CHVEITZER (Mikhaïl) [Moisej/Mihail Abramovič Švejcer]
cinéaste soviétique (Perm' 1920).
À l'Institut du cinéma de Moscou, qui lui octroie son diplôme en 1943, il suit l'enseignement d'Eisenstein. Si son premier film, ‘le Chemin de la gloire’ (Put‘ slavy) [CO B. Bouneev et A. Rybakov, 1949], passe presque inaperçu, il n'en est pas de même, en 1956, pour la Parenté étrangère (Čužaja rodnja), solide témoignage, d'après un roman de Tendriakov, sur la vie à la campagne. Il reste fidèle à cet écrivain pour ‘Sacha entre dans la vie’ (Saša vstupaet v žizn', 1957) dont la première version le Nœud serré (Tugoj uzel) avait été jugée inacceptable par sa violente dénonciation des « apparatchiks », ces secrétaires locaux du Parti sans scrupules, puis coupée et en partie re-tournée. Il adapte ensuite Tolstoï dans Résurrection (Voskresenie, deux parties, 1960 et 1962), Kataïev dans ‘En avant, le temps’ (Vremja, vpered, 1966), puis les auteurs satiriques Ilf et Petrov dans le Veau d'or (Zolotoj telenok, 1969). On lui doit encore, notamment, ‘la Fuite de M. MacKinley’ (Begstvo Mistera Mak Kinli, 1975) et des adaptations littéraires : Des gens ridicules (Smešnye Pjoudi, 1978, d'après Tchékhov), Petites tragédies (Malen'kie tragedii, 1980, d'après Pouchkine), les Âmes mortes (Mertvye duši, 1984, d'après Gogol) et la Sonate à Kreutzer (Krejcerova sonata, 1987, CO Sofia Milkina). Il signe en 1993 ‘Écoute, Fellini’ (Poslušaj, Fellini, CO : Sofia Milkina).
CHYTILOVA (Věra)
cinéaste tchèque (Ostrava 1929).
Elle suit des cours d'architecture, puis travaille comme dessinatrice, mannequin, script-girl. En 1957, elle s'inscrit à la FAMU et pendant cinq ans étudie dans la classe d'Otakar Vávra. Son film de fin d'études, le Plafond (Strop, 1962), lui vaut un prix au festival d'Oberhausen. Son attirance vers le cinéma-vérité se manifeste encore dans un autre moyen métrage : Un sac de puces (Pytel blech, id.), qui évoque les problèmes d'un collectif de jeunes ouvrières, et dans son premier long métrage, Quelque chose d'autre (O něčem jiném, 1963), où elle évoque en parallèle la vie de deux femmes : une ménagère sans ambitions professionnelles et une championne de gymnastique (jouée par une vraie championne, Eva Bosákova). Après un sketch (Self-Service Univers) du film-manifeste de la Nouvelle Vague tchécoslovaque : les Petites Perles au fond de l'eau (Perličky na dně, 1965), elle s'éloigne du cinéma-vérité pour aborder des paraboles stylisées à mi-chemin entre la farce corrosive et la transposition philosophique et politique. Épaulée par la scénariste et costumière Ester Krumbachova, elle signe les Petites Marguerites (Sedmikrásky, 1966), portrait de deux gamines irresponsables et irrévérencieuses pour lesquelles la vie n'est qu'un jeu iconoclaste, puis les Fruits du paradis (Ovoce stromů rajskÿch Jíme, 1969), comédie faussement naïve où l'on apprend qu'il n'est guère possible de vivre en accord avec soi-même. Le nihilisme enjoué de Chytilova se heurte après les événements de 1968 à une désapprobation ouverte du régime, qui la réduit pendant près de sept années à un chômage artistique. Ce n'est qu'en 1976 qu'elle parvient à réaliser le Jeu de la pomme (Hra o jablko), avec Jiři Menzel dans l'un des rôles principaux. Le film, malgré d'évidentes concessions au réalisme, n'enchante visiblement pas les autorités et ne fait dans son pays qu'une carrière éclair. Après un documentaire, Le temps est impitoyable (Cas je neúprosny, 1978), où elle tente de prouver que le seul moyen d'affronter la vieillesse est de garder une activité créatrice, elle réalise, aux Studios de Barrandov cette fois, Panelstory (1979), une mordante satire sur les conditions de vie des habitants d'un quartier en construction et la déformation des rapports humains qui en résulte. Le film ne sort que vers la fin 1981 et n'atteint pas plusieurs régions du pays. En 1980, la Calamité (Kalamita) s'intéresse à certaines déformations d'ordre éthique et rencontre d'égales difficultés de distribution. Elle réalise ensuite l'Après-midi d'un vieux faune (Faunovo velmi pozdni odpoledne, 1985), le Chalet des loups (Vlčí bouda, 1986), le Bouffon et la Reine (Šašek a kralovna, 1987), Un coup par-ci, un coup par-là (Kopytem sem, kopytem tam, 1989), ‘Mes Pragois me comprennent’ (Moji Pražané mi rozuměji, MM, 1991), ‘l'Héritage’ (Dědictví aneb kurvahošigutntag, 1992), une comédie populaire, ‘Où allez-vous, jeunes filles ?’ (Kam panenky..., CM, DOC, 1993), Pièges, petits pièges (Pasti, pasti, pastičky, 1998), Chassé du Paradis (Vyhnani z raje, 2001). On lui doit également d'autres documentaires : ‘Prague, cœur inquiet de l'Europe’ (Praha, neklidné srdce Evropy, 1984) et ‘T.G.M. le libérateur’ (T.G.M. osvoboditel, 1990). Věra Chytilova a été l'épouse du chef opérateur Jaroslav Kučera.▲
CIAMPI (Yves)
cinéaste français (Paris 1921 - id. 1982).
Il a pour père le pianiste Marcel Ciampi et pour mère la violoniste Yvonne Astruc ; mais il préfère d'abord la médecine à toute carrière artistique. Le cinéma d'amateur, toutefois, le conduit à l'autre, et il devient l'assistant de Dréville et d'Hunebelle. Il passe à la réalisation en 1945 et se fait connaître avec Un grand patron (1951) et, surtout, Les héros sont fatigués (1955). Il est dès lors considéré comme un bon « technicien » et comme un spécialiste du suspense psychologique : Typhon sur Nagasaki (1957), Qui êtes-vous M. Sorge ? (1960), le Ciel sur la tête (1964) sont ses meilleures réussites dans ce genre. Il est moins à l'aise dans l'étude intimiste (À quelques jours près, 1969). Il s'est ensuite surtout consacré à la télévision.
CICOGNINI (Alessandro)
musicien italien (Pescara 1906 - Rome 1995).
Auteur prolifique dont l'activité cinématographique s'étend de 1937 à 1965, Cicognini a surtout écrit des partitions aux mélodies agréables et faciles à mémoriser, par exemple Deux Sous d'espoir (R. Castellani, 1952), le Petit Monde de don Camillo (J. Duvivier, 1952), Pain, Amour et Fantaisie (L. Comencini, 1953). Collaborateur régulier de Blasetti (une dizaine de titres à partir de 1939), Cicognini a été associé aux meilleurs films de De Sica (Sciuscià, le Voleur de bicyclette, Miracle à Milan, Umberto D., l'Or de Naples, le Toit, le Jugement dernier).