HOLLYWOOD. (suite)
Le développement de ce nouveau mode de loisir et l'évolution des goûts du public entraînent pour le cinéma une baisse brutale d'audience. Le marché étranger représente dès lors un enjeu capital. Or, l'Europe des années 50 limite ses sorties en dollars. Pour compenser le gel de leurs recettes, les studios envoient des équipes tourner en Angleterre, en France et en Italie. On recourt aux « extérieurs naturels » (garants d'authenticité), on s'adonne au naturalisme, ou l'on s'efforce de se faire « plus grand » (CinémaScope) et plus « proche » (relief) que la télévision.
Ces efforts n'enrayent cependant pas la crise. Les studios mettent fin au système des contrats longue durée. Des producteurs indépendants (Sam Spiegel) et de nombreux auteurs-réalisateurs (Billy Wilder, Joseph L. Mankiewicz, John Huston, Samuel Fuller, Delmer Daves) s'affirment. La production new-yorkaise renaît lentement, tandis que se multiplient les tournages hors Hollywood (« runaway productions »). Après une nouvelle crise du gigantisme (sanctionné par le fiasco de Cléopâtre de Mankiewicz en 1963), les grands studios entrent dans une période de déclin qui culminera en 1971 (50 p. 100 de techniciens au chômage). Le système de production traditionnel éclate alors en une multitude d'opérations. Les Majors sont absorbées, l'une après l'autre (à l'exception de la Fox), par des conglomérats (édition, maisons de disques, circuits hôteliers), pour lesquels l'exploitation cinématographique ne représente qu'une part très restreinte des bénéfices. Les imprésarios, acteurs et producteurs indépendants jouent désormais, dans le nouvel Hollywood, un rôle moteur, sous l'arbitrage d'une nouvelle génération de dirigeants, issue des milieux financiers...
Les grandes compagnies ont déserté Hollywood, qui est devenue, en revanche, un centre important pour l'industrie du disque. Pour le cinéma, « Hollywood », terme générique et flou, représente plus une période historique révolue, un « état d'esprit », qu'une réalité géographique. Ce terme représente aussi une mythologie, abondamment entretenue par la littérature (F. Scott Fitzgerald, Nathanael West, Horace McCoy, Gavin Lambert) et le 7e art lui-même ( Chantons sous la pluie ; les Ensorcelés ; Une étoile est née ; Frances, etc.).