PASOLINI (Pier Paolo) (suite)
Une diversité prodigieuse de dons explique, sans doute, ce bel éclectisme, ces exercices de corde raide exécutés chaque fois avec une suprême élégance et une témérité qui laisse cois ses détracteurs. Le tout ne va certes pas sans maladresse, rançon d'une combinaison singulière d'amateurisme et de maniérisme : ces terrains vagues et ces dunes à perte de vue, ces accoutrements baroques et ces jeunes blondinets folâtrant, ces trognes tannées de figurants, ces chairs féminines lourdement étalées, voilà qui ne convainc pas toujours, et ne saurait satisfaire les tenants d'un art de générosité et d'harmonie, auquel pourtant il n'a cessé d'aspirer. Pasolini reste et restera un météore du cinéma contemporain, vrai « calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur ». Comme l'écrit un autre de ses commentateurs, Dominique Noguez, il y a désormais un mot qui dit bien « ce mélange de réalisme et de mythologie imaginaire, de sculpture moderne et de fausse préhistoire, toute cette féerie sous-prolétarienne, ce bric-à-brac de tiers monde, cet exotisme hétéroclite et superlatif, ce style d'Eisenstein marocain ou de Fellini de banlieue ouvrière. Ce mot n'existait pas avant Pasolini. Il existe désormais : pasolinien ».
Pasolini a, en outre, collaboré en tant que scénariste, coscénariste ou acteur à divers films, dont : la Fille du fleuve (M. Soldati, 1955), les Nuits de Cabiria (Le notti di Cabiria, F. Fellini, non crédité au générique, 1957) ; plusieurs films de Mauro Bolognini : Marisa la civetta, id. ; les Jeunes Maris, 1958 ; les Garçons, 1959 ; le Bel Antonio, 1960 ; ça s'est passé à Rome, id. ; La viaccia, 1961 ; La commare secca (B. Bertolucci, 1962) ; Requiescant (C. Lizzani, 1967) ; Ostia (id., S. Citti, 1970) ; Histoires scélérates (Storie scellerate, S. Citti, 1973).
Films :
Accattone (id., 1961) ; Mamma Roma (id., 1962) ; Rogopag (épisode La ricotta, 1963) ; la Rabbia (premier épisode, id.) ; Sopraluoghi in Palestina (DOC, 1964) ; l'Évangile selon Matthieu (Il vangelo secondo Matteo, id.) ; Conquête sur la sexualité (Comizi d'amore, 1965 [RÉ 1963]) ; Des oiseaux, petits et gros (Uccellacci e uccellini, 1966) ; les Sorcières (Le streghe, épisode de la Terre vue de la lune, 1967) ; Œdipe roi (Edipo re, id.) ; Capriccio all'italiana (épisode Che cosa sono le nuvole ?, 1968) ; Théorème (Teorema, id.) ; Appunti per un film indiano (TV, CM, id.) ; Amore e rabbia (épisode La sequenza del fiore di carta, 1969 [RÉ 1967]) ; Porcherie (Porcile, 1970) ; Médée (Medea, id.) ; le Décaméron (Il Decamerone, 1971) ; les Contes de Canterbury (I racconti di Canterbury, 1972) ; les Mille et Une Nuits (Il fiore delle mille e una notte, 1974) ; Carnets de notes pour une Orestie africaine (Appunti per un Orestiade africana, 1976 [RÉ 1970]) ; Salo ou les Cent Vingt Journées de Sodome (Salo o le centoventi giornate di Sodoma, id.).