MENKEN (Marie)
cinéaste expérimentale américaine (New York, N. Y., 1910 - id. 1971).
Peintre et graphiste, elle débute au cinéma en s'entrefilmant avec son mari Willard Maas dans Geography of the Body (1943). Leur appartement de Brooklyn et leur petite société Gryphon Production servent de point de rencontre à de nombreux artistes, poètes et cinéastes dès avant l'âge d'or du cinéma « underground ». Amie et actrice de Warhol, elle occupe elle-même dans ce cinéma une place originale, par de petites œuvres brillantes, rapides, plastiques — Visual Variations on Noguchi (1945) ; Glimpse of the Garden (1957) ; Arabesque for Kenneth Anger (1961) — dont Notebook (1962-63), avec ses calligraphies lumineuses, ses animations de lignes et ses accélérés facétieux, est comme le pot-pourri.
MENTASTI (Angel)
producteur argentin d'origine italienne (Varese, Italie, 1877 - Buenos Aires 1937).
Il fonde Argentina Sono Film et inaugure une production en série, à la suite des succès de Tango (Luis Moglia Barth, 1933) et Riachuelo (id., 1935). Les studios qu'il construit en 1937, capables de travailler à une échelle industrielle, fonctionnent durant quarante ans.
MENZEL (Jiři)
cinéaste et acteur tchèque (Prague 1938).
Il fait ses études à la FAMU de 1957 à 1962 et y tourne un film de diplôme (Monsieur Förster vient de mourir). Assistant de Věra Chytilova pour Quelque chose d'autre en 1963, il apparaît bientôt comme acteur dans plusieurs films, dont l'Accusé de Kadar et Klos en 1964. Au cours de sa carrière, on le verra souvent interpréter des rôles divers soit dans ses propres films, soit dans ceux des autres (Personne ne rira [Nikdo se nebude smát], 1965, de Hynek Bočan, le Retour du fils prodigue, 1966, d'Evald Schorm, Hôtel pour étrangers [Hotel pro cizince], 1966, d'Antonin Máša, ou le Jeu de la pomme, 1976, de Chytilova, l'École élémentaire [Obecna škola], 1991, de Jan Sverák, la Petite Apocalypse, 1993, de Costa-Gavras, ‘ Tout ce que j'aime ’ [Všecko co mám rád], id., de Martin Šulik, Lacrimosa, 1994, de Zafranović, ‘ Une trop bruyante solitude ’ [Přiliš hlučná samota], id., de Vera Cais). Il débute dans la mise en scène par un court métrage : la Mort de monsieur Baltazar (Smrt pana Baltazara, 1965) d'après une nouvelle de l'écrivain Bohumil Hrabal et qui sera intégré dans le film à épisodes les Petites Perles au fond de l'eau (Perličky na dně). C'est encore Bohumil Hrabal qui lui fournit le thème de Trains étroitement surveillés (Ostře sledované vlaky, 1966), dont le succès sera international et qui remportera l'Oscar du meilleur film étranger à Hollywood. Sensible à l'absurdité des comportements, Menzel jongle avec l'ironie, l'humour, la poésie, le désir amoureux, menant ses personnages — qui pour la plupart sont de sympathiques antihéros — jusqu'aux rives de la tragi-comédie et soignant avec malice les petits détails étonnants et parfois détonnants de leur quotidienneté. Ce climat est bien la transposition imagée de l'univers hrabalien et se retrouvera dans la plupart de ses films, y compris dans ceux dont le sujet ou le scénario sont empruntés à d'autres auteurs comme Un été capricieux (Rozmarné léto, 1967), joyeuse et nostalgique adaptation d'un récit de Vladislav Vančura, ou même — en mineur — Crime à l'école des filles (Zločin v divči škole, un sketch, 1965) et Crime au night-club (Zločin v santánu, 1968) d'après Josef Škvoreck˙y. La « normalisation » politique en Tchécoslovaquie empêche les Alouettes sur le fil / Alouettes, un fil à la patte (Skřivánci na niti, 1969) d'être distribué en salles (le film ne sera diffusé qu'en 1989 et remportera l'Ours d'or du festival de Berlin en... 1990 !). Menzel se fait discret, reprend les chemins des studios en 1974 avec ‘ Celui qui cherche l'or ’ (Kdo hledá zlaté dno), retrouve quelque peu son talent dans une comédie ‘ la Maison à l'orée du bois ’ (Na samotč u lesa, 1976), se distrait en tournant un hommage aux pionniers du cinéma : ‘ Ces merveilleux hommes à la manivelle ’ (Báječni muži s klikou, 1978), et retrouve enfin Bohumil Hrabal, qui lui rend son humour en demi-teinte, cet appétit de jouissance masqué par une apparente timidité et cet humanisme qui s'exprime par une vision des choses à la fois insolente et cocasse et non par un discours ou une morale : Retailles (Postřižny, 1981), Festivités des perce-neige (Slavnosti sněženek, 1984). Il réalise en 1986 Mon cher petit village (Vesničko má středisková) : une comédie attendrie, souriante et décapante dont le héros, un innocent de village, n'est pas loin de rappeler le personnage du Brave soldat Švjek. Ce film remporte un succès international qui replace Menzel parmi les cinéastes importants de son époque. En 1989, il adapte à nouveau Vančura dans la Fin du bon vieux temps (Konec starých čas˙u) puis tourne en 1991 l'Opéra du gueux (Žebrácka opera) et en 1993 les Aventures d'Ivan Tchonkine (Neuvěřitelná dobrodružstvi vojáka Ivana Čonkina).
MENZIES (William Cameron)
cinéaste, décorateur et producteur américain (New Haven, Conn., 1896 - Beverly Hills, Ca., 1957).
Menzies débute en signant les décors imposants de Rosita (E. Lubitsch, 1923), où est reconstituée la ville de Séville. Il est l'un des plus importants décorateurs du muet : le Voleur de Bagdad (R. Walsh, 1924), The Dove (Roland West, 1927) et Tempest (S. Taylor, 1928), qui lui vaut le premier Oscar de cette catégorie. Il fait preuve d'éclectisme mais avec un goût marqué pour les architectures monumentales, qu'elles soient historiques ou de fantaisie. En 1933, il codirige avec H. King I Love You Wednesday et, en 1936, réalise en Grande-Bretagne la Vie future (Things to Come), œuvre ambitieuse de science-fiction où se donne libre cours une imagination futuriste. Il est l'un des premiers décorateurs à travailler sur la couleur, avec les Aventures de Tom Sawyer (N. Taurog, 1938) et surtout avec Autant en emporte le vent (1939), qui lui doit beaucoup car il est responsable de tout l'aspect visuel du film et assure une continuité compromise par les metteurs en scène successifs (Cukor, Wood, Fleming). C'est à cette occasion qu'on crée pour lui le titre de « production designer », décorateur travaillant en étroite collaboration avec le réalisateur sur un film donné, plutôt que simple employé du studio. Il signe encore de nombreux décors d'ambiance remarquables, par exemple ceux de Correspondant 17 (A. Hitchcock, 1940), le Crime de Mme Lexton (S. Wood, 1947) ou le Livre noir (A. Mann, 1949), et dirige lui-même quelques films d'aventures.