et Alain Delon, avait été un intéressant plaidoyer contre la peine de mort.