GIBSON (Edmund Richard Gibson, dit Hoot)
acteur américain (Tekamah, Nebr., 1892 - Los Angeles, Ca., 1962).
Vedette de cirque et de rodéo, il devient, vers le milieu des années 10, une des premières vedettes de western. Il le reste jusqu'au début des années 30 et tourne encore sporadiquement jusqu'en 1959, dans des rôles secondaires. Dans ses prestations, il insiste sur l'humour et la comédie. Il joue souvent avec John Ford, dont il est l'un des premiers interprètes : Action (1921) et Sure Fire (id.), jusqu'aux Cavaliers (1959).
GIBSON (Mel)
acteur américain (Peekskill, N. Y., 1956).
La réussite de cet Américain émigré en Australie à l'âge de 12 ans est liée à l'explosion internationale du cinéma australien. Sous le trait épais du justicier Mad Max (George Miller, 1980), dans la sensibilité du jeune soldat de Gallipoli (P. Weir, 1981) ou dans la prestance d'un héros de modèle traditionnel (l'Année de tous les dangers, id., 1982), et au-delà d'un physique de jeune premier qui aurait pu le limiter à des emplois athlétiques ou décoratifs, il affirme une indéniable présence d'acteur. Il ne s'enferme pas dans le confort que sa bonne santé suggère, mais relève brillamment les défis, affirmant là où on ne l'attend pas une certaine complexité psychologique (The Bounty, Roger Donaldson, 1984), prenant plaisir à composer (l'Arme fatale, Richard Donner, 1987) et faisant même évoluer son personnage fétiche de la dimension unique de Mad Max à la véritable sensibilité de Mad Max III (George Miller, 1985). Dans des registres opposés, tant dans le journaliste survolté de l'Année de tous les dangers que dans le paysan acharné et humilié du méconnu la Rivière (Mark Rydell, 1985), il s'avère que Mel Gibson pourrait s'inscrire dans la voie royale qui passe par Gary Cooper et Robert Redford. Il est également l'interprète de Comme un oiseau sur la branche (Bird on a Wire, John Badham, 1990), Air América (Roger Spottiswoode, id.), Hamlet (F. Zeffirelli, id.). Il est trop âgé pour le rôle, bien qu'il s'y investisse avec courage. Mais il revient vite à des succès plus conventionnels comme l'Arme fatale 3 (R. Donner, 1991) puis 4 (Donner, 1997). Il garde un certain charme mais ne prend guère de risques dans Maverick (id., 1994), la Rançon (R. Howard, 1996) ou Complots (R. Donner, 1997). Plus intéressante est sa tentative de durcir son image dans un bon policier comme Payback (id., Brian Helgeland, 1999) ou de la tourner quelque peu en dérision dans What Women Want (Ce que veulent les femmes, Nick Marshall, 2000). Il a réalisé l'Homme sans visage (The Man Without a Face, 1993) et Braveheart (id., 1995), oscar à Hollywood.
GIELGUD (sir Arthur John)
acteur britannique (Londres 1904 - Aylesbury, Buckinghamshire, 2000).
Son activité professionnelle a surtout été consacrée au théâtre avec la mise en scène et l'interprétation des plus grandes pièces shakespeariennes. Il débute à l'écran vers la fin de la période du muet, dans Who is the Man ? (W. Summers, 1924) et The Clue of the New Pin (A. Maude, 1929). Il trouve son premier rôle important dans Quatre de l'espionnage (A. Hitchcock, 1936) et compose un très beau portrait de Disraeli dans The Prime Minister (T. Dickinson, 1941). Sa parfaite connaissance du répertoire shakespearien lui vaut d'être choisi pour jouer Cassius dans Jules César (J. Mankiewicz, 1953) et Clarence dans Richard III (L. Olivier, 1955) ; il personnifie le roi Louis VII de France dans Becket (P. Glenville, 1964). Il apporte toujours un grand relief aux rôles, souvent secondaires, qu'il accepte dans les genres les plus variés : le Tour du monde en 80 jours (M. Anderson, 1956) ; Sainte Jeanne (O. Preminger, 1957) ; Cher disparu (T. Richardson, 1965) ; Falstaff (O. Welles, 1966) ; la Charge de la brigade légère (Richardson, 1968) ; les Souliers de saint Pierre (Anderson, id.) ; Ah ! Dieu, que la guerre est jolie ! (R. Attenborough, 1969) ; le Crime de l'Orient-Express (S. Lumet, 1974) ; Meurtre par décret (B. Clark, 1978) ; Elephant Man (D. Lynch, id.) ; les Chariots de feu (H. Hudson, 1980) ; Gandhi (Attenborough, 1983) ; Plenty (Fred Schepisi, 1985) ; la Partie de chasse (A. Bridges, id.) ; Barbablù, Barbablù (F. Carpi, 1987) ; Rendez-vous avec la mort (M. Winner, 1988) ; Strike It Rich (James Scott, 1990) ; Prospero's Books (P. Greenaway, 1991). Il doit à Alain Resnais et à Andrzej Wajda les deux meilleures performances de sa carrière avec Providence (1977) et le Chef d'orchestre (1980).
GIL (Rafael)
cinéaste espagnol (Madrid 1913 - id. 1986).
Ancien critique et documentariste, au service de la République durant la guerre civile, il devient le réalisateur le plus récompensé du cinéma espagnol sous le franquisme. Il débute dans le long métrage avec El hombre que se quiso matar (1941) et obtient un premier succès avec Huella de luz (1943). Pendant cette période, il passe du mélodrame d'époque (El clavo, 1944) au film « impérial » (Reina Santa, 1946), et du film à problématique religieuse (La fe, 1947) aux adaptations littéraires prestigieuses (Don Quijote de la Mancha, id.). À partir de sa rencontre avec le scénariste Vicente Escrivá (la Dame de Fatima [La Señora de Fátima, 1951]), il exploite à fond le genre religieux alors en vogue : Hommes en détresse (La guerra de Dios, 1953) et El beso de Judas (id.). Lorsqu'il diversifie à nouveau ses thèmes, il ne pare plus sa commercialité d'alibis « transcendants » : l'Espionne de Madrid (La reina del Chantecler, 1962) avec Sarita Montiel. Sa filmographie, dépassant la soixantaine de mises en scène, est typique des artisans dociles qui réussissent à faire carrière dans l'Espagne d'après-guerre.
GILBERT (John Pringle, dit John)
acteur américain (Logan, Utah, 1895 - Los Angeles, Ca., 1936).
Cet enfant de la balle, élevé dans une école militaire, est devenu une des vedettes les plus éclatantes du muet. À bien des égards, il paraît porter en lui tous les clichés de l'acteur silencieux : séducteur calamistré et moustachu, sanglé dans des uniformes seyants, l'œil de braise largement ouvert, la narine palpitante et la lèvre frémissante pour exprimer la passion. En fait, il est rarement sorti des rôles de pure convention et n'a pu que rarement faire preuve de talent. Son interprétation sobre et émouvante du soldat de la Grande Parade (K. Vidor, 1925) fut sa meilleure. Pour le reste, il a été le plus souvent un faire-valoir, soit de Mary Pickford (Heart o' the Hills, 1919), soit de Lon Chaney (Celui qui reçoit des gifles Larmes de clown, V. Sjöström, 1924), soit de Lillian Gish (La Bohème, K. Vidor, 1926), soit encore des splendeurs baroques d'Erich von Stroheim (la Veuve joyeuse, 1925), mais surtout de Greta Garbo : la Chair et le Diable (1927) et Intrigues (1928), de Clarence Brown ; Anna Karenine (1927) d'Edmund Goulding. Sa popularité était immense (Monte Cristo, J. Flynn, 1922 ; Cameo Kirby, J. Ford,1923 ; Man, Woman and Sin, M. Bell, 1927 ; The Cossacks, G. Hill, 1928). Mais, comme il était de plus en plus alcoolique et que son personnage était trop lié à l'esthétique du muet, il passa très difficilement au parlant. Pour comble de malchance, les techniques du son, rudimentaires à l'époque, le desservirent, sa voix paraissant trop haut perchée. Ses films sonores furent des échecs retentissants et pas toujours mérités. Downstairs (Monta Bell, 1932, d'après un scénario de Gilbert) et Fast Workers (T. Browning, 1933) ne méritent pas l'oubli. Greta Garbo se souvint de lui et l'imposa comme partenaire dans la Reine Christine (R. Mamoulian, 1933), sans plus de succès. Après The Captain Hates the Sea (L. Milestone, 1934), il continua à boire plus que de raison et mourut d'un infarctus, amer et sans illusions.