Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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MURNAU (Friedrich Wilhelm Plumpe, dit F. W.) (suite)

Nosferatu a beaucoup fait pour la renommée du cinéaste. Ce film est aujourd'hui un des classiques du fantastique. Mais c'est que le sujet adapté par Henrik Galeen, d'après Bram Stoker (Dracula), a subi une métamorphose. Murnau a investi l'image du pouvoir d'épouvanter non grâce aux artifices scéniques de Caligari (R. Wiene, 1919), mais par le réalisme de l'indicible. Il nous donne à déchiffrer la poésie de l'horreur avec une étonnante simplicité de moyens. Dans Fantôme, puis dans le Dernier des hommes, les trucages, les mouvements d'appareil traduisaient les visions de l'ivresse du jeune homme et du vieux portier, le premier dépouillé de ses rêves, le second de son statut, de sa dignité. Nosferatu atteint, comme l'Aurore ou Tabou, par la transparence de son écriture, les nappes les plus noires des vieilles hantises de l'homme romantique. C'est, sans doute, cet enracinement culturel qui, plus tard, fera considérer ce film comme prémonitoire. Mort à la fin du muet, Murnau demeure un des premiers très grands auteurs de l'histoire du cinéma, autant par ce qu'il annonçait que par une œuvre pour sa plus grande part exemplaire.

Méfiant envers le sonore, Murnau avait porté le cinéma muet à la plénitude de ses moyens, au moment même où il abordait la phase nouvelle de son évolution.

Films  :

Der Knabe in blau / Der Todessmaragd (1919) ; Satanas (1920) ; Sehnsucht / Bajazzo (id.) ; Der Bucklige und die Tänzerin (id.) ; Der Januskopf / Schreicken (id.) ; Abend... Nacht... Morgen (id.) ; Der Gang in die Nacht (1921) ; Schloss Vogelöd (id.) ; Marizza, gennannt die Schmugglermadonna / Ein shönes Tier (1922) ; Nosferatu le Vampire (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens, id.) ; la Terre qui flambe (Der brennende Acker, id.) ; le Fantôme (Phantom, id.) ; l'Expulsion (Die Austreibung, 1923) ; les Finances du grand-duc (Die Finanzen des Grossherzogs, 1924) ; le Dernier des hommes (Der letze Mann, id.) ; Tartuffe (Tartüff, 1926) ; Faust (id., id.) ; l'Aurore (Sunrise, US, 1927) ; Four Devils (US, 1928) ; la Bru (Our Daily Bread / City Girl, US, 1930) ; Die Zwölfte Stunde, eine Nacht des Grauens (version « adaptée » et sonorisée de Nosferatu par Waldemar Roger, sans mention de F. W. Murnau, id.) ; Tabou (Tabu, CO R. Flaherty, US, 1931).

MUR OTI (Manuel)

cinéaste espagnol (Vigo 1908).

Son œuvre initiale, Un hombre va por el camino (1949), passe à l'époque pour une première incursion néoréaliste espagnole. Or, sa nouveauté n'est que stylistique : les extérieurs, la luminosité, le grand air partagent les valeurs dominantes du cinéma franquiste, avec sa célébration de la terre, du travail et de la famille. Après Cielo negro (1951), la vacuité de sa virtuosité esthétique devient de plus en plus évidente : Condenados (1953), Orgullo (1955), Fedra (1956). Il se perd ensuite dans de médiocres entreprises commerciales dénuées de tout alibi artistique.

MURPHY (Audie)

acteur américain (Kingston, Tex., 1924 - Roanoke, Va., 1971).

Ouvrier agricole à douze ans, orphelin de père et de mère à seize, il est le soldat américain le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale (vingt-quatre décorations, dont la médaille d'honneur du Congrès) et la légende veut qu'il ait tué, blessé ou capturé plus de deux cents combattants allemands. James Cagney et son frère Bill l'incitent à devenir acteur de cinéma. En dehors de l'Enfer des hommes (J. Hibbs, 1955), qui relate ses propres exploits militaires et de la Charge victorieuse (J. Huston, 1951), réflexion complexe sur l'héroïsme et la lâcheté, il s'est surtout spécialisé dans les westerns de série tels que Chevauchée avec le diable (Hibbs, 1954) ; le Nettoyeur (G. Marshall, 1955) ; le Fort de la dernière chance (id., 1957) ; l'Homme de San Carlos (Hibbs, 1956) qui pose courageusement le problème des réserves indiennes, et les Sept Chemins du couchant (H. Keller, 1960). Interprète de John Huston (le Vent de la plaine, id.), Joseph L. Mankiewicz (Un Américain bien tranquille, 1958) et Budd Boetticher (À feu et à sang, 1952 ; Qui tire le premier ?, 1971), il a trouvé la mort dans un accident d'avion, alors qu'il avait déjà abandonné le cinéma dont il avait été l'un des héros populaires.

MURPHY (Edward Regan Murphy, dit Eddie)

acteur américain (New York, N. Y., 1961).

Son ascension fut fulgurante. À quinze ans, Eddie Murphy présente ses propres sketches d'abord dans des maisons de jeunes puis dans des cabarets, avant de devenir la vedette d'une émission de télévision extrêmement populaire, Saturday Night Live, à partir de 1980. Quand il fait ses débuts au cinéma, en 1982, dans 48 heures (W. Hill), il a déjà à son actif plusieurs disques. Devenu le plus populaire des comédiens noirs, il enchaîne les succès : Un fauteuil pour deux (J. Landis, 1983), le Flic de Beverly Hills (Beverly Hills Cop, Martin Brest, 1984), Une défense canon (Best Defense, Willard Huyck, id.), Golden Child, l'enfant sacré du Tibet (M. Ritchie, 1986), le Flic de Beverly Hills 2 (Beverly Hils Cop 2, T. Scott, 1987). En 1987 Eddie Murphy Raw, de Robert Townsend, est un montage des meilleurs moments de son one-man-show. Paramount lui a fait signer en 1983 un contrat d'exclusivité sans précédent dans l'histoire du cinéma : quinze millions de dollars pour cinq films. On le retrouve en 1989 à la fois producteur, réalisateur et acteur dans les Nuits de Harlem (Harlem Nights). En 1990, il interprète 48 Heures de plus de W. Hill puis Boomerang (Reginald Hudlin, 1992), Monsieur le Député (The Distinguished Gentleman, Jonathan Lynn, id.), le Flic de Beverly Hills 3 (Cop 3, Beverly Hills, J. Landis, 1994), Un vampire à Brooklyn (W. Craven 1996), Professeur Foldingue (The Nutty Professor, Tom Shadyac, id.) et sa suite, la Famille Foldingue (id., 2000) : Murphy y sombre dans la vulgarité et paraît renoncer à toute velléité de qualité.

MURPHY (George)

acteur américain (New Haven, Conn., 1902 - Palm Beach, Fla., 1992).

Études à Yale. Après avoir été livreur de charbon, il devient danseur de night-clubs et de restaurants. En 1927, il est à Broadway ; sept ans plus tard, à Hollywood. On le remarque dans diverses comédies musicales telles que Broadway Melody of 1938 (R. Del Ruth, 1937)  ; la Vie en rose (I. Cummings, 1938), où il est le partenaire de Shirley Temple, et For Me and My Gal (B. Berkeley, 1942). Sous contrat à la MGM, il est l'interprète de deux remarquables films de guerre : Bataan (T. Garnett, 1943) et Bastogne (W. Wellman, 1949), qui révèlent, derrière le chanteur-danseur d'hier, un authentique acteur dramatique. Président de la Screen Actors Guild et fondateur de l'Hollywood Republican Committee, il abandonne le cinéma en 1952 pour se consacrer à la politique. Il est élu sénateur de Californie en 1964 (il bat Pierre Salinger) et le restera jusqu'en 1971.