CROSS LIGHT.
Locution anglaise (littéralement « lumière qui croise ») pour désigner les lumières qui éclairent le sujet carrément depuis la droite ou la gauche, par rapport à l'axe de prise de vues. ( ÉCLAIRAGE.)
CROWE (Russell)
acteur américain d'origine néo-zélandaise (Wellington 1964).
Acteur à la télévision australienne depuis l'âge de six ans, récompensé par l'Australian Film Institute pour son interprétation de photographe aveugle dans l'étrange Proof (id., Jocelyn Moorehouse, 1992), il s'installe aux États-Unis en 1994. Dès L.A. Confidential (C. Hanson, 1997), on peut prévoir que le cinéma américain saura vite utiliser sa carrure massive, son allure mûre et son talent sobre. Véritable Protée, il prend quelques kilos, chausse des lunettes et se teint les cheveux pour une création magistrale dans Révélations (M. Mann, 1999) : cadre brisé en croisade contre les multinationales du tabac. Quelques mois plus tard, musclé, il est Gladiator (R. Scott, 2000), héros à la fois fort physiquement et affectivement sensible, où il impose une présence fascinante et une voix douce à la diction claire.
CRUISE (Thomas Cruise Mapother IV, dit Tom)
acteur américain (Syracuse, N. Y., 1962).
Après un petit rôle dans TAPS, d'Harold Becker, en 1981, il suit les cours d'art dramatique organisés à Los Angeles par Francis Ford Coppola, qui le fait tourner dans Outsiders (1983). On le retrouve en vedette dans Risky Business (Paul Brickman, 1983), All the Right Moves (Michael Chapman, id.), American Teenagers (Losin'It, Curtis Hanson, 1983) et Legend (Ridley Scott, 1985). Top Gun (Tony Scott, 1986) le confirme idole des teenagers. En 1986, il partage avec Paul Newman la vedette de la Couleur de l'argent, de Martin Scorsese avant de s'imposer comme l'un des acteurs les plus populaires de sa génération dans Cocktail (id., Roger Donaldson, 1988), Rain Man (B. Levinson, id.), Né un 4 juillet (O. Stone, 1989), Jours de tonnerre (Days of Thunder, T. Scott, 1990), Far and Away (Ron Howard, 1992). Il s'acharne aussi, avec souvent de bons résultats, à prouver qu'il est un excellent comédien, moins limité qu'il n'y paraît par son sourire ravageur. Ainsi, Sydney Pollack fait de lui un avocat arriviste pris au piège d'une organisation monstrueuse dans la Firme (1993) : interprétation haletante et physique, un peu à la Hitchcock. En revanche, il prend un risque réel en acceptant un rôle de complément dans Entretien avec un vampire (N. Jordan, 1994) : livide et pervers, le cheveu défait, les canines légèrement acérées, il y est une des plus troublantes figures de vampire que le cinéma ait engendrées. Il devient l'une des plus solides vedettes masculines de son temps avec Mission : impossible (id., B. de Palma, 1996), puis M : I 2 (J. Woo, 2000), et frôle curieusement l'Oscar pour l'une de ses interprétations les plus faibles dans Jerry Maguire (id., Cameron Crowe, 1997). On peut s'en étonner car il enfreint avec talent son image de marque un peu lisse dans Eyes Wide Shut (S. Kubrick, 1999) où il sait être d'abord sobre pour laisser affleurer aux dernières images une émotion convaincante. Mais le risque est sans doute encore plus grand dans Magnolia (P. T. Anderson, id.) où il est réellement étonnant en gourou du sexe, tonitruant, macho et vulgaire que l'on découvre, in extremis, détenteur d'un lourd secret.
CRUZE (Jens Cruz Bosen, dit James)
cinéaste, acteur et producteur américain (Ogden, Utah, 1884 - Los Angeles, Ca., 1942).
Acteur de théâtre à Broadway, c'est par les serials qu'il vient au cinéma, jouant avec Florence La Badie dans The Million Dollars Mystery, extraordinaire succès public et financier de la compagnie Tanhouser, en 1914. Il tient un rôle dans quelque 80 films, entre 1911 et 1918, mais il est, dès 1915, un cinéaste très actif, et dirige, entre autres, Wallace Reid (The Dictator, 1922). C'est alors que Jesse Lasky lui confie le soin de tirer un western de prestige, pour la Paramount, d'un feuilleton de Emerson Hough. Cruze lit, apprend, recherche la vérité des gestes, des objets, des paysages avec un grand souci de réalisme. Le tournage débute en novembre 1922 au Nevada, puis en Utah, enfin en Oregon ; on construit 500 chariots ; le matériel, la figuration sont ceux d'une superproduction. La Caravane vers l'Ouest (The Covered Wagon) est présenté en mars 1923 à New York. C'est un triomphe. Seul William S. Hart énonce à l'adresse du film des réserves acides (peut-être dépitées). Cruze relançait la vogue un peu tombée des westerns et, surtout, ouvrait la voie aux grands lyriques de l'espace : Walsh, Ford, De Mille... Montée par Dorothy Arzner, photographiée par Walter Reid et Karl Brown, un des chefs opérateurs de Griffith, cette épopée des pionniers vaut à Cruze de devenir le cinéaste le mieux rémunéré du monde. Les acteurs Loïs Wilson, Jack Warren Kerrigan sont célèbres ; le budget de près de 800 000 dollars est couvert en moins d'un an... par une seule salle de Hollywood. En 1925, Cruze tourne (avec Betty Compson, Ricardo Cortez, Wallace Beery, Ernest Torrence) un autre western ambitieux mais moins grandiose, The Pony Express – baptisé en France le Cavalier Cyclone, ce qui le fait parfois confondre avec The Cyclone Cowboy de Richard Thorpe (1927) –, à la gloire des courriers à cheval lancés dans l'Ouest, nouvelle occasion de célébrer les paysages avec un sens plastique et dramatique remarquable – les longs plans-séquences de Cruze sont alors une marque de style tout à fait nouvelle. Par la suite, l'histoire du futur héros de Cendrars lui inspire encore un excellent western, l'Or maudit (Sutter's Gold, 1936). Il a abordé presque tous les genres, le fantastique – Gabbo le ventriloque (The Great Gabbo, 1929) avec von Stroheim – et la satire inclus : malheureusement, le film où il évoquait l'affaire Fatty Arbuckle, Hollywood (1923), et sa comédie ironique les Gaietés du cinéma (Merton of the Movies, 1924) semblent à jamais perdus. Il cessa de tourner après 1938.
Cruze épousa Marguerite Snow, puis Betty Compson. Son prestige s'effaça avec le parlant, mais il demeure un exemple de ces cinéastes artisans qui ont fait Hollywood et lui ont donné ses meilleures traditions.