UNIVERSAL. (suite)
Carl Laemmle, accusé de népotisme par les actionnaires, se retire en 1936. La nouvelle Universal démarre en fanfare avec Trois Jeunes Filles à la page (H. Koster, 1936). En 1941, elle conforte sa position en lançant la prolifique série des Deux Nigauds, qu'interprètent Abbott et Costello. Elle entre dans son âge d'or, et se lance dans la production massive de films en couleurs avec les Mille et Une Nuits (J. Rawlins, 1942), dont la vedette, Maria Montez, tiendra avec succès de nombreux emplois exotiques avant d'être supplantée par Yvonne de Carlo.
Parallèlement à ces opulentes productions, servies par une remarquable équipe de décorateurs et photographes, la Universal contribue, dès 1944, à la vogue du film noir, et produit notamment : Phantom Lady (R. Siodmak, 1944), les Tueurs (id., 1946), les Démons de la liberté (J. Dassin, 1947) et la Cité sans voiles (id., 1948).
En novembre 1946, la firme fusionne avec International Pictures et renonce à la série B. Le western bénéficie d'un nouvel essor avec l'arrivée du tandem James Stewart-Anthony Mann (Winchester 73, 1950 ; les Affameurs, 1952 ; Je suis un aventurier, 1955). La comédie « populaire » connaît également une large audience, grâce aux séries Francis (Donald O'Connor) et Ma et Pa Kettle (Marjorie Main et Percy Kilbride). En 1953, l'ancien acteur Ross Hunter entre comme producteur à la Universal et y supervise divers mélodrames, partiellement inspirés d'anciens films de John Stahl, comme le Secretmagnifique, Images de la vie, etc. Le génie visuel et dramatique de Douglas Sirk se révèle dans cette étonnante série, où les composantes du style Universal sont portées à leur degré suprême.
La firme s'ouvre, parallèlement, à une nouvelle génération d'acteurs, comme Tony Curtis, Julie Adams, Jeff Chandler, etc. Doris Day et Rock Hudson, réunis pour la première fois dans Confidences sur l'oreiller (M. Gordon, 1959), popularisent un style de comédie bourgeoise qui connaîtra un succès durable. La même année, la Universal est rachetée par MCA (Music Corporation of America), qui impose, dès 1963, une politique d'austérité et oriente progressivement ses efforts vers la télévision. La firme limite dès lors sa production annuelle à une quinzaine de films. Elle lance, en 1970, la vogue du film-catastrophe avec Airport de George Seaton. Elle accueille, en 1973, George Lucas (American Graffiti). Elle produit les derniers films de Hitchcock, et enregistre, avec l'Arnaque (G. Roy Hill, 1973) et les Dents de la mer (S. Spielberg, 1975), deux triomphes. Durant les années 70-80, elle sera associée à des titres comme : Cours après moi, shérif (H. Needham, 1977), The Blues Brothers (J. Landis, 1980) et E. T. (Spielberg, 1982). Elle demeure à ce jour la compagnie de production américaine la plus fortunée, obtenant tout au long des années 80 et 90 de nombreux succès. Par ailleurs, elle a réalisé une excellente opération en commercialisant la visite touristique de ses propres studios et en ouvrant, en 1990, un parc d'attractions à Orlando, en Floride, sur ce thème. Cette même année, c'est la compagnie japonaise Matsushita Electrical Industrial qui fit l'acquisition de M.C.A. L'Universal faisait partie de la transaction. Dès 1995, Matsushita revend 80 % des parts de MCA-Universal à Seagram, géant canadien des vins et spiritueux. %Après l'acquisition de Polygram, Seagram rencontre des difficultés qui amènent la reprise (2000) de l'ensemble du groupe par la société française Vivendi (ex-Générale des Eaux), qui devient ainsi un des plus grands groupes mondiaux du secteur de l'audiovisuel et des industries culturelles (cinéma, télévision, édition, musique, Internet).