acteur américain (Westhampton, N. Y., 1925).
Il quitte l'école à seize ans pour s'engager dans les marines et passe la Seconde Guerre mondiale sur un destroyer dans le Pacifique. C'est dans les services civils de la marine, entre 1947 et 1949, qu'il fait ses débuts d'acteur. Sa bourse de G. I. lui permet de poursuivre ses études, il s'inscrit à la New School for Social Research pour apprendre l'art dramatique. Deux ans plus tard, on le retrouve à New York, à l'American Theater Wing, puis à l'Actors Studio, dont il est un des produits les plus représentatifs. Son expérience professionnelle lui vient d'une longue pratique du théâtre et de la télévision. Il ne commence vraiment sa carrière au cinéma qu'en 1954, en incarnant le frère aîné de Marlon Brando dans Sur les quais (E. Kazan). Acteur très doué, à la forte présence, il a souvent été accusé d'en faire trop, de tomber dans l'exhibitionnisme. Mais la tentation de la démesure est forte quand les rôles qu'on lui réserve sont le plus souvent ceux de révoltés, de violents comme dans le Jugement des flèches (S. Fuller, 1957), où il est un sudiste refusant d'accepter la défaite et préférant aller vivre chez les Indiens plutôt que de rester citoyen de l'Union sous la domination des Yankees. Il incarne encore un sudiste agressif et borné, officier de police raciste, qui doit peu à peu perdre de sa morgue face à l'un de ses collègues plus compétent et noir (Sydney Poitier) dans le film qui lui vaut un Oscar (Dans la chaleur de la nuit, N. Jewison, 1967). Sa corpulence massive, son air peu amène le conduisent naturellement à jouer des personnalités fortes, des chefs qui ne font pas dans la dentelle (le Sergent, J. Flynn, 1968), volontiers mégalomanes : il détient le rôle-titre de Al Capone (R. Wilson, 1959), celui de Napoléon dans Waterloo (S. Bondartchouk, 1970). Son penchant avoué pour la boisson en fait l'interprète idéal du rôle de l'excentrique alcoolique W. C. Fields (Fields et moi, A. Hiller, 1976). Certes, ses excès d'expression dans le Prêteur sur gages (S. Lumet, 1965) sont à la limite du supportable ; mais, dirigé par des metteurs en scène européens comme Francesco Rosi, il est capable de compositions parfaitement contrôlées, ainsi que le prouvent Main basse sur la ville (1963) et Lucky Luciano (1973). Tout en continuant à travailler aux États-Unis, Rod Steiger mène depuis longtemps une carrière parallèle en Europe, notamment en Italie, sous la direction de F. Rosi, E. Olmi, F. Zeffirelli, par exemple. En France, on le voit aux côtés de Romy Schneider dans le film de Claude Chabrol les Innocents aux mains sales (1974). Sa carrière marque un arrêt en 1978 à la suite d'une crise personnelle grave. Dépressif, doutant de sa carrière et de son talent, Rod Steiger reprend peu à peu quelques rôles dans des films dits mineurs : Amityville (S. Rosenberg, 1979), le Lion du désert (M. Akkad, 1980), l'Élu (J. P. Kagan, 1982), The Naked Face (B. Forbes, 1985), American Gothic (J. Hough, 1987), Catch the Heat (Joel Silberg, id.), Calendrier meurtrier (The January Man, Pat O'Conor, 1989), Men of Respect (William Reilly, 1990), The Ballad of the Sad Café (Simon Callow, 1991), Guilty As Charged (Sam Irvin, 1991), l'Expert (The Specialist, Luis Llosa, 1994), Hurricane Carter (N. Jewison, 1999). À la télévision, il a interprété des rôles marquants, comme Marty dans les années 50 ou la Montagne magique (1981). On le retrouve, très drôle, en vieille baderne obstinée dans Mars Attacks ! (T. Burton, 1996). Il a été marié à l'actrice Claire Bloom.