Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
B

BELLAMY (Margaret Philpott, dite Madge)

actrice américaine (Hillsboro, Tex., 1900 - Upland, Ca., 1990).

Au cours d'une carrière qui s'étend de 1920 à 1935, elle joua surtout les jeunes filles bien éduquées, innocentes et douces, dans de nombreux films tels The Riddle Woman (Edward José, 1920), Hail the Woman (J.G. Wray, 1921), Lazybones (F. Borzage, 1925), Bertha the Sewing Machine Girl (I. Cummings, 1926), The Telephone Girl (H. Brenon, 1927), White Zombie (Victor Halperin, 1932). Mais il semble que ses rôles les plus convaincants sont ceux de Lorna Doone de Maurice Tourneur en 1922 et du Cheval de fer de John Ford en 1924.

BELLAMY (Ralph)

acteur américain (Chicago, Ill., 1904 - Santa Monica, Ca., 1991).

D'abord acteur de théâtre, la première partie de son abondante carrière lui réserve des rôles de jeune premier et de souffre-douleur comique. Il est le rival infortuné de Gary Cooper dans Soir de noces (K. Vidor, 1935), de Cary Grant dans Cette sacrée vérité (L. McCarey, 1937) et la Dame du vendredi (H. Hawks, 1940), le détective myope qui poursuit inlassablement la Femme aux cigarettes blondes (T. Garnett, 1939). Il tourne sous la direction de Frank Capra (Amour défendu, 1932), John Ford ( Air Mail, id.), Raoul Walsh (Wild Girl, id.) et, dès 1933, apparaît en vedette dans des séries B. En 1940, il tient le rôle d'Ellery Queen dans quatre épisodes de la série homonyme (le personnage se transformant, en conformité avec son image, en détective gaffeur). À partir des années 50, il abandonne les rôles comiques et se consacre principalement au théâtre (rôle de Franklin D. Roosevelt dans Sunrise at Campobello) et à la TV, faisant ses plus notables apparitions à l'écran dans Condamné au silence (O. Preminger, 1955), les Professionnels (R. Brooks, 1966), Rosemary's Baby (R. Polanski, 1968) et Pretty Woman (Gary Marshall, 1990).

BELLI (Agostina Magnoni, dite Agostina)

actrice italienne (Milan 1947).

C'est grâce à une petite annonce de Carlo Lizzani, qui recherchait en 1968 des inconnues pour son film Bandits à Milan, qu'elle fait ses débuts au cinéma. La même année, Yves Boisset lui donne un petit rôle dans Cran d'arrêt (1970). Ensuite, elle tourne régulièrement : Mimi Métallo blessé dans son honneur (L. Wertmuller, 1970), Barbe-Bleue (Bluebeard, E. Dmytryk, 1972), et, jusqu'en 1974, une série de films italiens qui n'ont pas dépassé les frontières de la péninsule. Alain Robbe-Grillet fait d'elle l'une des héroïnes de son Jeu avec le feu (1975) et, surtout, Dino Risi lui confie dans Parfum de femme (1974), aux côtés de Vittorio Gassman, le plus piquant de ses personnages. Le succès est éclatant. Mais, malgré une nouvelle rencontre avec Risi et Vittorio Gassman (la Carrière d'une femme de chambre, 1976), dans le rôle d'une star des années 40, le cinéma ne lui propose qu'avec parcimonie des interprétations intéressantes.

BELLOCCHIO (Marco)

cinéaste italien (Plaisance 1939).

Il accomplit ses études dans des établissements religieux. Après la faculté de philosophie, il s'inscrit à l'académie des Filodrammatici (Milan), puis au Centro sperimentale (Rome), dont il est diplômé. Il parachève sa formation à Londres (School of Fine Arts). Après quelques courts métrages, il réalise les Poings dans les poches (1966), dont le retentissement en Italie et ailleurs est considérable. La destruction d'une famille bourgeoise par le fils cadet (interprété par Lou Castel), lui-même tué par une crise d'épilepsie, fait l'effet d'une bombe dans une nation qui ne prévoit pas ou ne veut pas imaginer le processus de dissolution et de violences qui la menace. Buñuel lui-même est étonné par cette rage froide. Le ton de Bellocchio, sa mise en scène rigoureuse sont en rupture totale avec le néoréalisme. Il ne préserve rien : son héros adolescent, justicier naturellement dément à force de logique, est-il vraiment « dannunzien », ainsi qu'il le définissait dans une lettre à Pasolini ? Avec La Chine est proche, Bellocchio s'en prend cette fois aux prurits révolutionnaires et sexuels de la bourgeoisie provinciale, tandis que Au nom du Père attaque de front, avec une vigueur satirique et expressive éclatante, la foi italienne et son tombeau, l'Église : l'enseignement des bons pères a porté des fruits vénéneux. Ce qui fait ces films implacables, c'est l'acuité de l'analyse qui les provoque, et l'efficacité d'un style capable de détourner le mélodrame, d'élever assez la satire pour la décanter de toute démagogie. Il adopte une ligne fidèle aux positions du parti communiste italien et tournera pour lui deux films collectifs : Paola (sur des squatters en Calabre), et Vive le 1er Mai rouge !, signant par ailleurs un sketch intitulé ’Discutons, discutons‘ (1969), dans lequel étudiants et professeurs pratiquent la sacro-sainte contestation à la mode du moment. Viol en première page est un film de moindre portée, et Bellocchio se consacre surtout à un long travail, mené en collaboration avec des spécialistes, sur la réinsertion d'aliénés mentaux dans la société (Tre storie), et à la peinture sans fard des établissements psychiatriques. Les responsables du système médico-social sont la cible de Fous à délier ; mais ce film, conçu comme non-directif, reflète la poésie tragique qui, plus que le discours, est le don majeur de ce cinéaste singulier, don qu'on retrouve dans les meilleurs moments de la Marche triomphale, mise en carnaval de l'éternelle nostalgie fasciste : un carnaval aux résonances proches de celles des premières œuvres, la famille et l'Église ayant cédé la place à la caserne.

Polémiste et satiriste, mais non pas d'une façon négative, Bellocchio a pris le parti d'exprimer la révolte des uns (le saut dans le vide de la jeunesse et des exclus), la médiocrité des autres, avec un lyrisme, une âpreté, une ironie remarquables.

Films  :

les Poings dans les poches (I pugni in tasca, 1966) ; La Chine est proche (La Cina è vicina, 1967) ; la Contestation (Amore e rabbia, épisode Discutiamo, discutiamo !, 1969) ; Paola (collectif, id.) ; Vive le 1er Mai rouge ! (Viva il 1o maggio rosso, CO, id.) ; Au nom du Père (Nel nome del Padre, 1971) ; Viol en première page (Sbatti il mostro in prima pagina !, 1972) ; Tre storie, et Nessuno o tutti (collectifs dirigés avec Stefano Rulli, Silvano Agosti et Sandro Petraglia, 1974) [une partie est diffusée sous le titre Fous à délier] (Matti da slegare, 1975)] ; la Marche triomphale (Marcia trionfale, 1976) ; la Mouette (Il gabbiano, 1977) ; la Machine cinéma (La macchina cinema, collectif TV avec Agosti, Rulli et Petraglia, 1978) ; le Saut dans le vide (Salto nel vuoto, 1979) ; les Yeux, la bouche (Gli occhi e la bocca, 1982) ; Henri IV (Enrico IV, 1984) ; le Diable au corps (Il diavolo in corpo, 1986) ; la Sorcière (La visione del Sabba, 1987) ; Autour du désir (La condanna, 1990) ; Il sogno de la farfalla (1994) ; Sogni infranti (DOC, 1995), Il principe di Homburg (1997), La religione della storia (DOC, 1998), la Nourrice (La balia, 1999).