MURNAU (Friedrich Wilhelm Plumpe, dit F. W.) (suite)
Nosferatu a beaucoup fait pour la renommée du cinéaste. Ce film est aujourd'hui un des classiques du fantastique. Mais c'est que le sujet adapté par Henrik Galeen, d'après Bram Stoker (Dracula), a subi une métamorphose. Murnau a investi l'image du pouvoir d'épouvanter non grâce aux artifices scéniques de Caligari (R. Wiene, 1919), mais par le réalisme de l'indicible. Il nous donne à déchiffrer la poésie de l'horreur avec une étonnante simplicité de moyens. Dans Fantôme, puis dans le Dernier des hommes, les trucages, les mouvements d'appareil traduisaient les visions de l'ivresse du jeune homme et du vieux portier, le premier dépouillé de ses rêves, le second de son statut, de sa dignité. Nosferatu atteint, comme l'Aurore ou Tabou, par la transparence de son écriture, les nappes les plus noires des vieilles hantises de l'homme romantique. C'est, sans doute, cet enracinement culturel qui, plus tard, fera considérer ce film comme prémonitoire. Mort à la fin du muet, Murnau demeure un des premiers très grands auteurs de l'histoire du cinéma, autant par ce qu'il annonçait que par une œuvre pour sa plus grande part exemplaire.
Méfiant envers le sonore, Murnau avait porté le cinéma muet à la plénitude de ses moyens, au moment même où il abordait la phase nouvelle de son évolution.
Films :
Der Knabe in blau / Der Todessmaragd (1919) ; Satanas (1920) ; Sehnsucht / Bajazzo (id.) ; Der Bucklige und die Tänzerin (id.) ; Der Januskopf / Schreicken (id.) ; Abend... Nacht... Morgen (id.) ; Der Gang in die Nacht (1921) ; Schloss Vogelöd (id.) ; Marizza, gennannt die Schmugglermadonna / Ein shönes Tier (1922) ; Nosferatu le Vampire (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens, id.) ; la Terre qui flambe (Der brennende Acker, id.) ; le Fantôme (Phantom, id.) ; l'Expulsion (Die Austreibung, 1923) ; les Finances du grand-duc (Die Finanzen des Grossherzogs, 1924) ; le Dernier des hommes (Der letze Mann, id.) ; Tartuffe (Tartüff, 1926) ; Faust (id., id.) ; l'Aurore (Sunrise, US, 1927) ; Four Devils (US, 1928) ; la Bru (Our Daily Bread / City Girl, US, 1930) ; Die Zwölfte Stunde, eine Nacht des Grauens (version « adaptée » et sonorisée de Nosferatu par Waldemar Roger, sans mention de F. W. Murnau, id.) ; Tabou (Tabu, CO R. Flaherty, US, 1931).