BIGAZZI (Luca)
chef opérateur italien (Milan 1958).
Formé au sein du groupe milanais Indigena, Luca Bigazzi est certainement le chef opérateur le plus doué de sa génération. Très lié à Silvio Soldini – les deux hommes débutent ensemble en 1983 avec Paesaggio con figure –, il signe la photographie de tous les films du cinéaste, Giulia in ottobre (1984), l'Air paisible de l'Occident (1990), Un'anima divisa in due (1993), Le acrobate (1997), Pain tulipes et comédie (2000), Ieri (2001). Bigazzi est devenu en quelques années la référence d'une certaine école de jeunes cinéastes italiens : il travaille avec Mario Martone (Mort d'un mathématicien napolitain, 1992 ; l'Amour meurtri, 1995), Pasquale Pozzessere (Testimone a rischio, 1996), Francesca Archibugi (L'albero delle pere, 1998 ; Domani, 2001), Giuseppe Piccioni (Fuori dal mondo, 1999), Fabrizio Bentivoglio (Tipota, 1999), Davide Maderna (Questo è il giardino, 1999), Mimmo Calopresti (Je préfère le bruit de la mer, 2000), Francesca Comencini (Le parole di mio padre, 2001). Spécialiste des atmosphères urbaines qu'il photographie dans des tons d'ocre ou de bleu acier, Bigazzi a collaboré aussi avec des cinéastes plus âgés comme Maurizio Nichetti (Luna e l'altra, 1996) ou Gianni Amelio dont il a magnifiquement éclairé Lamerica (1994) et Mon frère (1999). Toujours prêt à prendre des risques, Bigazzi s'est essayé au noir et blanc avec les films de Daniele Ciprì et Franco Maresco, Lo zio di Brooklyn (1995) et Totò che visse due volte (1998), films auxquels il a donné un réalisme d'eaux-fortes expressionnistes.
BIGELOW (Kathryn ou Kathie)
cinéaste américaine (New York, N.Y. 1952).
Ancien peintre apprécié, Kathryn Bigelow aurait pu rester confinée dans un cinéma confidentiel ou militant. Elle a opté pour un cinéma populaire, qu'elle enrichit, à défaut de le subvertir, par un travail de scénario très approfondi. En effet, de ses premières expériences, elle a gardé l'habitude de collaborer de près à l'écriture de ses films, qui offrent souvent une étoffe psychologique dense. Plus que dans Near Dark (1987), dont les afféteries avaient touché une certaine critique intellectuelle américaine, c'est dans Blue Steel (id., 1990), remarquable polar au féminin, que l'on prend la mesure de son originalité. Dans Extrême limite (Point Break, 1991), Bigelow se colletait à un univers (les surfers) et, un genre (le thriller) dominés par une certaine idée de la virilité : elle s'acquittait avec panache des aspects les plus spectaculaires et grâce à une direction d'acteur très fine (Keanu Reeves et Patrick Swayze), atteignait une certaine vérité humaine. En 1995, elle signe Strange Days (id.), intéressant thriller futuriste, et en 2000 The Weight of Water qui entremêle deux intrigues mystérieuses, l'une contemporaine et l'autre historique.
BILLON (Pierre)
cinéaste français (Paris 1906 - id. 1981).
Il débute à la fin du muet dans l'ombre de Gaston Ravel, puis en 1931 et 1932 travaille à Berlin à la réalisation de versions françaises des films d'Anny Ondra. De 1934 (la Maison dans la dune) à 1957 (Jusqu'au dernier), il poursuit une carrière ininterrompue de metteur en scène consciencieux et sans génie. Bon technicien, il est appelé par Jean Cocteau pour tourner Ruy Blas, d'après Victor Hugo (1948, avec Jean Marais). Il a dirigé Raimu dans son dernier film (l'Homme au chapeau rond, 1946, d'après Dostoïevski).
BINI (Alfredo)
producteur italien (Livourne 1926).
Organisateur de productions théâtrales et cinématographiques, il produit son premier film en 1960 : le Bel Antonio (M. Bolognini). Il fait débuter des cinéastes originaux comme Pasolini (Accatone, 1961), Ugo Gregoretti (I nuovi angeli, 1962), Mario Missiroli (La bella di Lodi, 1963) et finance les efforts pasoliniens plus anticonformistes comme Comizi d'amore (1965), Des oiseaux petits et gros (1966), Notes pour une Orestie africaine (1976, RÉ 1970). Ses grands succès commerciaux s'inscrivent dans le droit fil de l'érotisme exotique : Bora Bora (Ugo Liberatore, 1968), Il dio serpente (Piero Vivarelli, 1971), Il Decamerone nero (id., 1972).
BINOCHE (Juliette)
actrice française (Paris 1964).
Elle débute au théâtre à l'âge de 16 ans (le Malade imaginaire de Molière, Henri IV de Pirandello) puis, après une brève apparition à la télévision, se consacre au cinéma. Après avoir interprété des rôles secondaires, notamment dans Je vous salue Marie (1985) de Jean-Luc Godard et la Vie de famille (id.) de Jacques Doillon, elle accède au vedettariat avec Rendez-vous (id.) d'André Téchiné. Elle sait se faire rare à l'écran, préférant se préserver pour mieux se donner aux réalisateurs qu'elle choisit, comme Philip Kaufman avec qui elle tournera l'Insoutenable légèreté de l'être (1988) et surtout Léos Carax dont elle sera l'interprète de prédilection dans Mauvais sang (1986) et dans les Amants du Pont-Neuf (1991). On la retrouve ensuite dans Fatale (L. Malle, 1992), Trois couleurs : Bleu (K. Kieslowski, 1993), Trois couleurs : Blanc (id., 1994), le Hussard sur le toit (J.-P. Rappeneau, 1995), Un divan à New York (Ch. Ackerman, id.), le Patient anglais qui lui vaut un Oscar hollywoodien (A. Minghella, 1997), Alice et Martin (A. Téchiné, 1998), la Veuve de Saint-Pierre (P. Leconte, 2000), Code inconnu (M. Haneke, 2000), Chocolat (Lasse Hallström, 2001).
BIOGRAPH —
1. Appareil de projection américain qui fut utilisé pour la première fois en public le 12 octobre 1896, à l'Olympia Music Hall de New York. Pour le distinguer d'un appareil français homonyme breveté en 1894, on le nomma American Biograph. L'opérateur de D. W. Griffith, Billy Bitzer, avait commencé sa carrière comme projectionniste en utilisant le Biograph.
2. Société de production américaine fondée le 27 décembre 1895 par William K. L. Dickson, Herman Casler, Harry Marvin et Elias Koopman (d'abord appelée American Mutoscope Company, la société prit, en 1899, le nom d'American Mutoscope and Biograph Company, puis, en 1909, celui de Biograph Company ou, plus couramment, Biograph ou AB). Après une période d'âpre concurrence, la Biograph et l'Edison Company se lient pour former la Motion Picture Patents Company (MPPC) et tenter d'enrayer l'extension des nouvelles sociétés indépendantes. Les studios de la Biograph étaient situés au 11 East 14th Street à New York. Parmi les plus célèbres réalisateurs attachés à la Biograph, il faut citer essentiellement D. W. Griffith (qui tourne son premier film les Aventures de Dolly en 1908) et Mack Sennett.