ISBERT (José Ysbert, dit José)
acteur espagnol (Madrid 1885 - id. 1966).
Il débute au théâtre en 1902 et se fait une réputation de comique. Malgré quelques incursions sur les écrans durant le muet et le début du parlant, sa carrière cinématographique ne s'épanouit qu'après-guerre, alors qu'il a atteint l'âge de la retraite. Il devient un acteur de second rôle à la solide popularité. Ce tout petit vieillard, reconnaissable à sa voix rauque et à sa tête disproportionnée et burinée, franquiste par conviction, obtient ses meilleurs rôles grâce à l'opposant Berlanga : il interprète le maire de Bienvenue Mr. Marshall (1952), dont l'allocution rappelle les discours du Caudillo, joue dans Calabuig (1956) et Los jueves milagro (1957) et, surtout, dans le Bourreau (1963), où il incarne un exécuteur des hautes œuvres retraité qui passe le flambeau à son gendre. « Pepe » Isbert est le protagoniste pathétique de El cochecito (M. Ferreri, 1960), qui s'obstine à acquérir une voiture de handicapé, juste pour s'intégrer au cercle de ses infortunés compagnons en solitude. Il est l'auteur d'un livre de Mémoires posthume (Mi vida artística, 1969).
ISHERWOOD (Christopher)
écrivain et scénariste britannique (Disley, Cheshire, 1904 - Santa Monica, Ca., US, 1986).
Isherwood s'est peu exprimé dans le domaine cinématographique. Attiré à Hollywood vers la fin des années 30, comme beaucoup d'autres écrivains britanniques, il se voit confier par la MGM des adaptations de prestige, dont il s'acquitte avec compétence, mais sans rien exprimer de son originalité de romancier. Néanmoins, des matériaux aussi bâtards que Passion fatale (R. Siodmak, 1949) ou Diane de Poitiers (D. Miller, 1955) lui doivent de l'élégance et de l'intelligence. Mais rien qui révèle l'auteur si personnel des Intimités berlinoises, dont Bob Fosse tira Cabaret (1972), encore un film où l'art d'Isherwood, si vif et savoureux, se perd quelque peu dans la volonté démonstrative.
ISHIDA (Tamizo)
cinéaste japonais (préf. d'Akita 1901 - Kyoto 1972).
Il débute comme acteur de théâtre moderne, puis entre à la Toa Kinema en 1924, en tant que comédien. Il passe à la réalisation en 1926 avec ‘ Blessure d'amour ’ (Aikizu) et tourne 33 films entre 1927 et 1930. Sa réputation au Japon repose surtout sur un film, ‘ les Fleurs tombées ’ (Hana chirinu, 1938), un huis clos dans une maison de geisha à la veille de la Restauration de Meiji, où les seuls personnages sont des femmes, dont il étudie les réactions à l'approche de la guerre civile au-dehors. Il abandonne de bonne heure le cinéma, en 1947, après avoir tourné ‘ La relation est étrange ’ (En wa inamono) : ayant épousé une authentique geisha, il termine sa carrière en dirigeant les fêtes traditionnelles des geishas de Kyoto.
ISHII (Sogo)
cinéaste japonais (Hakata, préf. de Fukuoka, 1957).
À 19 ans, il réalise une fiction expérimentale en 8 mm, Panique au lycée (Kôkô dai panikku), auquel succèdent plusieurs films de violente rébellion sociale, comme Crazy Thunder Road (Kuruizaki Thunder road, 1980) et surtout Burst City (Bakuretsu Toshi, 1982). Entre cinéma expérimental et commercial, il raille la cellule familiale nippone dans Crazy Family (Gyakufunsha Kazoku, 1984), évoluant ensuite vers des thèmes fantastiques plus secrets (Angel Dust, 1994 ; Août dans l'eau/ Mizu no naka no hachigatsu, 1995 ; le Labyrinthe des rêves/ Yume no ginga, 1997). Mais sa superproduction à effets spéciaux, Gojoe (2000), est un semi-échec, tandis qu'il tente de renouer avec ses films de jeunesse dans Electric Dragon, 80000 V. (2000).
ISLANDE.
La production islandaise est récente, le pays n'étant indépendant que depuis 1944. Les films produits sont peu nombreux, car le pays est petit (260 000 habitants en 1993). C'est toutefois une des cinématographies les plus intéressantes d'Europe depuis les années 80, avec ses propres caractéristiques culturelles, un cadre et une lumière spécifiques et quelques éléments communs aux pays scandinaves.
Entre les deux guerres, les pionniers du cinéma islandais n'ont réalisé que quelques films, avec le concours de techniciens venus du Danemark, le pays dont l'Islande dépendait. Le cinéma islandais se limitait alors à des documentaires et aux films de l'écrivain Gudmundur Kamban (1888-1945), qui a adapté certains de ses livres. L'indépendance provoque un sursaut national, mais les films restent rares. Oskar Gùslason est le principal cinéaste, tandis que Loftur Gudmundsson, qui avait réalisé en 1923 les Aventures de Jon et Gvendur (Aevintyri Jons og Gvendur), le seul film de fiction intégralement islandais réalisé au temps du muet, reprend du service et tourne, en 1948, le premier film islandais en couleurs : Entre la montagne et la plage (Milli fjalls og fjöru). L'Islande s'engage dans des coproductions : le Suédois Arne Mattson* réalise Salka Valka (1954), Gabriel Axel* vient tourner la Mante rouge (1968). On découvre Reynir Oddsson et son Histoire de meurtre (Mordsaga, 1977), mais il part faire carrière à la télévision américaine.
1979 est une année décisive, avec la création d'un fonds d'aide au cinéma. Cette intervention de l'État repose plus sur une volonté d'expression culturelle nationale que sur des objectifs de marché ; pourtant, chaque année, un ou deux films islandais se glissent aux premiers rangs des recettes des salles de Reykjavík, dominées par le cinéma américain. Les cinéastes ont généralement fait leurs études à l'étranger (A. Gudmundsson en Allemagne, Kristin Johanesdottir en France, etc.). Hraf Gunnlavgsson*, dont le premier long métrage est contemporain de la réforme, s'est fait connaître ensuite à l'étranger avec ses films de Vikings. Thorsteinn Jonsson, dont les téléfilms avaient déclenché bien des polémiques, réalise Station atomique (Atomstödin, 1984), d'après un roman d'Halldór, Laxness. Premier film islandais présenté à Cannes, mais échec financier, ce film a empêché son auteur de tourner jusqu'en 1994, où il réalise un film pour enfants, le Palais céleste (Skyjahöllin). Agust Gudmundsson, auteur de la Terre et ses fils (Land og synir) et de la Saga de Gisli (Utlaginn), deux films de 1980, a tourné ensuite des comédies. Thrainn Bertelsson est le plus prolifique de tous, avec sept films réalisés entre 1980 et 1997, sans compter les téléfilms.