HADJIDAKIS (Manos)
musicien grec (Xanthi 1925 - Athènes 1994).
De formation classique, il s'intéresse au fonds vernaculaire dont il utilise avec du charme et de l'habileté mélodies et instrumentation dans ses chansons, ses œuvres scéniques, ou les films dont il sait rendre l'atmosphère de réalisme poétique qui marque le renouveau du cinéma grec des années 50 : la Cité morte (Nekri politia, Frixos Illiadis, 1951) ; la Cité magique (N. Kondouros, 1954) ; Stella (M. Cacoyannis, 1955) ; le Petit Fiacre (D. Dimopoulos, 1957). L'engouement international pour l'air populaire du film de Dassin, Jamais le dimanche — qu'interprète Melina Mercouri —, lui vaut l'Oscar en 1961. Sa carrière se poursuit avec America America (E. Kazan, 1963), Topkapi (J. Dassin, 1964), parallèlement à ses compositions lyriques ou chorégraphiques. En 1964, il fonde l'Orchestre expérimental d'Athènes. De 1967 à 1972, il séjourne aux États-Unis, écrit la musique de Sweet Movie (D. Makavejev, 1974) et de retour en Grèce dirige l'Opéra national d'Athènes (1974), puis en 1976 l'Orchestre national. Pandelis Voulgaris lui a consacré un film, le Grand Erotikos (To Mega Erotikos, 1973).
HAESAERTS (Paul)
cinéaste belge (Boom, province d'Anvers, 1901 - Bruxelles 1974).
Il étudie le droit et la philosophie à Louvain et il acquiert une formation artistique à l'académie d'Anvers.
Lorsque Henri Storck le sollicite pour collaborer au film Rubens (1947-48), Paul Haesaerts est déjà architecte, peintre, critique, historien d'art. Il voit dans le cinéma le moyen de développer ses conceptions sur les beaux-arts et il met au point une technique de critique comparative consistant à subdiviser l'écran et à recourir à divers graphismes animés. Cela permet de juxtaposer des œuvres et d'en souligner les oppositions et les ressemblances de style tout en rendant accessibles au public des épisodes entiers de l'histoire de l'art. Originale au début (De Renoir à Picasso, 1949 ; Un siècle d'or, 1953), cette méthode didactique frise parfois le système ( Humanisme, victoire de l'esprit, 1955). Paul Haesaerts, fidèle toute sa vie durant au film sur l'art, expérimenta aussi de nouvelles approches du sujet, notamment dans Visite à Picasso (1949), film pour lequel le plasticien peint directement derrière une plaque transparente (Henri-Georges Clouzot utilisera longuement ce procédé dans le Mystère Picasso, en 1956).
HAHN (Jesse Beryle, dit Jess)
acteur américain (Terre Haute, Ind., 1921 - Dinard 1998).
C'est en France qu'il a fait l'essentiel de sa carrière, et on le voit aux côtés d'Eddie Constantine/Lemmy Caution, puis dans de très nombreux films exploitant son accent et son physique impressionnant, toujours dans des rôles secondaires pittoresques (truands, espions, etc.). On le voit aussi dans quelques films américains tournés en Europe comme The Happy Road (Gene Kelly, 1957). Il échappe rarement aux genres stéréotypés de sa carrière française – exceptions : le Coin tranquille (Robert Vernay, 1957) ou la Femme et le pantin (J. Duvivier, 1958), et surtout le premier long métrage de Rohmer, le Signe du lion, qui lui est redevable d'une excellente prestation, où il trouve son premier et son dernier grand rôle. On peut l'apprécier ensuite dans Cartouche (de Broca, 1962) et dans les Grandes Gueules (R. Enrico, 1965). Il tourne en Italie et, occasionnellement, en Allemagne (Die Sonne angreifen de Lilienthal, 1971, d'après Gombrowicz). Après un dernier film en 1986, il se retire en Bretagne, où il se consacre à l'agriculture.
HAID (Juliane dite Liane)
actrice autrichienne (Vienne 1895 - id. 2000)
Danseuse sur les scènes de Vienne, Berlin et Budapest, elle est engagée pendant la première Guerre Mondiale par une petite maison de production viennoise la Wiener Kunstfilm. Elle participe à de nombreux films situés dans la campagne et les bois du Tyrol (Sommeridylle de L. Kolm et J. Fleck, 1916 ; So fallen die Lose des Lebens, 1918) et dans certaines adaptations littéraires comme Der König amusiert sich (L. Kolm et J. Fleck, 1918) d'après Hugo ou Die Ahnfrau (1919) d'après Grillparzer. Dans Freut euch des Lebens (L. Koln et J. Fleck, 1920) comme dans Eva, die Sünde, la comédienne aborde des rôles plus ambitieux voire plus osés. Passée à la Vita, Liane Haid joue aux côtés de l'acteur et réalisateur Max Neufeld dans Die Frau in Weiss (1921) et Die Filme der Prinzessin Fantoche (1921). Puis à la demande de Richard Oswald elle obtient les rôles-titres de Lady Hamilton (1921) et Lucrezia Borgia (1922). Les deux films lui apportent le succès et on la voit ensuite pendant toutes les années 20 et une bonne partie des années 30 interpréter de nombreuses comédies courtoises ou les versions cinématographiques des opérettes en vogue.
HAINES (William)
acteur américain (Staunton Va., 1900 - Santa Monica, Ca., 1973).
Vainqueur en 1922 (comme Eleanor Boardman) d'un concours mettant en concurrence les « acteurs de demain », il est engagé à Hollywood, tourne son premier film en 1923 (la Sagesse de trois vieux fous, K. Vidor), est le partenaire de Mary Pickford dans Little Annie Rooney (W. Beaudine, 1925), de Norma Shearer dans la Tour des mensonges (V. Sjöström, id.), et d'Eleanor Boardman dans Tell it to the Marines (G. Hill, 1926). Il est également à l'affiche de Slide, Kelly, Slide (E. Sedgwick, 1927), West Point (id., 1928), Show People (K. Vidor, id.), Alias Jimmy Valentine (J. Conway, 1929), Free and Easy (Sedgwick, 1930).
HAÏTI.
Ce petit pays, encore dépourvu de toute structure de production, de matériel et de studio, accède à peine à la création cinématographique. À l'étranger existe un cinéma militant, antiduvaliériste, illustré surtout par Arnold Antonin (Haïti les chemins de la liberté, 1975 ; les Duvalier condamnés, id. ; Un Tonton Macoute peut-il être un poète ?, 1980). En Haïti même, après quelques tentatives dont Olivia (1977) de Bob Lemoine, premier long métrage de fiction, le moyen métrage de Rassoul Labuchin, Anita (1980), réalisé avec l'aide de techniciens étrangers, fait figure de première œuvre haïtienne réussie. À travers la description d'une petite ville de province, ce film relie la question de la domesticité enfantine à celle des travailleurs exploités, sans oublier l'impact du vaudou. Il témoigne, non sans subtilité, de l'aspiration de l'auteur à chercher, par-delà ces différents types d'oppression, la voie d'une libération possible. Ce film a été montré avec succès en Haïti. En Europe, Raoul Peck* réussit à entamer une carrière, sans pour autant renier ses racines haïtiennes.