PROTAZANOV (Yakov) [Jakov Aleksandrovič Protazanov]
cinéaste soviétique (Moscou 1881 - id. 1945).
Son père étant dans le commerce (fondé de pouvoir ou chef comptable d'une firme pétrolière), Protazanov fait ses études à l'École de commerce de Moscou. Entré en 1909 à la société Gloria comme traducteur, il est bientôt régisseur, acteur, scénariste, enfin, en 1910, réalisateur. On le remarque dès son deuxième film, le Chant du bagnard (1911). Il sera le plus célèbre et le plus prolifique des cinéastes tsaristes. Pour la Gloria, devenue société Thieman et Reinhardt, il tourne, entre 1911 et 1915, quarante films. Pour le producteur Iossif Ermoliev, de 1915 à 1920, quarante films encore. Ces films procèdent certes du courant qui dominait alors le cinéma russe (mais aussi bien danois et italien) : le « divisme », ce romantisme noir, kitsch, « satanique », symboliste et hystérique dont les stars « fatales » sont l'agent essentiel. Leurs scénarios empruntent à la littérature, classique ou décadente, autant qu'à la chanson sentimentale. De celle-ci ils gardent souvent le titre — tout un programme : Que les roses étaient belles et fraîches ! (1913), Pourquoi le violon sanglotait (id.), La femme en sait plus que le diable (1914), N'allez pas vers elle avec des questions (1915), J'attelle à la troïka trois bruns chevaux fougueux (1916), Elle désirait si follement, si passionnément le bonheur (id.). Mais, à côté de mélodrames délirants, qu'il sait d'ailleurs inscrire dans le paysage physique et social de l'époque, Protazanov a cultivé un réalisme psychologique qui doit beaucoup à l'enseignement de Stanislavski. D'Ivan Mosjoukine il a fait (dans vingt films) un monstre sacré, un « mythe slave », mais également l'interprète sensible et véridique du Père Serge (1917), adapté de Tolstoï — sûrement l'œuvre la plus forte du cinéma tsariste et la plus avancée esthétiquement. À la fin de l'année 1918, Ermoliev transfère ses studios à Yalta. Protazanov y tourne trois films. En 1920, toute la troupe s'expatrie. À Paris, elle constitue le noyau de « l'école russe de Montreuil », qui inspirait le cinéma français encore à la fin des années 30. Un film tourné à Berlin, et Protazanov rentre en URSS en 1923. Avec Aélita (1924), film moins « futuriste » que constructiviste dans ses costumes et ses décors, et les films qui lui succèdent, il invente le « rire bolchevik ». Le Tailleur de Torjok (1925), le Procès des trois millions (1926), Don Diègue et Pélagie (1927), la Fête (ou le Miracle) de saint Iorguen (1930), au comique antireligieux inusable, installent la réalité quotidienne, marquée par la NEP et les anomalies du nouveau régime, dans une authentique « comédie socialiste », satirique et généreuse, ouverte à la beauté et à l'espoir. Protazanov, cependant, ne refusait pas les sujets tragiques, qu'il sut remarquablement distancier dans le 41e (1927) et Sans dot (1936).
Films :
la Fontaine de Bakhtchasarai (Bahčisarajskij fontan, 1909) ; le Chant du bagnard (Pesnja Katoržanina, 1911) ; Anfisa (id., 1912) ; Que les roses étaient belles et fraîches ! (Kak horosi, Kak oveži byli rozy !, 1913) ; les Clefs du bonheur (Ključi sčast'ja, id.) ; Guerre et Paix (Vojna i mir, 1915 ; CO V. Gardine) ; Plébeien (Plebej, id.) ; la Mouette (Čajka, id.) ; Nicolas Stavroguine (Nikolaj Stavrogin, id.) ; la Dame de pique (Pikovaja dama, 1916) ; le Péché (Greh, id.) ; Satan triomphant (Satana likukščij, 1917) ; l'Accusateur public (Prokuror, id.) ; Andrei Kojoukhov (Andrej Kožuhov, id.) ; le Père Serge (Otets Sergij, id.) ; la Vérité (Pravda, 1919) ; Membre du Parlement (Člen Parlamenta, 1920) ; Pour une nuit d'amour (Za noč ' ljubi, 1921) ; Justice d'abord (Pravosudie prežde, id.) ; le Sens de la mort (Smysl smerti, 1922) ; l'Ombre du péché (Ten‘ greha, id.) ; le Pèlerinage de l'amour (Der Liebe Pilgerfahrt, 1923) ; Une angoissante aventure (Strašnoe priključenie, id.) ; Aélita (id., 1924) ; Son appel (Ego prizyv, 1925) ; le Tailleur de Torjok (Zakrojščik iz Toržka, id.) ; le Procès des trois millions (Process o treh millionah, 1926) ; le 41e (Sorok pervyj, 1927) ; Don Diègue et Pélagie (Don Diego i Pelageja, id.) ; l'Aigle blanc (Belyj orel, 1928) ; Des grades et des hommes (Činy i ljudi [CO M. Doller], 1929) ; la Fête de saint Iorguen (Prazdnik svatogo Jorgena, 1930) ; Tommy (Tommi, 1931) ; Sans dot (Bespridannica, 1936) ; Nassereddine à Boukhara (Nasreddin v Buhare, 1943).
PRYOR (Richard)
chanteur et acteur américain (Peoria, Ill., 1940).
C'est le plus connu des comiques noirs américains. Il passe par le cabaret, touche au cinéma dès 1967 (The Busy Body, W. Castle), mais ses rôles ne deviennent importants qu'à partir de 1972 ( Lady Sings the Blues, S. Furie). On le voit dans de nombreuses comédies (Hit !, id., 1973 ; Bingo, John Badham, 1976 ; Car Wash, Michel Schultz, id. ; Critical Condition, M. Apted, 1987) et dans quelques films plus ambitieux : Sleeping Beauty (Some Call it Loving, James B. Harris, 1973), Blue Collar (P. Schrader, 1978), The Wiz (S. Lumet, id.) ou plus spectaculaires (Superman III, R. Lester, 1983). Ami de longue date de Mel Brooks, il est coscénariste du Shérif est en prison (1974) et l'un des partenaires habituels de Gene Wilder (Trans-america Express, A. Hiller, 1976), Faut s'faire la malle (S. Poitier, 1980). Il réalise lui-même et interprète The Toy en 1982 et Jo Jo Dancer, Your Life Is Calling (1986). Il a enregistré plusieurs disques et fait beaucoup de télévision.
PRZYGODDA (Peter)
monteur et cinéaste allemand (Berlin 1941).
Technicien des studios de Berlin, il rejoint les nouveaux cinéastes allemands à Munich vers 1970. Il est le monteur attitré de Wim Wenders, avec lequel il collabore depuis Summer in the City (1970). Il travaille également avec Syberberg (Ludwig), Peter Handke (la Femme gauchère) et sur divers films de Geissendörfer, Schlöndorff, Hauff, Lemke, etc. Il a réalisé plusieurs courts métrages et le long métrage documentaire Als Diesel geboren (1980).
PSILANDER (Valdemar)
acteur danois (Copenhague 1884 - id. 1917).
Dès son premier film, le Portrait de Dorian Gray (Dorian Grays Portroet, Axel Strøm, 1910), il conquiert le cœur des foules et s'impose comme la star masculine la plus adulée du Danemark. Le « Roi-Soleil » de la Nordisk Film ne compte bientôt plus ses admiratrices et ce jusqu'en Russie, où le phénomène du divisme « à la danoise » connaît une incontestable popularité. Au cours d'une carrière exceptionnelle par son éclat mais aussi par sa brièveté (il mourra à 33 ans d'une maladie de cœur), Psilander se fait notamment remarquer dans Devant la porte de la prison (A. Blom, 1911) aux côtés d'Asta Nielsen, dans ‘ Desdemona ’ (id., id.), où il est Othello, dans ‘ la Victoire du Mormon ’ (Mormonens Offer, id., id.), dans les Jeux de l'amour‘ (Elskovsleg, Holger Madsen, 1913) d'après Liebelei d'Arthur Schnitzler, dans ‘ Un mariage sous la Révolution ’ (Blom, 1914), aux côtés de Betty Nansen, dans ’Pro Patria‘ (id., 1916), un mélodrame inspiré par la guerre, et dans ‘ le Clown ’ / ‘ le Fou dansant ’ d'A. W. Sandberg (1916), où il apparaît pour la dernière fois à l'écran.