HAYER (Lucien Nicolas, dit Nicolas)
chef opérateur français (Paris 1898 - Vence 1978).
Il filme des actualités en Sibérie après la Première Guerre mondiale, puis en Indochine de 1924 à 1928. Son premier long métrage est le Bidon d'or (Christian-Jaque, 1932), que suivent Cartouche (Jacques Daroy, 1934), Tamara la complaisante (Félix Gandera, 1937), la Vénus de l'or (J. Delannoy, 1938), Menaces (E. T. Gréville, 1940) et surtout Macao, l'enfer du jeu (Delannoy, 1942 [re : 1939]). La guerre impose son talent qui s'exprimera pleinement dans les films de Clouzot ou Melville : Dernier Atout (J. Becker, 1942) ; le Capitaine Fracasse (A. Gance, 1943) ; le Corbeau (H. -G. Clouzot, id.) ; Patrie (L. Daquin, 1946) ; la Chartreuse de Parme (Christian-Jaque, 1948) ; Orphée (J. Cocteau, 1950) ; Un homme marche dans la ville (M. Pagliero, id.) ; Bel-Ami (Daquin, 1955) ; Deux Hommes dans Manhattan (J. -P. Melville, 1959) ; Leviathan (Leonard Keigel, 1962) ; le Doulos (Melville, 1963) ; le Puits et le Pendule (A. Astruc, 1963) ; la Métamorphose des cloportes (P. Granier-Deferre, 1965).
HAYES (Helen Hayes Brown, dite Helen)
actrice américaine (Washington, D. C., 1900 - Nyack, N. Y., 1993).
Cette petite femme est la grande dame du théâtre américain. Au cinéma, ses interventions sont demeurées rares et insatisfaisantes bien qu'elle fût l'épouse de Charles MacArthur, un très grand scénariste. Sans doute, son physique anodin n'était pas celui d'une star conventionnelle. Sa présence assura pourtant le succès de l'inénarrable Faute de Madelon Claudet (The Sin of Madelon Claudet, Edgar Selwyn, 1931) qui lui valut même un Oscar. Sa création touchante de l'Adieu au drapeau (F. Borzage, 1932) nous donne à penser que les cinéastes n'ont pas su déceler ses qualités spécifiques. De médiocres mélodrames eurent raison de sa patience, et après Anastasia (A. Litvak, 1956) elle quitta le cinéma. Mais sa composition, pourtant facile, de vieille dame fofolle dans Airport (G. Seaton, 1970) lui a assuré un retour triomphal et un nouvel Oscar (« Best Supporting Actress »).
HAYS (William H.)
homme politique américain (Sullivan, Ind., 1879 - id. 1954).
Coauteur d'un code de moralité cinématographique qui porte son nom. Employé de banque militant au parti républicain, son soutien actif à l'élection de Harding lui rapporte le ministère des Postes. Postmaster General dans le cabinet du président Harding, il est sollicité dans les années 20 par les producteurs et distributeurs pour devenir le « tsar du cinéma », c'est-à-dire le président de la MPPDA (Motion Picture Producers and Distributors of America) chargé notamment de l'élaboration d'un code de production. Par ses prudes excès (en 1930, la MPPDA crée le Motion Picture Production Code qui restera en vigueur jusqu'en 1966 pour imposer une stricte réglementation de la « nouvelle morale » de l'écran), son code marquera longtemps et profondément le cinéma américain.
HAYWARD (Seafield Grant, dit Louis)
acteur américain (Johannesburg, Afrique du Sud, 1909 - Palm Springs, Ca., 1985).
Élevé à Londres, où il débute à la scène et à l'écran, il gagne Hollywood en 1935. Voué aux films de cape et d'épée, il incarne tour à tour l'homme au masque de fer, le comte de Monte-Cristo, le capitaine Blood ou d'Artagnan. C'est pourtant le mélodrame criminel qui lui réserve ses rôles les plus attachants, celui du psychopathe de Ladies in Retirement (Ch. Vidor, 1941) ou de l'écrivain névrosé de House by the River (F. Lang, 1950). Il s'intégra parfaitement dans l'univers noir et schizophrénique d'Edgar Ulmer (le Démon de la chair, 1946 ; l'Implacable, 1948 ; les Pirates de Capri, 1949). Il fut de 1939 à 1945 le mari d'Ida Lupino.
HAYWARD (Edythe Marrener, dite Susan)
actrice américaine (Brooklyn, N. Y., 1918 - Beverly Hills, Ca., 1975).
Elle a à son palmarès une brochette de metteurs en scène prestigieux, de Wellman à Mankiewicz, de Jacques Tourneur à Nicholas Ray. Et pourtant, c'est un pesant mélodrame de Daniel Mann, Une femme en enfer (I'll Cry Tomorrow, 1955), qui lui vaut un prix d'interprétation à Cannes, et le racoleur Je veux vivre de Robert Wise (I Want to Live, 1958), un Oscar : deux rôles (d'alcoolique et de délinquante) où elle cabotine à plaisir. Il est vrai qu'elle fut longtemps cantonnée dans le registre (mélo)dramatique, par exemple dans Une vie perdue (S. Heisler, 1947), Tête folle (M. Robson, 1950) ou Sa seule passion (H. Levin, 1953). Plutôt que de ces monstres échevelés, mieux vaut se souvenir de l'exquise mante religieuse de Guêpier pour trois abeilles (1967) de Mankiewicz, de l'épouse passionnée des Indomptables (1952) de Nicholas Ray, de l'Helen Stanley — assurément très hemingwayienne — des Neiges du Kilimandjaro (id.) d'Henry King, de la royale Bethsabée de David et Bethsabée (1951) du même cinéaste, de l'étrange jeune femme de The Lost Moment (1947) de Martin Gabel, voire de la partenaire déjà très délurée de Gary Cooper dans Beau Geste (1939) de William Wellman, l'un de ses tout premiers films. D'abord modèle publicitaire, elle fut pressentie pour tenir le rôle de Scarlett dans Autant en emporte le vent. On peut encore prélever, dans son abondante filmographie : les Naufrageurs des mers du Sud (1942) de Cecil B. De Mille ; Ma femme est une sorcière (id.) de René Clair ; le Passage du canyon (1946) de Jacques Tourneur ; la Maison des étrangers (1949) de Mankiewicz ; Tulsa (id.) de Stuart Heisler... Elle sut admirablement s'adapter à la sauvagerie du western, notamment sous la direction de Henry Hathaway. Il faut la voir dans le Jardin du diable (1954), pistolet au flanc et mains sur les hanches, caracoler toutes griffes dehors. « On l'a frappée dans un bloc d'argile, cette femme-là », dit son partenaire Richard Widmark. Belle oraison funèbre pour la petite rousse de Brooklyn, devenue grande star à force d'énergie et de sensibilité.
Autres films :
la Famille Stoddard (Adam Had Four Sons, G. Ratoff, 1941) ; la Fille de la forêt (Forest Rangers, G. Marshall, 1942) ; l'Attaque de la malle-poste (H. Hathaway, 1951) ; la Sorcière blanche (White Witch Doctor, Hathaway, 1953) ; les Gladiateurs (D. Daves, 1954) ; Quand soufflera la tempête (Untamed, H. King, 1955) ; la Ferme des hommes brûlés (Woman Obsessed, Hathaway, 1959) ; la Poursuite sauvage (The Revengers, Daniel Mann, 1972).