TOEI (littéralement « Films de l'Est »).
Compagnie japonaise créée en 1951 par la fusion de deux petites entreprises (Toyoko et Oizumi) avec à sa tête le businessman Hiroshi Okawa, et l'une des plus ouvertement commerciales, elle sut attirer des acteurs de « jidai-geki » comme Chiezo Kataoka, Utaemon Ichikawa ou, surtout, Kinnosuke Nakamura, qui devint rapidement la plus grande star du genre dans les années 50 et 60 (série des ‘ Miyamoto Musashi ’, de Tomu Uchida, 1961 à 1965). Malgré quelques œuvres de qualité (la Légende cruelle du Bushido, 1963, et d'autres films de Tadashi Imai) et la production des premiers longs métrages animés au Japon (la Légende de Mme Pai-Niang, de Taiji Yabushita, 1958, et plusieurs autres films à l'esthétique disneyenne), la production générale de la Toei s'est essentiellement orientée vers les genres populaires, avec, après 1970, une vogue grandissante de films de yakuza (gangsters), dont les plus prolifiques représentants sont l'acteur Ken Takakura et le cinéaste Kinji Fukasaku. La Toei produit ou distribue néanmoins certaines réalisations de cinéastes indépendants (‘ le Boxeur ’, S. Terayama, 1978 ; ‘ la Rivière de boue ’, Kohei Oguri, 1981), sans qu'une politique précise soit définie, dans un climat de crise permanente. Elle distribue également de nombreux films produits par l'éditeur Haruki Kadokawa, d'après ses propres best-sellers policiers ou fantastiques. Surtout connue aujourd'hui pour ses séries de dessins animés qui ont occupé les écrans de télévision en Occident à partir des années 80, comme Dragon Ball, les Chevaliers du Zodiaque (Saint Seiya), Galaxy Express 999 (Ginga Tetsudo Three-Nine) ou Sailor Moon, elle coproduit aussi des films de prestige, comme ceux d'Imamura : la Ballade de Narayama, Zegen, Pluie noire, tous présentés à Cannes. Au début des années 2000, la Toei produit une dizaine de films par an, essentiellement destinés au public japonais.
TOGNAZZI (Ugo)
acteur et cinéaste italien (Crémone 1922 - Rome 1990).
Après avoir joué dans différents théâtres de variétés, il inaugure sa carrière cinématographique en 1950 avec I cadetti di Guascogna de Mattoli. Pendant longtemps, il mène de front des activités au théâtre, à la radio, à la télévision (où il se produit en duo avec Raimondo Vianello) et au cinéma. Ce n'est qu'à partir du début des années 60 qu'il se consacre presque totalement au septième art. De 1950 à 1960, il interprète un grand nombre de films assez médiocres, dans lesquels il apporte une présence comique efficace : la mobilité de son visage, son sens du geste caricatural, ses intonations de voix lui permettent de se glisser dans les personnages les plus divers. Le tournant de sa carrière se situe en 1961 avec Mission ultrasecrète de Luciano Salce. Dans un rôle de milicien fasciste chargé d'arrêter un résistant, Tognazzi a enfin l'occasion d'étaler la diversité et la richesse de son talent. Trois autres films du même cinéaste (Elle est terrible, 1962 ; La cuccagna, id. ; Le ore dell'amore, 1963) confirment les dispositions de l'acteur. Toutefois, ce sont Dino Risi (la Marche sur Rome, 1962 ; les Monstres, 1963 ; Fais-moi très mal mais couvre-moi de baisers, 1968) et Marco Ferreri (le Lit conjugal, 1963 ; le Mari de la femme à barbe, 1964 ; Controsesso [épisode Il professore], id. ; Marcia nuziale, 1965) qui imposent définitivement le comédien à l'attention du public et de la critique. Tognazzi travaille alors avec des cinéastes comme Carlo Lizzani (La vita agra, 1964), Antonio Pietrangeli (le Cocu magnifique, id. ; l'Amour tel qu'il est, 1965), Pietro Germi (Beaucoup trop pour un seul homme, 1967), Nanni Loy (Jeux d'adultes, id.), Franco Giraldi (La bambolona, 1968 ; Cuori solitari, 1970). Aussi à l'aise dans le comique que dans le dramatique, capable de camper des personnages tout en nuances, Tognazzi devient, au cours des années 70 et 80, un des comédiens italiens les plus sollicités. Il tourne notamment sous la direction de Magni (Nell'anno del Signore, 1969 ; Arrivano i bersaglieri, 1981), Scola (le Fouineur, 1969 ; la Terrasse, 1979), Pasolini (Porcherie, 1970), Lattuada (Venez donc prendre le café chez nous, id.), Bevilacqua (La califfa, 1971 ; Questa specie d'amore, 1972), Petri (La propriété n'est plus un vol, 1973), Monicelli (Nous voulons les colonels, 1973 ; Romances et Confidences, 1974 ; Mes chers amis, 1975 ; Mes chers amis, numéro 2, 1982 ; Bertoldo, Bertoldino e Cacasenno, 1984), Sergio Citti (Casotto, 1977), Comencini (Qui a tué le chat ?, id. ; le Grand Embouteillage, 1979), Molinaro (la Cage aux folles, 1978 et 1980), Bertolucci (la Tragédie d'un homme ridicule, 1981), Lautner (la Cage aux folles 3,1985) et Avati (Ultimo minuto, 1987), et bien entendu Risi (Au nom du peuple italien, 1971 ; la Carrière d'une femme de chambre, 1976 ; la Chambre de l'évêque, 1977 ; Dernier Amour, 1978 ; le Bon Roi Dagobert, 1984) et Ferreri (l'Audience, 1971 ; la Grande Bouffe, 1973 ; Touche pas à la femme blanche, 1974). Ainsi, en vieillissant, Tognazzi s'est imposé comme un des acteurs les plus emblématiques du spectacle italien, un homme qui avec une grande économie de moyens a su exprimer toute la médiocrité, toute l'angoisse ou toute la volonté de vivre d'un peuple ballotté par l'histoire. Il s'est également essayé à la mise en scène et a réalisé cinq films d'assez bonne facture (le Souteneur [Il mantenuto], 1961 ; Il fischio al naso, 1967 ; Sisignore, 1968 ; Cattivi pensieri, 1976 ; I viaggiatori della sera, 1979). On a vu aussi Tognazzi au Théâtre de l'Europe à Paris en 1989 dans Six Personnages en quête d'auteur de Pirandello.
TOHO (littéralement « Trésor de l'Est »).
Compagnie japonaise fondée, en 1936, par Ichizo Kobayashi, pour la distribution des films d'autres sociétés, dont le PCL (Photo Chemical Laboratory, laboratoires fondés en 1929 et passés à la production en 1933), son véritable ancêtre. C'est une des trois compagnies ayant pu poursuivre ses activités pendant la guerre, et qui produisit sans doute le plus grand nombre de films « nationalistes », surtout dirigés par le vétéran Kajiro Yamamoto (‘ la Guerre navale de Hawaii à la Malaisie ’, 1942), et vit aussi les débuts du jeune Akira Kurosawa (la Légende du Grand Judo, 1943). L'immédiate après-guerre fut une période de troubles et de grèves provoquées par les syndicats procommunistes (1947-48), où la compagnie faillit sombrer, tandis qu'acteurs et techniciens non grévistes du « deuxième studio » fondaient de leur côté la Shintoho. De nouveau active dans les années 50, la Toho eut la chance d'avoir comme vedette Toshiro Mifune qui, sous la direction de Kurosawa, contribua au prestige international de la compagnie avec des films aussi célèbres que les Sept Samouraïs (1954), le Château de l'araignée (1957), et presque tous ses films jusqu'à Barberousse (1965). Mais d'excellents réalisateurs comme Mikio Naruse ou Shiro Toyoda contribuèrent aussi à la bonne image de la Toho, qui avait sous contrat plusieurs vedettes populaires, telle Hideko Takamine. Au plan local, la Toho produisait également des films d'action, modernes ou historiques, ou des films de monstres, souvent réalisés par Inoshiro Honda et le directeur d'effets spéciaux Eiji Tsuburaya, et dont le prototype est Godzilla (1954).