MARCZEWSKI (Wojciech)
cinéaste polonais (Łódż 1944).
Diplômé de l'école supérieure de Cinéma de Łodż en 1969 (‘ Une leçon d'anatomie ’ [Lekcja anatomii] est son film de fin d'études), il tourne tout d'abord pour la télévision : ‘ Des voyageurs comme les autres ’ (Podŕożni jak inni, 1969), ‘ Départs, retours ’ (Odejścia, powroty, 1973), ‘ Pâques ’ (Wielkanoc, 1974), ‘ Plus blanc que neige ’ (Bielszy niż śnieg, 1975). Son premier film de cinéma Cauchemars (Zmory) montre de manière très sensible l'initiation d'un lycéen au monde cruel et déroutant des adultes. Après ‘ le Gardien ’ (Klucznik, TV, 1979), il reprend avec force le thème principal de Cauchemars en signant Frissons (Dreszcze, 1981), portrait sans concession d'une génération soumise à la doctrine officielle du stalinisme. Après la proclamation de l'« état de guerre » dans son pays, Marczewski choisit de se taire. Il ne revient dans les studios qu'en 1989 pour tourner ‘ l'Évasion du cinéma Liberté ’ (Ucieczka z kina Wolność). De 1992 à 1994 il est directeur du Département Réalisation à la National Film and Television School de Londres puis signe successivement le Temps de la trahison (Czas zdrady, 1997) et Weiser (2000).
MARESE (Jeanne Bugnot, dite Janie)
actrice française (Chartres 1908 - Saint-Tropez 1931).
Une carrière brève, mais marquée par un grand rôle, dans un grand film. Fille de disquaires, elle se lance dans l'opérette et fait des débuts remarqués à Marigny et à l'Ambigu. Le producteur Roger Richebé l'engage pour des courts métrages « légers » : les Quatre Jambes ; Gustave ; le Collier ; Isolons-nous. Elle est la compagne délurée de Raimu dans Mam'zelle Nitouche (M. Allégret, 1931). C'est là que Jean Renoir la remarque et décide d'en faire l'héroïne de la Chienne (id.). Elle sera à jamais Lulu, la fille sans cœur poignardée dans son nid d'amour par son protecteur Michel Simon... C'est avec son autre partenaire de ce film admirable, le bellâtre Georges Flament, qu'elle trouva la mort sur une route de Provence, laissant, dit-on, Michel Simon inconsolable. Selon Jean Renoir, « envoûtés par leur propre interprétation des rôles, les protagonistes avaient fini par ressentir les sentiments des personnages ».
MARETSKAÏA (Vera) [Vera Petrovna Mareckaja]
actrice soviétique (Moscou 1906 - id. 1978).
Après une formation dramatique au studio-école du théâtre Vakhtangov puis au théâtre Gorki, elle se produit au théâtre Mossoviet à partir de 1940. Elle débute au cinéma en 1925 sous la direction de Protazanov (le Cordonnier de Torjok), puis de Barnet (la Maison de la place Troubnaïa, 1928), et se distingue par son charme et sa vivacité. Mais sa forte personnalité et son jeu volontiers pathétique lui valent, la maturité venue, des rôles plus importants, auxquels elle apporte une grande puissance émotionnelle, comme dans Membre du gouvernement (Y. Kheifits et A. Zarkhi, 1940), où elle incarne une paysanne élue au Soviet suprême. C'est sous la direction de Donskoï qu'elle a interprété ses deux plus grands succès, l'Institutrice au village (1947) et la Mère (1956).
MAREY (Étienne Jules)
médecin français et précurseur du cinéma (Beaune 1830 - Paris 1904).
Physiologiste intéressé par l'étude des mouvements, il mit en évidence les phases successives du galop d'un cheval grâce à des capteurs de pression placés sous les sabots de l'animal. Les dessins réalisés à partir de cette étude montrèrent que les peintres avaient jusqu'alors représenté ce galop de façon incorrecte. La contradiction suscita les travaux de Muybridge. En retour, inspiré par les expériences de Muybridge, Marey fut un des grands pionniers de la chronophotographie, avec notamment son fusil photographique (1882), grâce auquel il obtint les premiers documents enregistrés selon le principe de la prise de vues cinématographique. Plus tard, Marey réalisa un chronophotographe à bande souple (1887), ancêtre direct de la caméra mais qui n'assurait malheureusement pas l'équidistance des images. ( INVENTION DU CINÉMA.)
MARI (Alfredo Rodriguez dit Febo)
cinéaste et acteur italien (Messine 1884 - Rome 1939).
D'origine lointainement espagnole, Febo Mari fait des études de lettres et de philosophie avant de s'installer en 1905 à Milan, où il s'adonne à diverses activités artistiques, poésie, peinture, critique dramatique, puis il découvre le théâtre et connaît le succès dans plusieurs compagnies. Attiré par le cinéma, il fait ses débuts en 1911 dans des films produits par la société Ambrosio de Turin. Sa grande stature, son visage viril à la forte mâchoire, sa gestuelle enflammée l'imposent comme un des « divi » de l'époque : on le voit notamment aux côtés de Pina Menichelli dans Il Fuoco (1915) et Tigre reale (1916) de Giovanni Pastrone. Dès 1912, Febo Mari réalise souvent les films qu'il interprète. En 1915, il dirige Ermete Zacconi et Valentina Frascaroli dans l'Émigrante puis, en 1916, il met en scène son film le plus célèbre, Cenere dans lequel il donne la réplique à Eleonora Duse, grande actrice de théâtre dont c'est l'unique expérience face à la caméra. Mari poursuit sa carrière en signant de nombreux films, notamment Il Fauno (1917), curieuse tentative de film fantastique aux recherches esthétisantes et symboliques, Attila (1918), grande fresque historique produite par l'Ambrosio, Giuda (1919), Casa di bambola (id.). Au début des années 20, dans un contexte de crise du cinéma italien, son activité se ralentit et Mari recommence à faire du théâtre, en alternance avec de petits rôles au cinéma, jusqu'à la fin des années 30.
MARIAN (Ferdinand Haschkowetz, dit)
acteur allemand (Vienne, Autriche-Hongrie, 1902 - Dürneck 1946).
Il débute en 1933 dans le Tunnel de Kurt Bernhardt, où il a un rôle secondaire. Très vite, on le spécialise dans les rôles d'homme élégant généralement antipathique ou de traître. Dans la Habanera (D. Sirk, 1937), il est le Latino-Américain qui séduit Zarah Leander ; dans Grandison le félon (Der Fuchs von Glenarvon, Max W. Kimmich, 1940), un Irlandais traître à sa cause ; la même année, Veit Harlan fait de lui le Juif Süss ; dans le Président Krüger (H. Steinhoff, 1941), il est l'ambitieux colonisateur Cecil Rhodes, c'est-à-dire « l'ennemi ». Parmi ses autres emplois, on relève le rôle de l'amant dans Lumière dans la nuit (Käutner, 1943) et celui de Cagliostro dans les Aventures fantastiques du baron de Münchhausen (J. von Baky, id.) et il tourne son dernier film, Dreimal Komödie, sous la direction de Tourjanski, en 1945. Pratiquement mis à l'index à cause de sa participation au Juif Süss, il se tue dans un accident de voiture peu après la fin de la guerre.