HERSKO (János)
cinéaste hongrois (Budapest 1926).
Diplômé en 1949 de l'École supérieure d'art dramatique de Budapest, il suit pendant deux ans des cours de cinéma à Moscou. Ses premiers longs métrages, ‘ Sous la ville ’ (A város alatt, 1953), Fleur de fer (Vasvirág, 1957), ‘ Deux Étages de bonheur ’ (Két emelet boldogság, 1960), annoncent un réalisateur habile et fin psychologue qui confirme ses dons dans Dialogue (Párbeszéd, 1963) et surtout dans le sensible À propos de Vera (Szevasz Vera, 1967). Il émigre en Suède après avoir tourné ‘ Requiem à la hongroise ’ (N. N. a hálal angyala, 1970), puis revient en Hongrie en 1989 pour réaliser Rencontres (Találkozások, DOC).
HERTZ.
Unité de mesure de fréquence, correspond à une vibration de une période par seconde.
HERTZ (Aleksander)
cinéaste et producteur polonais (Varsovie 1879 - id. 1928).
Pionnier de l'industrie cinématographique polonaise, il fonde la première société de production nationale la Sfinks (1911) et réalise lui-même plusieurs films, dont Meir Ezofowicz, d'après le roman d'Eliza Orzeszkowa, qui traitait de la vie misérable des juifs dans le ghetto. Ses thèmes principaux sont liés à un certain nationalisme antitsariste (la Police secrète de Varsovie et ses mystères [Ochrana Warszawska i Jej tajemnice], 1916 ; l'Affaire Barteniewa [Sprawa Barteniewa], 1917 ; la Favorite du tsar [Carska faworyta], id.) et se plaisent à démêler des intrigues où l'amour, la haine et la jalousie se partagent les principaux rôles : Amour de saison (Sezonowa milość, 1916), le Tsarévitch (Carewicz, 1918). Il a été également un grand « découvreur » d'actrices : Apollonia Chalupiec, dite Pola Negri (Bestia, 1915 ; le Livre noir / le Passeport jaune [Zolty paszport], id. ; Arabella, 1917 ; Sa dernière action [Jego ostatni cznyn], id.) ; Halina Bruczowna, Lya [Mia] Mara ; et, au cours des années 20, Jadwiga Smosarska (Coup de feu [Strzol], 1922 ; Yvonne [Iwonka], id. ; la Lépreuse [Tredowata], 1926).
HERVIL (René)
cinéaste français (1883-1960).
Sa formation d'acteur et de technicien se fait dans quelques serials, puis dans les milieux du Film d'Art. Blessé de guerre, il se consacre alors à la mise en scène et signe plusieurs bandes avec Louis Mercanton : notamment, en 1917, le patriotique Mères françaises qu'interprète Sarah Bernhardt et le Torrent, d'après le premier scénario de L'Herbier. Ce sont aussi les débuts de la carrière du jeune Catelain. Le discernement... commercial d'Hervil, ou son génie relatif suscitent, ou autorisent, de prompts remakes de la plupart de ses films. Il suffit de mentionner — si Knock (1925) avec Saturnin Fabre a attendu un quart de siècle pour être repris avec Jouvet et Guy Lefranc — la Petite Chocolatière (1927), que Marc Allégret adapte dès 1931. C'est à Hervil qu'Arletty, aux côtés de Victor Boucher, également nouveau venu à l'écran, doit son bout de rôle initial au cinéma, dans la Douceur d'aimer (1930) : « C'était très bien pour faire un test. Pour me voir, j'ai vu : j'étais hideuse. » (On retrouve d'ailleurs Boucher en 1932 dans le rôle qu'il a créé au théâtre dans les Vignes du Seigneur.) Signalons enfin que les Deux Gamines (1936) est un remake d'après le scénario original du film homonyme de Feuillade (1920).
HERZ (Juraj)
cinéaste tchèque (Kežmarok, 1934).
Metteur en scène au Théâtre Semafor à Prague, acteur, il devient l'assistant de Zbyněk Brynych sur le film Transport au paradis (1962) et débute comme réalisateur en 1965 avec ‘ Brutalités récupérées ’ (Sběrne surovosti, MM), suivi du Signe du Cancer (Znameni raka, 1966) et de la comédie musicale ‘ le Diable boiteux ’ (Kulhavÿ dábel, 1968). Son adaptation du roman de Ladislav Fuks, l'Incinérateur de cadavres (Spalovač mrtvol, 1969), baigne dans un curieux climat, inquiétant et expressionniste. Il signe ensuite notamment les Lampes à pétrole (Petrolejové lampy, 1971), Morgiana (1972), quelques comédies et des contes de fées visités par l'ange du bizarre et du fantastique : la Belle et la Bête (Panna a netvor, 1978) ; ‘ le Vampire de Ferat ’ (Upír z Feratu, 1982) ; ‘ Vous me la baillez bonne ’ (Straka v hrsti, 1983 ; sortie en 1989) ; ‘ Doux soucis ’ (Sladké starosti, 1984) ; ‘ Je fus surprise par la nuit ’ (Zastihla mě noc, id.) ; ‘ les Galoches du bonheur ’ (Galoše stastia, 1986) ; ‘ L'amour est plus fort que la mort ’ (Liebe ist stärker als der Tod, 1988) ; ‘ le Roi des grenouilles ’ (Froschkönig, 1990) ; ‘ le Funiculaire ’ (Die Drahtseilbahn, 1991), ‘ la Femme du clown ’ (Die Dumme Augustine, 1992) ; Lara (DOC. sur la vie et les amours de Pasternak et d'Olga Ivinskaia, 1994). À la fin des années 80, Herz s'est fixé en Allemagne, à Munich. En 1996 il tourne Passage (id.) coproduit avec la France.
HERZOG (Werner Stipetic, dit Werner)
cinéaste allemand (Sachrang, Bavière, 1942).
Autodidacte du cinéma, il est encore adolescent lorsqu'il décide de créer sa propre société de production et il n'a qu'une vingtaine d'années lorsqu'il réalise ses premiers courts métrages, Herakles (1962, achevé en 1965) et Spiel im Sand (1964, inédit). Dès son premier long métrage Signes de vie (Lebenszeichen, 1967), quelques constantes de son œuvre sont posées : tentation de l'absurde, goût pour les situations extrêmes et certaines formes de la folie, imagerie visionnaire et références à la tradition du romantisme allemand. En 1968, il commence à tourner des documentaires destinés à la télévision, tout en réunissant patiemment des prises de vues qui, assemblées, constituent Fata Morgana (1970), film expérimental aux qualités poétiques incontestables. Ses documentaires sont comme régis par les règles de ses films de fiction, et leur réalisme est transformé par l'insertion de séquences oniriques. C'est le cas en particulier du Pays du silence et de l'obscurité (Land des Schweigens und der Dunkelheit 1970-71), long métrage sur une femme, Fini Straubinger, aveugle et sourde. Les nains aussi ont commencé petits (Auch Zwerge haben klein angefangen, 1970), dont les héros sont tous des nains, inaugure une série de films où s'exprime une originale « poésie du sous-homme » – série qui va alterner avec quelques portraits d'aventuriers utopiques et mégalomanes. Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre, der Zorn Gottes, 1972) en est l'exemple le plus fameux. Tourné au cœur de l'Amazonie péruvienne, c'est le film qui apporte à Werner Herzog la consécration internationale. En 1974, l'Énigme de Kaspar Hauser (Jeder für sich und Gott gegen alle) est sa confrontation avec le mythe de Gaspard Hauser, qu'il présente comme un individu « naïf » au sens originel du terme, dont le regard révèle les illusions de la société qui l'accueille. Le rôle est tenu par Bruno S. (Bruno Schlenstein), un « inadapté », une victime des diverses oppressions qu'il dut affronter depuis l'enfance. Musicien des rues, personnalité hors du commun découverte en 1970 par le cinéaste berlinois Lutz Eisholz, Bruno S. s'est totalement identifié à Gaspard Hauser, et Herzog tirera de sa vie la matière d'un autre film, la Balade de Bruno (Stroszek, 1977), interprété bien sûr par Bruno S. Entre plusieurs documentaires, il tourne Cœur de verre (Herz aus Glas, 1976), d'après un scénario d'Herbert Achternbusch. Nosferatu, fantôme de la nuit (Nosferatu, Phantom der Nacht, 1979) est une nouvelle version, hommage et recréation tout à la fois, du célèbre film de Murnau. Aussitôt après Nosferatu, il adapte le drame de Büchner Woyzeck (1979). Fitzcarraldo (1982) est une nouvelle variation sur le thème de l'aventurier mégalomane et le Pays où rêvent les fourmis vertes (Where The Green Ants Dream, 1984) défend la civilisation des aborigènes en Australie. Il réalise de nombreux documentaires à partir de 1984 destinés essentiellement à la télévision, puis Cobra verde (1987) où il retrouve son acteur fétiche Klaus Kinski, pour un film qui s'inscrit dans la veine de ses aventures exotico-historiques teintées de nietzschéisme. En 1990, Échos d'un sombre Empire (Echos aus einem düsteren Reich) évoque l'aventure du dictateur mégalomane Bokassa, l'« Empereur » de la République centrafricaine tandis que Cerro Torre, le Cri de la roche (Schrei aus Stein), tourné en 1991 en Patagonie, s'apparente par son thème central (le film de montagne) et par la narration à une tradition illustrée par Frank, Trenker, et Riefenstahl. Mon meilleur ennemi (Mein liebster Feind – Klaus Kinski, 1999) est un documentaire personnel sur Klaus Kinski et les rapports que le cinéaste a entretenus avec son acteur fétiche. En 2001, Werner Herzog reçoit le Prix Murnau, une des plus importantes distinctions du cinéma allemand.