TOURNAGE. (suite)
Le nombre de prises est très variable, selon la difficulté du plan, selon le réalisateur. Buñuel est l'exemple le plus célèbre des réalisateurs qui se contentent d'une ou deux prises. À l'inverse, Bresson ou Clouzot sont connus pour leur capacité d'aller jusqu'à trente prises, sinon plus. Six à huit prises constituent une valeur moyenne.
Le tournage d'un plan est finalement une opération assez longue, qui donne facilement — et faussement — au spectateur non averti (cas des tournages sur la voie publique) l'impression d'une accumulation de temps morts. En moyenne, la quantité de film « utile » enregistrée dans une journée de travail n'excède guère trois à quatre minutes. (La télévision de fiction, qui peut se permettre une image moins « léchée » car elle sera observée sous un angle visuel restreint, est tournée à un rythme sensiblement plus rapide : couramment dix minutes « utiles » par jour.)
En fin de journée, les principaux responsables de la fabrication du film (réalisateur, premier assistant, directeur de la photographie, opérateur du son, directeur de production) visionnent les rushes, c'est-à-dire l'intégralité des prises « entourées » de la veille. (Une des difficultés du tournage en extérieurs, loin du laboratoire de développement, est le retard introduit dans le visionnage des rushes.)
La postproduction.
La phase de postproduction — qui s'achève avec la fourniture de la copie « zéro », c'est-à-dire de la première copie étalonnée — correspond essentiellement au montage, auquel on peut associer toutes les opérations de bruitage, de postsynchronisation (ou de doublage si le film comporte des comédiens étrangers), de confection et d'enregistrement de la musique. Mais il ne faut pas oublier, en aval du montage, le mixage et l'étalonnage, ni — le cas échéant — la confection des effets spéciaux de laboratoire (fondus enchaînés, générique en surimpression, etc.).
Pour cette phase, il ne reste plus, de l'équipe de fabrication antérieure, que le réalisateur, le directeur de production, éventuellement le premier assistant s'il y a des doublages à faire, et, bien entendu, le directeur de la photographie pour l'étalonnage. (L'expression « postproduction » vient du vocabulaire du cinéma publicitaire, où les travaux postérieurs au tournage sont le plus souvent entièrement confiés à des entreprises spécialisées.)
Délais types.
Pour un film moyen, c'est-à-dire à budget moyen et ne soulevant pas de problème particulier de financement ou de réalisation, on peut retenir les délais types suivants : genèse, de l'ordre de 6 mois ; préparation, de 2 à 3 mois ; tournage, de 6 à 10 semaines ; montage, d'environ 15 semaines.
Il est bien clair qu'il s'agit là de valeurs indicatives, susceptibles d'importantes variations selon le genre de film et selon les conditions de production et de réalisation.