cinéaste britannique (Londres 1906 - id. 1976).
Attiré par le théâtre, il vient au cinéma en 1930 et réalise son premier film en 1935. Pendant les années 40, il s'affirme par le soin méticuleux qu'il apporte à son travail et devient un réalisateur d'envergure internationale. Excellent technicien, raconteur précis, illustrateur patient, directeur d'acteurs efficace et discret, Carol Reed, auquel il manque une étincelle de génie, représente toutes les qualités et tous les défauts d'un certain cinéma britannique. Même des productions telles qu'Oliver (id., 1968), l'Indien (Flap/The Last Warrior, 1970) ou Follow Me (1972), œuvres commerciales dans lesquelles il semble avoir renoncé à toute ambition, frappent par leur soin.
Huit Heures de sursis (Odd Man Out, 1947) rodait adroitement un suspense psychologique que Reed allait porter dans le Troisième Homme (The Third Man, 1949) à un certain degré de perfection. Dense, prenant, remarquablement écrit et réalisé, parfaitement à la hauteur de sa réputation et qu'il faudrait une fois pour toutes dégager du fantôme d'Orson Welles qui le hante, le Troisième Homme affirme le même métier sans faille qui fera la réussite de, par exemple, l'Homme de Berlin (The Man Between, 1953). Ce film, tentative pour renouer avec la veine et le succès du précédent, est au moins son égal et présente, de plus, deux remarquables personnages féminins (Hildegarde Kneff, Claire Bloom) qui donnent à une savante intrigue d'espionnage une acuité nouvelle.
Reed s'affirme dans ces œuvres comme un cinéaste tenté par les considérations psychologiques au bord de la métaphysique, proche de Graham Greene. Dans la même veine, on lui doit une belle adaptation de Joseph Conrad, le Banni des îles (Outcast of the Islands, 1951), qui connut un échec injustifié, une jolie fantaisie enfantine, l'Enfant et la Licorne (A Kid for Two Farthings, 1955), une aimable pochade aux nuances graves, superbement interprétée par Alec Guinness, Notre homme à La Havane (Our Man in Havana, 1959), et une grande superproduction d'une incontestable élégance visuelle et historique, l'Extase et l'Agonie (The Agony and the Ecstasy, 1965). Cette élégance se retrouve aussi dans un mélodrame de cirque, coloré et tendu, Trapèze (id., 1955), dont le personnage central, joué par Burt Lancaster, est porteur des mêmes déchirements que ceux que Reed prête aux héros qui l'intéressent. Mais sa réussite reste Première Désillusion (The Fallen Idol, 1948), savant démontage d'une cristallisation enfantine, servi par l'interprétation de Ralph Richardson.
S'il est vrai que dans la Clé (The Key, 1958) le sérieux se muait en grisaille, des réalisations plus anciennes sont à redécouvrir. Sous le regard des étoiles (The Stars Look Down, 1939), Night Train (1940), Kipps (1941) ou The Young Mr. Pitt (1942) révèlent que Carol Reed n'est pas né avec le Troisième Homme et que son œuvre est l'une des plus solides du cinéma britannique.
Autres films :
It Happened in Paris (CO Robert Wyler, 1935) ; Midshipman Easy/Men of the Sea (id.) ; Laburnum Grove (1936) ; Talk of the Devil (id.) ; Who's Your Lady Friend (1937) ; Week-end (Bank Holiday/Three on a Week-End, 1938) ; Penny Paradise (id.) ; Climbing High (1939) ; A Girl Must Live (id.) ; The Girl in the News (1941) ; A Letter From Home (DOC, CM, id.) ; The New Lot (DOC, CM, 1942) ; l'Héroïque Parade (The Way Ahead, DOC, 1944) ; la Vraie Gloire (The True Glory, DOC, CO Garson Kanin, 1945) ; le Deuxième Homme (The Running Man, 1963). ▲