MASSEY (Raymond)
acteur américain d'origine britannique (Toronto, Ontario, Canada, 1896 - Los Angeles, Ca., 1983).
Après avoir été Sherlock Holmes dans The Speckled Band (Jack Raymond, 1931), il devient l'un des acteurs favoris des cinéastes de la London Films : le Mouron rouge (The Scarlet Pimpernel, H. Young, 1935) ; la Vie future (W. C. Menzies, 1936) ; l'Invincible Armada (W. K. Howard, 1937), où il est le roi Philippe II d'Espagne ; Sous la robe rouge (V. Sjöström, id.) ; Alerte aux Indes (Z. Korda, 1938). Fort de son expérience théâtrale, il affectionne surtout les grands personnages historiques. Son visage mince et buriné lui permet de jouer un Abraham Lincoln très ressemblant dans Abe Lincoln in Illinois (J. Cromwell, 1940) et dans la Conquête de l'Ouest (J. Ford, 1962). Il incarne l'antiesclavagiste John Brown dans la Piste de Santa Fé (M. Curtiz, 1940) et dans Seven Angry Men (Ch. M. Warren, 1955). Parmi ses meilleures compositions, on retient surtout l'accusateur surnaturel d'Une question de vie ou de mort (M. Powell et E. Pressburger, 1946), le père de Cal Trask (James Dean) dans À l'est d'Éden (E. Kazan, 1955), le général fasciste dans les Nus et les Morts (R. Walsh, 1958). Un de ses rôles de « méchant » reste inoubliable : le cousin Jonathan, victime du complexe de Boris Karloff, dans Arsenic et vieilles dentelles (F. Capra, 1944).
MASSINGHAM (Richard)
cinéaste, scénariste, acteur et producteur britannique (1898 - Biddenden 1953).
Médecin et cinéaste amateur, il quitte sa profession pour adhérer au GPO Film Unit (General Post Office Film Unit) animé par John Grierson après la dissolution de l'Empire Marketing Board, en septembre 1933. Il y réalise Tell Me If It Hurts (1935), And So to Work (1936), The Daily Round (1937). En 1940, il fonde sa propre maison de production (Public Relation Films) et tourne de nombreux courts métrages de propagande pour les services gouvernementaux. Au lendemain de la guerre, il poursuit une œuvre originale et indépendante ; il se spécialise dans les bandes de deux ou trois minutes qui donnent l'essentiel d'un message civique à partir d'un gag vécu par un personnage comique essayant de s'adapter aux exigences quotidiennes de la pénurie économique : Coughs and Sneezes (1945) ; Pedal Cyclists (1947) ; Women Must Work (id.) ; Flight of Fancy (1948) ; The Greedy Boy's Dream (id.) ; Jet-propelled Germs (id.) ; Handkerchief Drill (1949) ; The Cure (1950) ; He Won't Bite You (1951) ; Introducing the New Worker (id.) ; To the Rescue (1952) ; The Blakes Slept Here (1953).
MASTER.
Mot anglais pour positif intermédiaire. ( COPIES, COULEURS [PROCÉDÉS DE CINÉMA EN].)
MASTROCINQUE (Camillo)
cinéaste italien (Rome 1901 - id. 1969).
Décorateur de théâtre et de cinéma dès la fin des années 20, il travaille notamment en France, regagne la péninsule et y tourne des courts métrages avant de débuter comme coréalisateur (avec Guido Salvini) de Regina della Scala (1936). Outre plusieurs films « musicaux » (biographies de musiciens, opéras filmés, récitals de chansons...), il est devenu l'un des metteurs en scène attitrés de Totò après 1954, réalisant notamment le fameux Siamo uomini o caporali ? (1955), dont le titre (dû à Totò) est passé en proverbe (« Sommes-nous des hommes ou des caporaux ? »). Il n'a pas réglé moins de dix prestations du grand comique (Totò all'inferno, 1954 ; Parisien malgré lui [Totò a Parigi], 1958 ; Tototruffa'62, 1961...) avant de s'essayer sans grand succès au film érotico-fantastique. On doit aussi à ce cinéaste sans personnalité une « copie conforme » (1947) de Perdus dans les ténèbres (Sperduti nel buio), le fameux film muet de Martoglio, précurseur du néoréalisme.
MASTROIANNI (Marcello)
acteur italien (Fontana Liri 1924 - Paris, France, 1996).
Il fait ses études à Rome avec son frère cadet Ruggero, qui va devenir un célèbre monteur. Depuis 1938, il apparaît comme figurant dans quelques films dont Marionette (C. Gallone, 1939), la Couronne de fer (A. Blasetti, 1941), Les enfants nous regardent (V. De Sica, 1944). Pendant la guerre, il travaille comme dessinateur, et il débute ensuite au théâtre avec une troupe d'amateurs. En 1948, il entre dans une troupe professionnelle et il est remarqué par Luchino Visconti qui l'engage et lui fait interpréter des pièces de Shakespeare, Tennessee Williams, Alfieri, à côté d'acteurs connus comme Ruggero Ruggeri, Paola Borboni, ou débutants comme Vittorio Gassmann, Gabriele Ferzetti. La même année, il retrouve le cinéma : l'Évadé du bagne (R. Freda, 1948) ; l'Inconnue des cinq cités, puis apparaît dans Un dimanche d'août (L. Emmer, 1950). Avec ces petits rôles de chauffeur de taxi ou d'agent romain, il crée les premiers contours du personnage de bon garçon prolétaire honnête et un peu naïf qu'il perfectionnera dans une longue série de comédies et mélodrames populaires, dont Dans les coulisses (Steno et M. Monicelli, 1950), Contro la legge (Flavio Calzavara, 1959 [RÉ : 1950] ; Acte d'accusation (Giacomo Gentilomo, 1950) ; Paris est toujours Paris (Emmer, 1951) ; les Fiancés de Rome (id., 1952) ; Il viale della speranza (D. Risi, id.) ; Sensualità (Clemente Fracassi, id.) ; Penne nere (Oreste Biancoli, 1953) ; Gli eroi della domenica (M. Camerini, id.). Entre 1951 et 1956, sa carrière théâtrale sous la direction de Visconti est riche en succès, dans des pièces de Goldoni, Tchekhov, A. Miller ; mais sa popularité lui vient surtout de la simplicité et de la sympathie de ses personnages cinématographiques avec qui le grand public s'identifie aisément. C'est son style de « non-récitation » détendue et très moderne qui s'affirme dans des films comme Febbre di vivere (Claudio Gora, 1953), Chronique des pauvres amants (C. Lizzani, 1954), l'épisode très loué Il pupo de Quelques Pas dans la vie (Blasetti, id.), La schiava del peccato (R. Matarazzo, id.), la Maison du souvenir (Gallone, id.), Jours d'amour (G. De Santis, 1955), et surtout dans Dommage que tu sois une canaille (Blasetti, id.), où il forme un couple parfait avec la belle Sophia Loren, couple que l'on reverra par exemple dans Par-dessus les moulins (Camerini, id.) et dans la Chance d'être femme (Blasetti, id.) ; pendant qu'il continue à interpréter ses rôles habituels, Visconti lui fait jouer le personnage introverti de l'employé dostoïevskien dans Nuits blanches (1957) ; c'est un saut ambitieux dans sa carrière. Il se fait peu après remarquer par un rôle très différent mais tout aussi complexe, celui d'un petit voleur dans le Pigeon (Monicelli, 1958). Son visage est moins serein et son jeu est plus conscient quand Fellini fait de lui l'exemplaire journaliste-témoin de La dolce vita (1960) : c'est le passage à la maturité et à la célébrité internationale. Il est désormais employé par des réalisateurs qui lui offrent des rôles ambigus : le Bel Antonio (M. Bolognini, id.) ; Adua et ses compagnes (A. Pietrangeli, id.) ; la Nuit (M. Antonioni, 1961) ; l'Assassin (E. Petri, id.) ; Fantômes à Rome (Pietrangeli, id.) ; Divorce à l'italienne (P. Germi, id.). Pour le personnage hilarant du Baron sicilien, il reçoit le prix Nastro d'Argento et une nomination à l'Oscar. Après Vie privée (L. Malle, 1962) et Journal intime (V. Zurlini, id.), il devient le sosie de Fellini dans Huit et demi (1963). Il sait alors changer de ton et passer de l'épopée historique les Camarades (Monicelli, id.) à la farce contemporaine (Hier, aujourd'hui, demain, De Sica, id., où il retrouve sa partenaire idéale Sophia Loren), au mélodrame (Mariage à l'italienne, De Sica, 1964), à la comédie érotique (Casanova 70, Monicelli, 1965), à la science-fiction (la Dixième Victime, Petri, id.), au grotesque Break-up (M. Ferreri, id.), au drame politique (l'Étranger, Visconti, 1967), à la comédie sophistiquée Diamonds for Breakfast (Christopher Morahan, 1969), au film de guerre les Fleurs du soleil (De Sica, 1970). Avec le satirique Drame de la jalousie (E. Scola, id.), il commence une période de variations comiques mordantes : Leo the Last (J. Boorman, id.) ; la Femme du prêtre (Risi, id.) ; Liza (Ferreri, 1972) ; Quoi ? (R. Polanski, 1973) ; Rapt à l'italienne (Risi, id.) ; l'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la lune (J. Demy, id.) ; la Grande Bouffe (Ferreri, id.) ; Salut l'artiste (Y. Robert, id.) ; Touche pas la femme blanche (Ferreri, 1975) ; la Femme du dimanche (Comencini, 1975). Depuis Une journée particulière (Scola, 1977) où il interprète aux côtés de Sophia Loren un émouvant personnage d'homosexuel, ses rôles deviennent de plus en plus dramatiques : la Maîtresse légitime (M. Vicario, id.) ; Rêve de singe (Ferreri, 1978) ; la Fille (A. Lattuada, id.) ; la Terrasse (Scola, 1980) ; la Cité des femmes (Fellini, id.) ; l'Apiculteur (T. Angelopoulos, 1986). Il reçoit en 1987 le prix d'interprétation à Cannes pour les Yeux noirs de Mikhalkov. Dans Ginger et Fred de Fellini, il campe aux côtés de Giulietta Masina un extraordinaire artiste de music-hall vieillissant, célèbre pour avoir imité en son temps Fred Astaire, et s'impose comme le complice privilégié d'Ettore Scola dans Splendor (1989), Quelle heure est-il (id.) et I Viaggio di Capitan Fracassa (1990).