SPAAK (Catherine)
actrice française (Paris 1942).
Fille du scénariste Charles Spaak, elle est remarquée en 1960 dans le Trou de Jacques Becker. Elle impose très vite sur les écrans une silhouette de jeune et jolie fille « indépendante » et se signale dans trois films italiens : le Fanfaron (D. Risi, 1962), Elle est terrible (La voglia matta, L. Salce, id.) et l'Ennui (D. Damiani, 1963, d'après Moravia, où dans une séquence on la voyait nue, le corps recouvert de billets de banque). Après Week-end à Zuydcoote (H. Verneuil, 1964), elle semble opter pour une carrière transalpine : À l'italienne (N. Loy, 1965), l'Amour à cheval (P. Festa Campanile, 1968), le Chat à neuf queues (D. Argento, 1971), Claretta (Pasquale Squitieri, 1984), Scandale secret (M. Vitti, 1990) mais elle ne retrouve guère de rôles marquants. Sa sœur Agnès a, elle aussi, été comédienne.
SPAAK (Charles)
scénariste et cinéaste belge (Bruxelles 1903 - Vence, France, 1975).
Fils de Paul Spaak, dramaturge et poète, frère de Paul-Henri Spaak, qui fut Premier ministre de Belgique, père des comédiennes Catherine et Agnès Spaak, Charles arrive en France dans les dernières années du muet. Son compatriote Jacques Feyder le prend comme secrétaire avant de lui confier l'adaptation d'une pièce de théâtre : les Nouveaux Messieurs (1928). Entre-temps, il entre comme chef de publicité à la société des films Albatros, qui diffuse les œuvres des émigrés russes. Le succès de son premier film l'incite à persévérer dans la voie de l'écriture et, rapidement, il devient un auteur fêté. Ses films, composés de façon rigoureuse, affectent une construction à la fois claire et massive et se réclament de l'école naturaliste. De plus, Spaak sait faire fleurir sur l'intrigue principale des surgeons qui l'agrémentent et atténuent le pessimisme de son propos. L'homme doit toujours lutter contre des événements qui le contraignent, et souvent le dépassent et l'emportent. Moins inspiré que Prévert, moins tapageur que Jeanson, il a tout de même imprimé sa griffe à de nombreuses œuvres caractéristiques de l'âge d'or du cinéma français : la Petite Lise (J. Grémillon, 1930), le Grand Jeu (Feyder, 1934), Pension Mimosas (id., 1935), la Kermesse héroïque (id., id.), les Beaux Jours (M. Allégret, id.), la Bandera (J. Duvivier, id.), la Belle Équipe (id., 1936), l'Homme du jour (id., 1937), les Bas-Fonds (J. Renoir, id.), la Grande Illusion (id., id.), Gueule d'amour (Grémillon, id.), l'Étrange Monsieur Victor (id., 1938), Mollenard (R. Siodmak, id.), le Dernier Tournant (P. Chenal, 1939), la Fin du jour (Duvivier, id.), l'Assassinat du Père Noël (Christian-Jaque, 1941), Le ciel est à vous (Grémillon, 1944), Untel père et fils (Duvivier, 1945 [RÉ, 1940]), l'Homme au chapeau rond (P. Billon, 1946), Panique (Duvivier, 1947), Justice est faite (A. Cayatte, 1950), Nous sommes tous des assassins (id., 1952), Thérèse Raquin (M. Carné, 1953), le Caporal épinglé (Renoir, 1961). Sa tentative de filmer lui-même, le Mystère Barton (1949), est restée sans lendemain.
Autres films :
la Maison dans la dune (Billon, 1934) ; l'Entraîneuse (Albert Valentin, 1940) ; l'Empreinte du dieu (L. Moguy, 1941) ; Premier Bal (Christian-Jaque, id.) ; le Lit à colonnes (Roland Tual, 1942) ; l'Escalier sans fin (G. Lacombe, 1943) ; les Caves du Majestic (R. Pottier, 1945) ; Jéricho (Henri Calef, 1946) ; l'Idiot (G. Lampin, id.) ; Patrie (L. Daquin, id.) ; l'Affaire du collier de la reine (M. L'Herbier, id.) ; les Chouans (Calef, 1947) ; le Dessous des cartes (Cayatte, 1948) ; Une belle garce (Jacques Daroy, id.) ; Portrait d'un assassin (Bernard-Roland, 1949) ; La nuit est mon royaume (Lacombe, 1951) ; Avant le déluge (Cayatte, 1954) ; le Grand Jeu (Siodmak, id.) ; le Dossier noir (Cayatte, 1955) ; Crime et Châtiment (Lampin, 1956) ; les Tricheurs (Carné, 1958) ; la Chambre ardente (Duvivier, 1962) ; le Glaive et la Balance (Cayatte, 1963) ; Germinal (Y. Allégret, id.).
SPACEK (Mary Elizabeth Spacek, dite Sissy)
actrice américaine (Quitman, Tex., 1949).
Élève de Lee Strasberg, elle incarne une très jeune adolescente dans Carnage (M. Ritchie, 1972). Ses longs cheveux blonds et raides, ses yeux très clairs et écarquillés, son visage constellé de taches de rousseur lui permettent de jouer les fillettes attardées ou les adolescentes, à la fois innocentes et perverses. C'est ainsi qu'elle est censée avoir quinze ans dans le film qui la révèle, la Ballade sauvage (T. Malick, 1973), où, amoureuse d'un jeune tueur psychotique, elle devient, tout naturellement, la complice de ses meurtres. Dans Carrie (B. De Palma, 1976), tout juste pubère et porteuse de pouvoirs surnaturels redoutables, elle se venge de manière sanglante de tout son entourage. Robert Altman a su tirer parti de son aspect fragile, et la porter à son point culminant dans Trois Femmes (1977), où elle réussit une remarquable composition en aide-soignante atteinte d'un dédoublement de personnalité. Michael Apted la mène à l'Oscar dans le rôle de la chanteuse de country music, Loretta Lynn (Nashville Lady, 1979), de la jeunesse à l'âge mûr. Dans Heartbeat (id.), John Byrum la transforme totalement : riche héritière élégante et sophistiquée, elle renonce à ses privilèges par amour pour l'écrivain Jack Kerouac : dans ce rôle, elle réussit à recréer le glamour des magazines de mode des années 50. Elle incarne, à l'opposé, une agricultrice endettée, luttant pour garder sa terre, en dépit des créanciers, des catastrophes naturelles et du découragement de son mari (la Rivière, M. Rydell, 1985). En mûrissant, elle s'étiole un peu dans des rôles de vieille fille frustrée ou d'épouse exemplaire dans Crimes du cœur (B. Beresford, 1986), Good Night Mother (Tom Moore, id.), Violets Are Blue (Jack Fisk, id. ), The Long Walk Home (Richard Pearce, 1990) ou JFK (O. Stone, 1992).
SPACEY (Kevin)
acteur américain (South Orange, N. J., 1959).
Il fit son apprentissage comme comique dans des boîtes de nuit avant d'incarner quelques silhouettes passagères dans des films de qualité variable, jusqu'à ce qu'en 1995 il produise un véritable effet de choc dans deux films. Dans Seven (D. Fincher), il n'apparaît qu'à la fin où, voix douce, sourire presque touchant, il incarne pourtant le mal absolu. Dans The Usual Suspects (Bryan Singer), il est un pathétique truand traîne-la-patte qui se révèle être également un monstrueux génie du mal. Spacey aurait pu jouer sur le velours et créer encore sans effort quelques splendides figures de méchant, mais il est intelligent et exigeant. Il fut donc crédible en enquêteur de film noir (L. A. Confidential, C. Hanson, 1997), en homosexuel amateur d'art victime d'une sombre machination (Minuit dans le jardin du bien et du mal, C. Eastwood,1998) ou bourgeois stressé qui « pète les plombs » (American Beauty, Sam Mendes, 1999, qui lui valut un Oscar d'interprétation masculine). Cet acteur inspiré est aussi l'auteur d'un bon film noir, tendu et nerveux : Albino Alligator (id., 1997).