Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
O

OTOMO (Katsuhiro)

cinéaste japonais (Hazama-cho, préf. de Miyagi, 1954).

Après s'être construit une solide réputation dans le monde du « manga », il aborde l'animation en 1983, en travaillant sur Armagedon, de Rintarô dont il signe le scénario et la conception des personnages. C'est son premier film d'animation en tant que réalisateur, Akira (id. 1988), adapté de sa propre B.D., qui lui vaut une reconnaissance internationale, grâce à l'imaginaire d'un univers de science-fiction très personnel. Après un film fantastique « live », World Apartment Horror (id. 1991), il réalise une partie d'un film d'animation collectif, Memories (Memories : Taiho no machi, 1996) et entreprend en 2001 Steam Boy (2001).

O'TOOLE (Peter)

acteur britannique (Connemara, Eire, 1932).

Ancien journaliste, ancien marin, il étudie l'art dramatique au début des années 50. Devenu membre du réputé Old Vic, il y accède vite, et avec brio, aux rôles principaux. Il apparaît au cinéma en 1960 dans Kidnapped (R. Stevenson). On le revoit brièvement dans les Dents du diable (N. Ray, id.), mais il doit attendre Lawrence d'Arabie (D. Lean, 1962) pour s'imposer pleinement, jouant d'une présence physique très intense, d'un regard très fort et se glissant sans difficulté dans la psychologie d'un personnage pourtant tortueux. Il faut bien reconnaître que la carrière ultérieure de Peter O'Toole n'a pas confirmé ce que ce film promettait. Son talent d'acteur n'est guère en cause, puisqu'il est remarquable dans Becket (P. Glenville, 1964), ou Lord Jim (R. Brooks, 1965), une composition dont on a mal perçu la richesse. Mais, par paresse ou par nécessité, il s'est retrouvé au centre d'entreprises bancales où il n'avait rien à gagner. Il était anodin, faux Cary Grant, dans Quoi de neuf, Pussycat ? (C. Donner, 1965) et dans Comment voler un million de dollars (W. Wyler, 1966). Il était exécrable en fringant officier dans le désastre de The Great Catherine (Gordon Flemyng, 1968) et théâtral, à peine supportable, dans le Lion en hiver (The Lion in Winter, A. Harvey, id.) et dans Dieu et mon droit (The Ruling Class, Peter Medak, 1972), peu à l'aise dans le remake de Goodbye, Mr. Chips (H. Ross, 1969). Il semble que le théâtre reste encore son univers et que le cinéma n'est qu'un gagne-pain, quand on le voit servir de caution culturelle à des entreprises douteuses (Caligula, T. Brass, Bob Guccione, 1980). À partir de 1985 néanmoins, ses prestations à l'écran se font plus fréquentes : Creator (I. Passer, 1985), le Dernier Empereur (B. Bertolucci, 1987), High Spirits (id., Neil Jordan, 1988), les Ailes de la renommée (Wings of Fame, Otakar Votocek, 1990), le Voleur d'arc-en-ciel (A. Jodorowski, id.), King Ralph I (David S. Ward, id.), Isabelle Eberhardt (Ian Pringle, id.), Rebecca's Daughters (Karl Francis, 1992), The Seventh Coin (Dror Soref, 1993) ; Fairy Tale : a True Story (Charles Shirridge, 1997).

OTOWA (Nobuko)

actrice japonaise (préfecture de Tottori 1924 - Tokyo 1994).

En quittant le théâtre de l'Opéra Takarazuka, où elle avait été une grande vedette pendant dix ans, elle entre, en 1950, à la Daiei, où on lui demande de tenir des rôles d'ingénue sous le surnom de « Fossette d'un million de dollars ». Sa personnalité d'actrice est révélée dans ‘ Histoire d'une épouse bien-aimée ’, premier film de Kaneto Shindo (1951), qui marque une rencontre décisive avec ce réalisateur dont elle deviendra l'épouse. Elle tiendra le rôle de l'institutrice dans les Enfants d'Hiroshima (1952), premier film indépendant de la production de Shindo et Yoshimura, la Kindai Eiga Kyokai, pour laquelle elle quitte la Daiei l'année suivante. Elle tourne ensuite dans 27 films de Shindo, de 1953 à 1980, dont les plus représentatifs demeurent : l'Île nue (1960, grand prix du festival de Moscou), Onibaba (1965), Kuroneko (1968), ‘ Opération Négligé ’ (id.) et ‘ Chikuzan, le baladin aveugle ’ (1977). Elle finit par épouser Shindo en 1978. Parmi les dizaines d'autres films qu'elle a interprétés avec talent, il faut retenir : Mademoiselle Oyu (K. Mizoguchi, 1951), ‘ les Contes de Genji ’ (Yoshimura, id.), ‘ Hiroshima ’ (Sekigawa, 1953), ‘ Une auberge à Osaka ’ (H. Gosho, 1954), ‘ la Belle et le Dragon ’ (Yoshimura, 1955), ‘ le Parfum de l'encens ’ (K. Kinoshita, 1964).

OTTINGER (Ulrike)

cinéaste allemande (Constance 1942).

Elle passe des arts plastiques au cinéma en 1972 et réalise, en collaboration avec Tabea Blumenschein, des petits films dans le ton underground de l'époque, puis Madame X, une souveraine absolue (Madame X - eine absolute Herrscherin, 1977). En 1979, à Berlin, elle tourne Aller jamais retour (Bildnis einer Trinkerin), puis Freak Orlando (id., 1981) avec Delphine Seyrig et Eddie Constantine. Parmi ses autres films, on distingue Jeanne d'Arc de Mongolie (Johanna d'Arc of Mongolia, 1989), qui est sans doute son œuvre de maturité et qui sera suivie de documentaires dont Countdown (1990) sur la réunification allemande. Elle tourne en 1997 Exil Shanghaï.

OTZENBERGER (Christophe)

cinéaste français (Paris 1961).

En 1987, il fonde une maison de production spécialisée dans le documentaire, « Méli Mélo », qui produit entre autres certains films de Jean-Louis Comolli, Dominique Cabrera, Jean-Pierre Ameris, etc. En tant que free lance, il prolonge ce travail de production en exerçant pour le compte de 13 Productions, Les Films du village et IMA Productions. Parallèlement, il poursuit une carrière de réalisateur qui – après quelques courts métrages et une fiction télévisée, Toi + Moi = 3 (1986) – s'oriente elle aussi de façon privilégiée vers le documentaire. Son travail s'inscrit résolument dans la thématique de la dénonciation. Il incrimine ainsi l'hypocrisie des hommes politiques, comme dans la Conquête de Clichy (1994) où il suit le prétendant à la mairie de cette ville tout au long de sa campagne électorale. Une journée chez ma tante (1995), sur le Crédit municipal de Paris, la Force du poignet (1997), qui évoque le sort d'une femme devenant VRP à l'âge de 50 ans pour se sortir du chômage, ou encore Fragments sur la misère (1997), tourné avec des SDF, dénoncent quant à eux les vices de la société capitaliste et les exclusions qu'elle génère. En 1999, il réalise le Jour du concours ou injuste cause, un court métrage de fiction participant à la campagne lancée en faveur de la lutte contre le racisme, ainsi que En cas d'urgence, une tentative de cinéma direct menée dans le service d'urgence de l'hôpital de Poissy. Après un petit documentaire consacré au travail de Bertrand Tavernier, il réalise Autrement (2001), un film où fiction et documentaire se mêlent pour raconter l'histoire de trois jeunes sursitaires qui, après un séjour en prison, s'installent en Corrèze et tentent de conjuguer travail et bonheur dans ce nouveau cadre de vie.