Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
J

JURADO (Maria Cristina Jurado García, dite Katy)

actrice mexicaine (Guadalajara 1927).

Elle débute très jeune au Mexique (Internado para señoritas, Gilberto Martínez Solares, 1943) et se fait remarquer par un fort caractère (Nosotros los pobres, I. Rodriguez, 1947; Hay lugar para... dos, (A. Galindo, 1948). Ensuite à Hollywood, elle y devint quasi-vedette dans des emplois exotiques ou « sudistes », grâce à sa beauté et à une certaine vivacité d'expression (la Dame et le Toréador [The Bullfighter and the Lady], B. Boetticher, 1951 ; Le train sifflera trois fois, F. Zinnemann, 1952 ; la Lance brisée, E. Dmytryk, 1954 ; Trapèze, C. Reed, 1956 ; la Vengeance aux deux visages, M. Brando, 1961 ; Barabbas, R. Fleischer, 1962). Après Pat Garrett et Billy le Kid (S. Peckinpah, 1973) et Vive le Président (M. Littin, 1978), sa carrière déclinante s'est poursuivie surtout dans la production de son pays natal où Arturo Ripstein lui a offert deux rôles qui sortent du lot : La seducción (1980) et Divine : l'évangile des merveilles (1998).

JURAN (Nathan Hertz)

cinéaste américain (Autriche 1907).

Architecte, directeur artistique en 1937 (Oscar pour les décors de Qu'elle était verte ma vallée de John Ford en 1941), il aborde la réalisation par un film « gothique », le Mystère du château noir (The Black Castle, 1952), fournit des westerns pour Audie Murphy, s'illustre vraiment dans le merveilleux avec le Septième Voyage de Sinbad (The Seventh Voyage of Sinbad, 1959) et l'aide de Ray Harryhausen, ainsi que dans la science-fiction : les Premiers Hommes dans la Lune (First Men in the Moon, 1964), dont il fut coscénariste et producteur. Il a signé aussi de son nom : Nathan Hertz.

JÜRGENS (Curd [Curt])

acteur allemand (Munich 1915 - Vienne, Autriche, 1982).

Il passe du théâtre à l'écran dès 1935, mais ne se voit pas confier de grands rôles, à l'exception de Salonwagen E 417 (Paul Verhoeven, 1939) ou Operette (W. Forst, 1940). Sans abandonner le théâtre, il joue dans une série de films autrichiens à partir de 1948 mais ne se fait véritablement connaître qu'avec le Général du diable (H. Käutner, 1955). Le cinéma français fait alors appel à lui : Les héros sont fatigués (Y. Ciampi, 1955) ; Œil pour œil (A. Cayatte, 1957) ; Et Dieu créa la femme (R. Vadim, 1956). Il devient une star internationale et tourne Amère Victoire (N. Ray, 1957) ; Michel Strogoff (C. Gallone, 1956) ; Tamango (J. Berry, 1958) ; Moi et le colonel (P. Glenville, id.) ; l'Auberge du sixième bonheur (M. Robson, id.) ; l'Ange bleu (E. Dmytryk, 1959). À partir des années 60 et 70, ses prestations (Lord Jim, R. Brooks, 1965 ; la Bataille de la Neretva, V. Bulajić, 1970 ; Assassinats en tous genres, B. Dearden, 1969 ; la Bataille d'Angleterre, G. Hamilton, id. ; Nicolas et Alexandra, F. Schaffner, 1971 ; l'Espion qui m'aimait, L. Gilbert, 1977) sont des plus stéréotypées (spécialité de rôles d'allemands, de militaires, d'aventuriers), de même que dans les productions médiocres dont il est la vedette en Allemagne, à l'exception peut-être de l'Opéra de quat'sous (W. Staudte, 1963) et le Second Printemps (Ulli Lommel, 1975). Il a lui-même réalisé trois films de genre : Prämien auf den Tod (1950, AU) ; les Drogués (Ohne dich wird es Nacht, 1956) et Bankraub in der rue Latour (1961).

JUSID (Juan José)

cinéaste argentin (Buenos Aires 1941).

Après une expérience théâtrale, il débute, sur un ton plutôt intimiste, avec Tute cabrero (1967). Pourtant, c'est aux grands espaces de la pampa et aux multiples visages de l'épopée de l'immigration qu'il doit la consécration de Los gauchos judíos (1974), adaptation des récits d'Alberto Gerchunoff, sous les auspices de Torre Nilsson. Pendant la dictature militaire, il se réfugie dans la publicité, puis revient avec un nouveau succès, Espérame mucho (1983), également teinté de nostalgie. Après un film historique plus conventionnel, Asesinato en el Senado de la Nación (1984), il porte à l'écran, avec une remarquable intensité, une pièce qui exprime les dilemmes de tant d'Argentins face à l'expatriation (Made in Argentina, 1986). Il a signé encore La fidelidad (1970), No toquen a la nena (1976), ¿ Dónde estás amor de mi vida que no te puedo encontrar ? (1992) et Bajo bandera (1997).

JUSTICE (James Norval Harald Robertson Justice, dit James Robertson)

acteur britannique (Wigtown, Écosse, 1905 - King's Somborne 1975).

Une des rondeurs les plus familières et l'une des barbes les plus malicieuses du cinéma anglais. Il semble n'avoir jamais été jeune et a toujours joué des personnages mûrs, truculents et bougons, comme le chirurgien de Rendez-vous à Rio (R. Thomas, 1955). Plus étonnante était la composition de l'architecte qui construit une pyramide pour prix de sa liberté dans Terre des pharaons (H. Hawks, 1955). Le cinéma français l'a utilisé quelquefois, mais de la manière la plus banale : dans À cœur joie (S. Bourguignon, 1967), il n'est qu'une silhouette, comme dans beaucoup de films de Roger Vadim (le Repos du guerrier, 1962).

JUSTINIANO (Gonzalo)

cinéaste chilien (Santiago 1956).

Formé en France, il entame néanmoins sa carrière dans son propre pays avec Los hijos de la guerra fría (1985), portrait grinçant d'une petite bourgeoisie déboussolée. D'emblée, il se sert des stéréotypes populaires, puis remporte un appréciable succès avec Sussi (1987), portant plus loin la critique des comportements des classes moyennes sous la dictature. Il y décrit l'ascension d'une jeune fille d'origine paysanne, des cabarets minables aux campagnes de propagande orchestrées par les partisans du régime, en passant par la débrouillardise des publicitaires. Il n'hésite pas à reproduire les clichés des feuilletons télévisés à la mode, avec un zeste d'ironie, quitte à profiter des ambiguïtés vis-à-vis des spectateurs moins avertis. Caluga o menta (1990) s'écarte de cette option et embrasse un naturalisme davantage en phase avec certaines formules en vigueur sous d'autres horizons, pour évoquer une jeunesse marginalisée, désœuvrée, à la limite de la délinquance. Amnesia (1994) plonge dans l'héritage refoulé des militaires chiliens, qui n'en finissent pas de quitter la scène, sans reculer devant une mise en scène excessive et une interprétation volontiers grotesque. Il signe ensuite Tuve un sue~no contigo (1999).