DE ANTONIO (Emile)
cinéaste américain (Scranton, Pa., 1920 - New York, N. Y., 1989).
Venu au cinéma après avoir exercé divers métiers (dont ceux de débardeur et d'éditeur), il a créé un nouveau genre de « film de montage », fondé moins sur les effets de contraste ou d'enchaînement que sur la fausse neutralité des matériaux utilisés, dont il se contente de souligner discrètement par ses choix la signification latente (ou l'une des significations : De Antonio ne fait pas mystère de ses opinions). Ainsi Point of Order (1964), confectionné à partir des matériaux TV filmés pendant le procès de l'armée américaine contre Joseph McCarthy, révèle la théâtralité intrinsèque du monde politique et les « dons d'acteurs » des principaux protagonistes. Rush to Judgement (sur les investigations officielles qui suivirent l'assassinat du président Kennedy, 1967) et Richard Milhouse Nixon (Milhouse : A White Comedy, 1971, violente satire contre Nixon) sont moins réussis. Mais Vietnam, l'année du Cochon (In the Year of the Pig, 1969), mêlant habilement interviews et documents bruts, reste le meilleur film sur (et contre) la guerre du Viêt-nam. Après Painters Painting (1973), remarquable évocation des vedettes de la peinture américaine contemporaine, présentées avec une objectivité et un sens de la mise en place qui orientent le jugement mieux que tout commentaire sur leurs interviews, De Antonio a réalisé Underground (1977), où les survivants de la guérilla urbaine et de l'extrémisme radical des années 60 font le bilan (encore clandestin) de leurs rêves et de leurs luttes puis In the King of Prussia (1982). Dans Mr Hoover and I (1989), il a fait le pittoresque récit de ses démêlés avec le patron du FBI.
DEARDEN (Basil)
cinéaste britannique (Westcliff-on-Sea 1911 - Londres 1971).
D'abord acteur, puis régisseur de théâtre, Basil Dearden est associé, au début de sa carrière, à l'auteur-producteur et metteur en scène Basil Dean. Quand ce dernier prend en charge les studios Ealing, Dearden devient assistant de cinéma (1937) et scénariste (il écrit pour le fantaisiste George Formby). Après avoir coréalisé des films avec l'acteur Will Hay, il signera seul en 1943, pour Michael Balcon, The Bells Go Down. Dès lors, membre de l'équipe Ealing, il est souvent associé au réalisateur-décorateur-producteur Michael Relph. Parmi ses premiers films, on peut retenir : Ils vinrent dans la cité (They Came to a City, 1944, d'après la pièce de John Boynton Priestley) ; Au cœur de la nuit (Dead of Night, 1945), où il met en scène le sketch du pilote de course au rêve prémonitoire ; J'étais un prisonnier (The Captive Heart, 1946) ; Frieda (id. 1947, où la Suédoise Mai Zetterling, alors actrice, tenait le rôle d'une jeune Allemande venue vivre dans une famille anglaise) ; Sarabande (Saraband for Dead Lovers / Saraband, 1948), avec Françoise Rosay et Stewart Granger, qui tient le rôle de Koenigsmark ; Police sans arme (The Blue Lamp, 1950), tableau de la vie quotidienne de la police londonienne : Dirk Bogarde y tenait le rôle d'un jeune voyou, et Jack Warner celui d'un policier au grand cœur. (Ce film sera à l'origine d'une série TV.) Ce climat policier est repris dans les Trafiquants de Dunbar (Pool of London, 1951) ; Un si noble tueur (The Gentle Gunman, 1952). En 1955, les studios Ealing sont vendus à la BBC, et Dearden et son associé Relph vont produire et réaliser des films – policiers le plus souvent, tel Hold-up à Londres (The League of Gentlemen, 1960) – pour Rank. Sous le plus petit chapiteau du monde, scénario de William Rose (The Smallest Show on Earth, 1957), est produit avec F. Launder et S. Gilliat. Les films les plus originaux de cette période sont sans doute Opération Scotland Yard (Sapphire, 1959), dénonciation du racisme antinoir, sur fond policier, et, autre scénario de Janet Green, la Victime (Victim, 1961), qui traite du « racisme antihomosexuel ». On pourra retenir également la Femme de paille (Woman of Straw, 1964, avec Gina Lollobrigida) et Assassinats en tous genres (The Assassination Bureau, 1969). Dans Khartoum (1966, avec Laurence Olivier et Charlton Heston dans les principaux rôles), il aborde le registre de la superproduction dans le cadre de la grande tradition coloniale. Cinéaste appliqué et scrupuleux, Dearden est le type même de l'honnête artisan : en ne craignant pas d'aborder des sujets « difficiles » (même si le traitement en paraît désuet aujourd'hui), il a fait preuve d'un courage certain.
DEARLY (Lucien Rolland, dit Max)
acteur français (Paris 1874 - id. 1943).
Ce brillant fantaisiste, qui fit les beaux jours des variétés d'avant 1914, faillit apporter à l'écran un personnage ébouriffant, mais le grain de folie dont il assaisonne ses rôles et sa personnalité débridée s'accommodent mal des conventions d'un certain cinéma. Raymond Bernard (les Misérables, 1934) ; Jean Renoir (Madame Bovary, id.) misent sur son allégresse diabolique mais la modèrent et l'éteignent quelque peu. En revanche, René Clair la fait crépiter dans le Dernier Milliardaire (1934) et son affrontement avec Jules Berry dans Arlette et ses papas (H. Roussell, 1934) est étourdissant. Il domine avec son éblouissante désinvolture Azaïs (R. Hervil, 1931) ; Si j'étais le patron (Richard Pottier, 1934) ; la Vie parisienne (R. Siodmak, 1935). Près de la retraite, il se voit confier par Sacha Guitry l'un des meilleurs sketchs de Ils étaient neuf célibataires (1939).
DEBAR (Andrée)
actrice française de théâtre et de cinéma (Maisons-Laffitte 1920).
Elle paraît à l'écran en 1947 dans le Bataillon du ciel d'Alexandre Esway. Après quelques petits rôles en Allemagne, elle tourne en France et en Italie. Parmi les films dans lesquels elle a joué, on peut citer : le Paradis des pilotes perdus (G. Lampin, 1949) ; le Jugement de Dieu (R. Bernard, 1952, RÉ 1949) ; le Marchand de Venise (P. Billon, 1952) ; le Port du désir (E. T. Gréville, 1955) ; et, avec la cinéaste méconnue Jacqueline Audry, la Garçonne (1957) et le Secret du chevalier d'Éon (1960).
DE BENEDETTI (Aldo)
scénariste et cinéaste italien (Rome 1892 - id. 1970).
Dès 1916, il écrit plusieurs drames et comédies théâtrales à succès souvent portés à l'écran. Il dirige trois films (Marco Visconti, 1922 ; Anita [Garibaldi l'eroe dei due mondi], 1926 ; La Grazia, 1929). Il écrit des scénarios pour Mario Camerini (Les hommes, quels mufles !, 1932) et de nombreux mélodrames pour Mario Mattoli (Felicità Colombo, 1937 ; Lumière dans les ténèbres, 1941). Il collabore aussi avec Vittorio De Sica (Roses écarlates, 1940, d'après sa comédie), avec Alessandro Blasetti, Nunzio Malasomma et Gennaro Righelli. Après la guerre, il écrit quelques-uns des meilleurs mélodrames populaires de Raffaello Matarazzo (le Mensonge d'une mère, 1950 ; le Fils de personne, 1951 ; la Fille de la rizière, 1955), où il affine sa vision tragique du destin humain. Son œuvre littéraire et cinématographique a influencé profondément la culture italienne.