HONG KONG. (suite)
L'engouement pour les films de kung-fu (gongfu) dure pendant toutes les années 70, Jackie Chan prenant le relais de Bruce Lee après sa mort. Dans le même temps, Michael Hui dynamite la comédie cantonaise. Pourtant, le succès du cinéma commercial n'exclut pas que subsistent d'autres réalisateurs, dont les vétérans se nomment Chu Yuan, Chang Cheh, Li Hanxiang* ou King Hu*, ces trois derniers ayant aussi très fortement influencé le développement du cinéma de Taïwan*, étroitement lié à celui de Hong Kong à des moments cruciaux de son histoire.
À la fin des années 70, une Nouvelle Vague, largement formée dans des écoles de cinéma à l'étranger ou à la télévision hongkongaise, apparaît. Le mouvement s'éteint très rapidement, chaque réalisateur menant sa carrière en solitaire. Parmi les cinéastes principaux, il faut citer Allen Fong*, Ann Hui*, Stanley Kwan*, Yim Ho, Shu Kei, Patrick Tam, Kirk Wong et, bien sûr, John Woo et Tsui Hark. En 1984, ce dernier crée la Film Workshop et devient la figure incontournable de la colonie. Ses productions « trustent » les succès quel que soit le genre — du thriller au film de fantômes en passant par la comédie, grâce à leur capacité d'innovation, en comparaison par exemple des films d'un Wong Jing.
Ce qui fait alors la force du cinéma de Hong Kong, c'est d'être à l'avant-garde de la modernité grâce à la rapidité de son rythme et à son extraordinaire virtuosité technique, notamment en ce qui concerne les effets spéciaux. Cela lui permet à l'occasion de faire la nique au cinéma américain lui-même, au moins sur son propre territoire, en Asie du Sud-Est, à Taïwan et au Japon, en attendant d'être mieux connu ailleurs. Ce qui devient le cas, grâce à Histoires de fantômes chinois de Ching Siu-Tung (1987) et The Killer de John Woo (1989), qui révèlent le cinéma de la colonie britannique à l'étranger. Ce dernier réalisateur s'exile d'ailleurs aux États-Unis, où il continue sa carrière, suivi notamment, avec plus ou moins de succès, par Jackie Chan, Kirk Wong, Tsui Hark, Ringo Lam, Peter Chan ou les acteurs Chow Yun-fat, Michelle Yeoh et Jet Lee.
À la fin des années 80, le cinéma hongkongais s'essouffle, le public se lassant des « recettes commerciales » à répétition, tandis qu'une « Nouvelle Nouvelle Vague » émerge, dont le chef de file serait Wong Kar-waï, et parmi laquelle on pourrait compter Cha Chuen-yee (Once upon a time in Triad Society [Wongjiao Cha-fit-ren Bingtuan], 1996), Gordon Chan (Fist of Legend, 1994), Jacob Cheung, Fruit Chan, Peter Chan, Yu Lik-wai (Love will tear us apart, 1997).
Aujourd'hui, le cinéma de Hong Kong continue à produire plus d'une centaine de films par an, y compris quelques-uns réalisés par des cinéastes de Chine continentale, comme Adieu ma concubine (Chen Kaige, 1993), avec laquelle les échanges, bien que difficiles, sont de plus en plus fréquents.
Le retour de Hong Kong à la Chine continentale, en 1997, s'accompagne de nombreuses incertitudes, mais ce qui est le plus à craindre pour le cinéma de Hong Kong n'est pas la pression accrue de la censure, mais le non-renouvellement des talents. En effet, au début des années 2000, à la différence de la Chine continentale, Hong Kong compte peu de très jeunes réalisateurs.