ROANNE (André)
acteur français (Paris 1896 - Cannes 1959).
Il est acteur de la Gaumont dès 1915 et Feyder lui réserve un rôle dans l'Atlantide (1921). Dès lors, il se consacre avec application à des personnages de jeune premier parfois romantique (Violettes impériales, Henry Roussell, 1924), le plus souvent sportif et souriant : Chouchou poids-plume (Gaston Ravel, 1925), la Petite Chocolatière (R. Hervil, 1927). Ses rôles s'amenuisent ensuite, mais on le retrouve dans Accusée levez-vous (M. Tourneur, 1930), les Gens du voyage (J. Feyder, 1938), Entente cordiale (M. L'Herbier, 1939). Pabst dans le Journal d'une fille perdue (1929) lui avait réservé un rôle important.
ROBARDS (Jason Jr.)
acteur américain (Chicago, Ill., 1922 - Bridgeport, Conn., 2000).
Fils d'un Jason Robards (1892-1963) qui eut son succès à la scène et qui interpréta un certain nombre de films, Jason Robards Jr. est un excellent comédien de théâtre et de télévision que le cinéma n'utilise que parcimonieusement. On avait initialement tenté d'en faire un jeune premier (Tendre est la nuit, H. King, 1962), emploi qui ne lui convenait pas. Devant l'échec rencontré, il se limite sagement aux seconds rôles. Sa personnalité multiforme s'y développe avec bonheur. Le visage buriné, les cheveux gris-blanc, il est à volonté inquiétant ou tendre. Alan Pakula utilise avec brio son côté clair (les Hommes du président, 1976), et son côté sombre (le Souffle de la tempête, 1978). Peckinpah lui donne la vedette et en fait un des plus mémorables de ses cow-boys crépusculaires (Un nommé Cable Hogue, 1970). Zinnemann lui permet de composer un très crédible Dashiell Hammett (Julia, 1977). Dans l'étrange Melvin and Howard (Jonathan Demme, 1979), il est remarquable dans le rôle de Howard Hughes, nabab mégalomane et maniaque. Après une foule de films où, en général cravaté ou en bras de chemise, dans un décor de bureau, il distillait avec professionnalisme son talent sans faille, il tient, à peu de temps de sa propre mort, un émouvant rôle d'agonisant, père de Tom Cruise et époux de la jeune Julianne Moore, dans Magnolia (P. T. Anderson, 1999). Il fut, un temps, l'époux de Lauren Bacall. Autres films : Long Day's Journey Into Night (S. Lumet, 1963) ; l'Affaire Al Capone (R. Corman, 1966) ; Isadora (K. Reisz, 1968) ; Johnny s'en va-t'en guerre (D. Trumbo, 1971) ; Pat Garrett et Billy le Kid (S. Peckinpah, 1973) ; l'Ouragan (J. Troell, 1979) ; la Foire des ténèbres (J. Clayton, 1984) ; l'Ami retrouvé (J. Schatzberg, 1989) ; Portrait craché d'une famille modèle (Parenthood, R. Howard, id.) ; Philadelphia (J. Demme, 1993) ; le Journal (R. Howard, 1994).
ROBBE-GRILLET (Alain)
écrivain et cinéaste français (Brest 1922).
Ingénieur agronome, il fait son entrée en littérature assez tard avec des romans statiques, « objectivement » descriptifs (la Jalousie, les Gommes), qui sont à l'origine de ce qu'on désigne bientôt comme une « école du regard » ou, plus communément, le « nouveau roman ». Fidèle à sa recherche de supports littéraires contemporains, le cinéaste Alain Resnais demande un scénario original à Robbe-Grillet. Ce dernier écrit une sorte de jeu astucieux et vide de sens, mais dont l'intrigue est, paraît-il, démontable et réinventable ad libitum : c'est l'Année dernière à Marienbad (1961). Le film séduit ou ennuie (par sa gratuité totale, son dynamisme, si l'on peut dire, de musée de cire), en tout cas il provoque quelque surprise, et on le croit lié à une avant-garde naissante (mais Godard ne signe Pierrot le fou que quatre ans plus tard). C'était plutôt la fin compassée de Feuillade. Un vague vernis de mystère se retrouve d'ailleurs dans les scénarios que Robbe-Grillet, encouragé par ce succès, écrit et cette fois tourne lui-même, illustrations glacées et peu exigeantes de fantasmes sado-masochistes bon chic bon genre : fouets et cuirs de luxe, belles filles mises à l'écran comme des accessoires. Cet érotisme glacé s'avère impuissant à sauver des bandes complaisantes, dont même le ressort policier ne fonctionne pas (Trans-Europ-Express ; l'auteur et sa femme en sont deux des protagonistes, imaginant le film dans le film d'une manière assez simpliste). On peut regretter que Robbe-Grillet n'ait pas tenté le recours à la parodie, type bande dessinée ; il est vrai que Vadim, avec Barbarella, n'a guère fait mieux.
Films :
l'Immortelle (1963) ; Trans-Europ-Express (1966) ; l'Homme qui ment (1968) ; l'Éden et après (1971) ; N a pris les dés (id.) ; Glissements progressifs du plaisir (1974) ; le Jeu avec le feu (1975) ; la Belle Captive (1984 [RÉ 1982]) ; Un bruit qui rend fou (CO : Dimitri de Clercq, 1995). ▲
ROBBINS (Jerome Rabinowitz, dit Jerome)
chorégraphe américain (Weehawken, N. J., 1918 - New York, N. Y., 1998).
Un des maîtres du ballet contemporain, Jerome Robbins n'a pratiquement fait du cinéma que par procuration. Nombre de ses créations scéniques ont été recréées à l'écran sans qu'il soit directement impliqué (de Un jour à New York, S. Donen et G. Kelly, 1949, à Un violon sur le toit, N. Jewison, 1971). On y sentait pourtant l'élan vital, l'énergie spontanée qui caractérisent son style. Ses travaux cinématographiques se réduisent à la chorégraphie du très peu dansant le Roi et moi (W. Lang, 1956) et à la coréalisation de West Side Story (R. Wise, 1961), qui lui vaut un Oscar. À défaut d'être réellement chorégraphié, le premier était au moins splendidement mis en place (la polka Shall We Dance ?, par ex.). Le second souffrait, en revanche, du contraste entre la vivacité du travail de Robbins, très discernable (l'ouverture, le mambo, la rixe), et la sagesse de celui de Wise. On ne peut s'empêcher de penser que le cinéma ne lui a pas vraiment donné sa chance.
ROBBINS (Tim)
acteur et réalisateur américain (West Covina, Ca., 1958).
Enfant de la balle (son père est un célèbre chanteur de folk), il débute, encore enfant, dans le monde du spectacle. Sa grande taille et son air poupin ont attiré l'attention des réalisateurs dès 1984. Mais, alors qu'il aurait pu se contenter de jouer les jeunes premiers charmants, il a un sens aigu de l'autodérision. Ainsi, contre toute attente, en 1992, il trouve son meilleur rôle en incarnant le producteur cynique et meurtrier dans le corrosif The Player (R. Altman) et signe en même temps sa première réalisation, Bob Roberts, qui fustige violemment les accointances de la musique folk et de la politique américaine. Après un nouveau rôle chez Altman (le flic adultère de Short Cuts), il élargit son registre d'acteur en tenant brillamment des emplois à la James Stewart dans le Grand Saut (J. Coen, 1994) et dans l'Amour en équation (F. Schepisi, 1995), ainsi qu'un rôle dramatique très physique dans les Évadés (The Shawshank Redemption, Frank Darabont, 1994). Dans les deux cas, sa sobriété fait merveille. En 1995, il réalise son deuxième long-métrage la Dernière Marche (Dead Man Walking), confrontation assez juste entre un condamné à mort (Sean Penn) et une religieuse visiteuse de prison (Susan Sarandon, épouse de Robbins et récompensée par un Oscar pour ce rôle), et en 1999 Broadway 39ème rue (The Craddle Will Rock), fresque ambitieuse sur le théâtre américain des années 30, autour de la personnalité d'Orson Welles. Tim Robbins est excellent en fasciste dangereux à l'apparence placide dans Arlington Road (id., Mike Orlington, 1999), puis en astronaute dans Mission to Mars (B. De Palma, 2000), dont il est également producteur.