Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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HONG KONG. (suite)

L'engouement pour les films de kung-fu (gongfu) dure pendant toutes les années 70, Jackie Chan prenant le relais de Bruce Lee après sa mort. Dans le même temps, Michael Hui dynamite la comédie cantonaise. Pourtant, le succès du cinéma commercial n'exclut pas que subsistent d'autres réalisateurs, dont les vétérans se nomment Chu Yuan, Chang Cheh, Li Hanxiang* ou King Hu*, ces trois derniers ayant aussi très fortement influencé le développement du cinéma de Taïwan*, étroitement lié à celui de Hong Kong à des moments cruciaux de son histoire.

À la fin des années 70, une Nouvelle Vague, largement formée dans des écoles de cinéma à l'étranger ou à la télévision hongkongaise, apparaît. Le mouvement s'éteint très rapidement, chaque réalisateur menant sa carrière en solitaire. Parmi les cinéastes principaux, il faut citer Allen Fong*, Ann Hui*, Stanley Kwan*, Yim Ho, Shu Kei, Patrick Tam, Kirk Wong et, bien sûr, John Woo et Tsui Hark. En 1984, ce dernier crée la Film Workshop et devient la figure incontournable de la colonie. Ses productions « trustent » les succès quel que soit le genre — du thriller au film de fantômes en passant par la comédie, grâce à leur capacité d'innovation, en comparaison par exemple des films d'un Wong Jing.

Ce qui fait alors la force du cinéma de Hong Kong, c'est d'être à l'avant-garde de la modernité grâce à la rapidité de son rythme et à son extraordinaire virtuosité technique, notamment en ce qui concerne les effets spéciaux. Cela lui permet à l'occasion de faire la nique au cinéma américain lui-même, au moins sur son propre territoire, en Asie du Sud-Est, à Taïwan et au Japon, en attendant d'être mieux connu ailleurs. Ce qui devient le cas, grâce à Histoires de fantômes chinois de Ching Siu-Tung (1987) et The Killer de John Woo (1989), qui révèlent le cinéma de la colonie britannique à l'étranger. Ce dernier réalisateur s'exile d'ailleurs aux États-Unis, où il continue sa carrière, suivi notamment, avec plus ou moins de succès, par Jackie Chan, Kirk Wong, Tsui Hark, Ringo Lam, Peter Chan ou les acteurs Chow Yun-fat, Michelle Yeoh et Jet Lee.

À la fin des années 80, le cinéma hongkongais s'essouffle, le public se lassant des « recettes commerciales » à répétition, tandis qu'une « Nouvelle Nouvelle Vague » émerge, dont le chef de file serait Wong Kar-waï, et parmi laquelle on pourrait compter Cha Chuen-yee (Once upon a time in Triad Society [Wongjiao Cha-fit-ren Bingtuan], 1996), Gordon Chan (Fist of Legend, 1994), Jacob Cheung, Fruit Chan, Peter Chan, Yu Lik-wai (Love will tear us apart, 1997).

Aujourd'hui, le cinéma de Hong Kong continue à produire plus d'une centaine de films par an, y compris quelques-uns réalisés par des cinéastes de Chine continentale, comme Adieu ma concubine (Chen Kaige, 1993), avec laquelle les échanges, bien que difficiles, sont de plus en plus fréquents.

Le retour de Hong Kong à la Chine continentale, en 1997, s'accompagne de nombreuses incertitudes, mais ce qui est le plus à craindre pour le cinéma de Hong Kong n'est pas la pression accrue de la censure, mais le non-renouvellement des talents. En effet, au début des années 2000, à la différence de la Chine continentale, Hong Kong compte peu de très jeunes réalisateurs.

HONGRIE.

En juin 1896, un premier spectacle cinématographique est offert aux habitants de Budapest par un commerçant avisé, Arnold Sziklai, qui, lors d'un voyage à Paris, avait assisté à la projection des films tournés par les opérateurs Lumière et n'avait eu de cesse de rapporter dans ses bagages un appareil. Bientôt, à Budapest, le cinématographe fit partie des « attractions » de certains cafés qui jusqu'alors proposaient surtout à leurs clients des récitals de musique ou des causeries littéraires. En 1898, la première société cinématographique hongroise, la Projectograph, est fondée par Mór Ungerleider, directeur du café Velence, et son associé, Jószef Neumann. Parallèlement à certaines tentatives artisanales, d'autres initiatives voient le jour : en 1901, Béla Zsitkovszki réalise la Danse (A tánc) pour le compte d'une association culturelle et scientifique, la société Urania. Cependant, l'organisation d'une véritable industrie du film est longue à s'implanter. Le premier studio (Hunnia) n'est construit qu'à la fin de 1911, et l'un des premiers longs métrages, les Sœurs (Növérek) d'Ödön Uher, n'est présenté au public qu'en 1912. L'année 1912 marque d'ailleurs la véritable naissance du film hongrois. Quand la Première Guerre mondiale éclate deux ans plus tard, le cinéma a définitivement oublié sa difficile période d'apprentissage. Des compagnies ambitieuses sont nées à Budapest et à Kolozsvár (auj. Cluj) en Transylvanie ; les journaux ouvrent leurs colonnes aux chroniqueurs cinématographiques ; 55 films seront tournés en trois ans. Le cinéma est certes entièrement tributaire de la littérature, mais déjà certains metteurs en scène s'imposent, comme Mihály Kertész (qui sera plus tard connu sous le nom de Michael Curtiz*) ou comme l'ex-journaliste Sándor Korda* (qui deviendra le célèbre producteur Alexander Korda, responsable de la renaissance de l'industrie du cinéma en Grande-Bretagne). Sándor Korda est non seulement un habile réalisateur, mais un organisateur-né. En 1918, la firme Phonix de Mihály Kertész et la Corvin de Sándor Korda dominent la production du pays. Certains théoriciens comme Jenö Török annoncent Béla Balázs* en cherchant une définition esthétique du cinéma. La guerre et les désordres qui vont suivre la défaite allemande entraînent cependant la Hongrie dans une instabilité politique peu propice à l'épanouissement du cinéma.

Le cinéma hongrois dans la tourmente politique.

Quand Béla Kun prend le pouvoir et impose la république des Conseils, l'industrie du cinéma, paradoxalement, réagit très favorablement au nouveau régime et à la nationalisation (historiquement, il s'agit de la première nationalisation, puisque ce n'est qu'en août 1919 que le décret de Lénine promulguera la nationalisation du cinéma soviétique). Les producteurs virent dans la nationalisation une possibilité de défendre leurs droits vis-à-vis des distributeurs, qui imposaient depuis quelque temps leur loi. Ils s'entraidèrent du mieux qu'ils purent pour établir divers organismes, dont un département central créé spécialement pour l'étude des scénarios.