Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
L

LÉON (Mike De)

cinéaste philippin (Manille 1947).

Après son aîné Lino Brocka (dont il produisit Manille dans les griffes du néon, 1975), Mike De Léon est probablement le cinéaste le plus accompli de la nouvelle vague du cinéma philippin qui est apparue dans les années 50. Contrairement à Brocka, il vient du milieu très aisé de la haute bourgeoisie. Sa grand-mère créa, en 1938, les studios LVN et son père Manuel De Léon fut un producteur important. En conséquence, Mike De Léon n'eut guère de problèmes pour tourner, et son œuvre peu abondante est d'un niveau assez égal. Après un court métrage, Monologo, sur un photographe qui veut donner un sens à sa vie, il tourne ‘ les Rites de mai ’ (Itim, 1976), mélodrame sur fond de pratiques magiques où il témoigne d'un grand sens de l'atmosphère et du décor. ‘ C'était un rêve ’ (Kunj Mangarap Ka't Magising, 1977) évoque avec beaucoup de fraîcheur le monde des étudiants. Moins bien venu est ‘ le Cœur battant ’ (Kakaba-Kaba-Ka-Ba ?, 1980), comédie musicale allégorique sur l'invasion commerciale japonaise à Manille. Kisapmata (1981) marque un retour au mélodrame à partir d'un fait divers criminel, tandis que Batch' 81 (1981), d'une rare violence, dénonce les méthodes totalitaires des fraternités d'étudiants. Sandangaan (1984) témoigne d'un engagement accru dans les conflits politiques de son pays. Œuvre courageuse mais bavarde sur les luttes syndicales, elle est plus l'expression d'un citoyen engagé que celle de l'artiste accompli que sait être assez souvent Mike De Léon.

LEONARD (Robert Zigler Leonard, dit Robert Z.)

cinéaste américain (Chicago, Ill., 1889 - Beverly Hills, Ca., 1968).

Acteur chez Selig dès 1907, il fait ses débuts de réalisateur avec le serial The Master Key en 1914. Il travaillera avec Universal et Paramount ; mais, pendant trente ans de sa carrière, il est le metteur en scène typique de la MGM, réalisant avec un peu de solennelle distance des drames ou des films musicaux (le Grand Ziegfeld [The Great Ziegfeld], 1936 ; Mon amour t'appelle [Everything I Have Is Yours], 1952) aussi bien que des comédies (Le mariage est une affaire privée [Marriage Is a Private Affair], 1944). Il dirige Jeanette MacDonald dans le Chant du printemps (Maytime, 1937) et l'Île des amours (New Moon, 1940) notamment. On lui doit surtout Orgueil et Préjugés (Pride and Prejudice, 1940). Il a été l'époux de Mae Murray et de Gertrude Olmstead.

LEONE (Sergio)

cinéaste italien (Rome 1929 - id. 1989).

Fils du metteur en scène Roberto Leone Roberti et de l'actrice Bice Valerian, il travaille dans les années 50 à une soixantaine de films comme assistant réalisateur, surtout à des films spectaculaires américains tournés à Cinecittà. En 1959, il réalise à la place de Mario Bonnard, tombé malade, les Derniers Jours de Pompéi (Gli ultimi giorni di Pompei), écrit par deux autres futurs fondateurs du western à l'italienne, Tessari et Corbucci, et dont le directeur de la photo est Barboni (alias E. B. Clucher, qui signera les derniers avatars du genre). Ce péplum, qui raconte un épisode souvent filmé dès la période muette, est suivi dans sa carrière par un autre film historico-mythologique, le Colosse de Rhodes (Il colosso di Rodi, 1961) ; en 1962, il dirige la deuxième équipe du film de Robert Aldrich Sodome et Gomorrhe. Ces expériences lui permettent de se spécialiser dans la démesure. Il y affirme un style baroque et riche en redondances. En 1964, avec Pour une poignée de dollars (Per un pugno di dollari), il transforme en western violent le sujet de Yojimbo (1961) de Kurosawa, et le signe Bob Robertson : l'extraordinaire succès international de ce film affirme son nom, celui de ses collaborateurs (dont le musicien Ennio Morricone, les acteurs Clint Eastwood et Gian Maria Volonté), et surtout l'arrivée tonitruante d'un « nouveau » genre commercial, exploité ensuite pendant de longues années, et imité par les Américains eux-mêmes. Mais c'est plutôt dans les deux suites avec le même personnage populaire du pistolero sans nom qu'il élabore son style original :... Et pour quelques dollars de plus (Per qualche dollaro in più, 1965), et le Bon, la Brute et le Truand (Il buono, il brutto, il cattivo, 1966), apothéose de la violence irrationnelle et démythification volontaire de l'histoire traditionnelle de l'Ouest. Les grands moyens employés (contrairement à la majorité des westerns-spaghetti) lui permettent une ampleur spatiale et une longueur narrative peu communes, même quand les duels et les affrontements se répètent comme de purs jeux formels. En 1968, il crée son œuvre la plus ambitieuse : Il était une fois dans l'Ouest (C'era una volta il West), élégie sanglante et très spectaculaire sur la disparition de l'Ouest classique cher à John Ford (dont il transforme un acteur favori comme Henry Fonda en tueur sadique), tourné dans Monument Valley elle-même. Les tons crépusculaires se font plus graves dans le film suivant, Il était une fois... la Révolution (Giù la testa, 1971), avec Rod Steiger et James Coburn, qui oppose deux « types » d'aventuriers sur toile de fond mexicaine. Il produit ensuite deux westerns presque parodiques qui sonnent comme des nécrologies de toute son œuvre : Mon nom est personne (Il mio nome è nessuno, T. Valeri, 1973) et Un génie, deux associés, une cloche (Un genio, due compari, un pollo, G. Damiani, 1975). Il travaille ensuite comme producteur (les premiers films de Carlo Verdone) et réalise en 1984 Il était une fois en Amérique (Once Upon a Time in America) avec Robert De Niro, film ambitieux sur les années 30 annoncé depuis longtemps et sans cesse ajourné. Son nom reste lié à la fulgurante parabole du western moderniste dit western-spaghetti, dont on discute encore les effets positifs ou négatifs, et la valeur réelle : innovation, ou simple parodie. ▲

LEONOV (Evgueni) [Evgenij Pavlovič Leonov]

acteur soviétique (Moscou 1926).

Un visage tout rond, un embonpoint porté avec beaucoup de naturel. Il en fallait moins pour faire d'Evgueni Leonov un acteur comique particulièrement populaire. Néanmoins, il ne se laisse pas enfermer par son apparence physique et sait interpréter avec autant de force des rôles souriants et des rôles plus intériorisés, voire plus dramatiques. Parmi ses meilleures réussites : l'Affaire Roumiantsev (Y. Kheifits, 1955) ; les Contes de neige (A. Sakharov et E. Chenguelaia, 1960) ; la Légende du Don (Donskaja povest ’, Vladimir Fetine, 1964) ; Trente-Trois (G. Danelia, 1966) ; Ne sois pas triste (id., 1969) ; Brille mon étoile, brille (Gori, gori, moja zvezda, Aleksandr Mitta, 1970) ; Tchaïkovski (Igor Talankine, id.) ; la Gare de Biélorussie (Andrei Smirnov, 1971) ; la Prime (Premija, Sergueï Mikaelian, 1974) ; Afonia (Danelia, 1975) ; Marathon d'automne (id., 1979) ; Kin-dza-dza (id., 1987).