BOETTICHER (Oscar Boetticher Jr., dit Budd) (suite)
C'est le premier d'un cycle de westerns interprétés par Randolph Scott, écrits le plus souvent par Burt Kennedy, qui distillent les vertus du classicisme mais en les décantant jusqu'à l'abstraction : l'Homme de l'Arizona (The Tall T., 1957) ; Décision at Sundown (id.) ; l'Aventurier du Texas (Buchanan Rides Alone, 1958) ; la Chevauchée de la vengeance (Ride Lonesome, 1959) ; le Courrier de l'Or (Westbound, id.) ; Comanche Station (1960). Autant de variations sur le motif du double itinéraire, géographique et moral : obsédé par une idée fixe (la vengeance, la justice), le héros mesure en chemin la relativité de sa cause, renonce à l'usage de la violence et trouve une sérénité désespérée dans une solitude désormais sans rémission. Avec une précision de géomètre, le cinéaste traite les situations archétypales du genre, comme les péripéties d'une partie de poker, où les rapports de force et les motivations complexes des joueurs comptent plus que l'enjeu avoué, souvent dérisoire.
Sous l'apparente impassibilité du regard perce une ironie tragique que l'on retrouve dans la Chute d'un caïd (The Rise and Fall of Legs Diamond, 1960). Boetticher y confirme sa maîtrise de l'espace et de l'ellipse, en prenant pour modèle les tout premiers films de gangsters. Parti tourner au Mexique pour un documentaire sur son ami le torero Carlos Arruza, il y reste sept ans (le film Aruzza tourné au prix de grandes difficultés de 1963 à 1967 sera de plus gelé jusqu'en 1971) et traverse une longue série d'épreuves qu'il a décrites dans When in Disgrace. De retour à Hollywood, il s'associe à Audie Murphy et tourne en Arizona Qui tire le premier ? (A Time for Dying, 1971 [RÉ 1969]), où il désacralise avec une alacrité teintée d'amertume les mythes de l'Ouest. Il est aussi l'auteur de l'histoire qui a inspiré Sierra torride (D. Siegel, 1970). Il achève sa trilogie sur la tauromachie en réalisant enfin (en 16 mm et en vidéo) My Kingdom for (1986 [sortie en vidéo], RÉ 1976-1985).