PARKER (Alan)
cinéaste britannique (Islington 1944).
Formé à l'école de la publicité, il réalise quelques spots télévisés et écrit le scénario de Melody (CM, David Puttman, 1970). Avec Alan Marshall, il fonde en 1970 la Alan Parker Film Company et tourne quatre courts métrages : Footsteps (1973), Our Cissy (id.), No Hard Feelings (id., TV) et The Evacuees (1974, TV). Le festival de Cannes accueille favorablement son premier long métrage Bugsy Malone (id. 1976), étonnant hommage cinéphilique au cinéma américain des années 30, entièrement joué par des enfants. La consécration vient aussitôt avec Midnight Express (id., 1978), évocation brutale de l'univers carcéral en Turquie, et Fame (id., 1980), éloge exubérant d'une école artistique new-yorkaise. Avec Shoot the Moon (l'Usure du temps, 1982), il aborde le problème plus quotidien de la rupture d'un couple avec enfants. Mais il est beaucoup plus à l'aise dans l'adaptation d'un opéra-rock des Pink Floyd, The Wall (id., 1983), dont le style est fortement influencé par la recherche constante de l'impact visuel, comme en publicité. Après le succès mérité de Birdy (id., 1985), Alan Parker aborde l'univers du polar satanique dans Angel Heart (id., 1987), condamne le racisme du Ku Klux Klan dans Mississippi Burning (id., 1988) et dénonce les manquements aux droits de l'homme dans Bienvenue au Paradis (Come See the Paradise, 1990). Il réalise ensuite The Commitments (les « Commitments », 1991) et les Cendres d'Angela (Angela's Ashes, 1999), chroniques intimistes assez prenantes, mais également Aux bons soins du Dr. Kellogg (The Road to Wellville, 1994) et l'adaptation peu convaincante d'un « musical » consacré à la vie Evita Peron (Evita, 1996) qui a le mérite néanmoins d'offrir un rôle de premier plan à la chanteuse Madonna.
PARKER (Eleanor)
actrice américaine (Cedarville, Ohio, 1922).
C'est dans les troupes scolaires qu'Eleanor Parker fait son apprentissage du métier d'actrice et qu'elle est découverte. En 1941, elle vient à Hollywood avec un contrat de la Warner Bros. C'est dans Mission to Moscow (M. Curtiz, 1943) qu'elle se fait remarquer pour la première fois et dans la Route des ténèbres (D. Daves, 1945) qu'elle affirme une certaine sensibilité dans le rôle de la fiancée du GI aveugle joué par John Garfield. L'année suivante, dans Of Human Bondage (E. Goulding, 1946), elle créait un personnage de garce sans nuance. Par la suite, Eleanor Parker a pu être à loisir charmante ou redoutable. Charmante quand, jouant de son tempérament et du feu de sa chevelure, elle incarne les belles agressives (ou les belles sur la défensive), mais de toute manière combatives : la soubrette de théâtre de Scaramouche (G. Sidney, 1952) ou l'épouse par procuration de Quand la Marabunta gronde (B. Haskin, 1954) sont ce qu'elle accomplit de mieux dans ce registre. Mais Eleanor Parker veut aussi quelquefois, avec un acharnement excessif, faire complet étalage de ses capacités dramatiques. Elle réussit dans Femmes en cage (J. Cromwell, 1950) ou dans Celui par qui le scandale arrive (V. Minnelli, 1960), mais le résultat est moins probant dans l'Homme au bras d'or (O. Preminger, 1955), où elle se dépense dans tous les sens, avec une énergie sidérante, en vain pourtant, dans un rôle d'épouse hystérique et faussement paralytique. La comédie, paradoxalement, lui sied et elle est excellente dans le Roi et quatre reines (R. Walsh, 1956), dans Un trou dans la tête (F. Capra, 1959), dans des rôles encore qui équilibraient son charme et sa combativité. L'une des dernières fois où on l'a vue au cinéma, ce fut dans les Griffes de la peur (Eye of the Cat, David Lowell Rich, 1969), où elle était, à nouveau, excessive et paralytique. À partir des années 70, elle se consacre essentiellement à la télévision, n'apparaissant plus qu'en de très rares occasions au cinéma (Sunburn, R. Sarafian, 1979).
PARKER (Louise Stephanie Zelinska, dite Jean)
actrice américaine (Deer Lodge, Mont., 1912).
L'archétype de la jeune fille sérieuse, spontanée et saine selon la mythologie familiale américaine. Jean Parker tourna beaucoup entre 1932 et 1944. Elle était particulièrement à l'aise dans la nature (Séquoia, Chester Franklin, 1935) et dans le western la Légion des damnés (K. Vidor, 1936), ou encore en héroïne de Bibliothèque rose, les Quatre Filles du docteur March (G. Cukor, 1933). On gardera un bon souvenir de sa silhouette mûrie et discrète dans la Cible humaine (H. King, 1950). Elle a tourné son dernier film en 1972.
PARLANT (vieilli).
Film parlant, film comportant une bande sonore permettant d'entendre parler les acteurs. Cinéma parlant, ou parlant, période de l'histoire du cinéma (par opposition à muet) où l'on sut réaliser des films sonores. ( PROCÉDÉS DE CINÉMA SONORE.)
PARLO (Grethe Gerda Kornstadt, dite Dita)
actrice d'origine allemande (Stettin [auj. Szczecin, Pologne] 1907 - Paris, France, 1971).
Danseuse, elle est découverte par Erich Pommer*, le chef de la production de la UFA. Elle navigue entre l'opérette (la Dame au masque [Die Dame mit der Maske], W. Thiele, 1928), l'exotisme froufroutant (Sheherazade [Geheimnisse des Orients], A. Volkov, id.) et le mélodrame romantique (le Chant du prisonnier, J. May, id.). Elle se laisse tenter par le mirage hollywoodien, via la France (Au bonheur des dames, J. Duvivier, 1930), mais ne fera pas la percée espérée, malgré une jolie apparition dans la version américaine de Kismet (1931) réalisée par son compatriote émigré William Dieterle. On la voit aussi dans des productions de troisième ordre comme Danseuses pour Buenos Aires, de Jaap Spyer. Un vrai rôle, enfin, dans Rapt de Dimitri Kirsanoff (1934) : une fière paysanne du Valais. Et c'est la rencontre avec Jean Vigo, la chance de sa vie : elle sera Juliette, l'épouse fugueuse et néanmoins fidèle du marinier Jean Dasté, voguant en compagnie du père Jules à bord de l'Atalante (id.). Cette création inoubliable ne suffit pourtant pas à faire d'elle une « star », et sa carrière piétine. À la veille de la guerre, son ascendance germanique est plus ou moins bien employée dans Mademoiselle Docteur (G. W. Pabst, 1937), Paix sur le Rhin (J. Choux, 1938), Ultimatum (R. Wiene, id.) mais surtout la Grande Illusion (Jean Renoir, 1937), où lui est confié le seul et bouleversant rôle féminin du film. On la voit aussi dans la Rue sans joie (André Hugon, 1938), dans l'Inconnue de Monte-Carlo (A. Berthomieu, 1939), dans l'Or du Cristobal (J. Becker, id.). C'est ensuite une série de démêlés complexes avec les autorités françaises et un retour malencontreux dans sa patrie d'origine. En 1950, elle reparaît fugitivement dans Justice est faite, d'André Cayatte. Quinze ans de silence, et Léonard Keigel lui confie le rôle de la vieille comtesse de la Dame de pique (1965) : un come-back insolite, et sans lendemain. Depuis la Dame au masque de ses débuts, la boucle est curieusement bouclée. Dita Parlo restera à jamais la figure de proue de l'Atalante, en robe de mariée dans la brume...