cinéaste mexicain (Mexico 1904 - id. 1989).
Il vient du théâtre et débute au cinéma avec Yo soy tu padre (1927). Son film Dos monjes (1934) est une des œuvres les plus étranges de l'étape préindustrielle du cinéma mexicain : la rivalité amoureuse de deux moines est mise en scène selon deux versions opposées, dont l'expressionnisme et le symbolisme révèlent des inquiétudes d'avant-garde, mais débouche sur un maniérisme qui s'accommode des genres divers développés sur les écrans mexicains, lors de son expansion. Bustillo Oro lui-même ouvre la voie à l'évocation nostalgique de la période prérévolutionnaire, avec En tiempos de Don Porfirio (1939), film rococo, plein de vieilles mélodies, dont il exploite la veine encore dans Mexico de mis recuerdos (1940), Las tandas del Principal (1949), Los valses venían de Viena y los niños de París (1965). Il réalise un des premiers succès du comique Cantinflas (Ahí está el detalle, 1940). La sophistication de sa comédie « ranchera » (paysanne) Las mañanitas (1949) va jusqu'à remplir les dialogues de proverbes. Les mélodrames familiaux trouvent en lui un réalisateur convaincu de la nécessité de défendre la cellule de base de la société contre vents et marées (Cuando los hijos se van, 1941 ; Cuando los padres se quedan solos, 1948), y compris contre la sacro-sainte révolution mexicaine (Vino el remolino y nos alevantó, 1949). Cet épisode encensé depuis par les sphères officielles reste en fait apolitique, à l'opposé de El compadre Mendoza (F. de Fuentes, 1933), excellente allégorie, au scénario duquel il avait pourtant collaboré. Son abondante filmographie, s'étendant sur quarante ans, résume assez bien les qualités et les limites de toute une phase du cinéma mexicain. Autres titres : Cuando quiere un mexicano (1944), un des films qui font de Jorge Negrete une vedette, et Canaima (1945), d'après Rómulo Gallegos.