MOORE (Julie Smith, dite Julianne)
actrice américaine (Fayetteville, N. C., 1961).
Dans Short Cuts (R. Altman, 1993), Julianne Moore, rousse évanescente constellée de taches de rousseur, jouait une frêle bourgeoise rangée ; elle y avait une scène d'aveu d'une incroyable impudeur. Sûre d'elle-même, rien moins qu'ambiguë, l'actrice affichait d'emblée un talent insolent. Depuis, elle tourne sans arrêt des rôles à l'opposé les uns des autres et, immanquablement, elle y excelle. Névrosée quasi muette (Safe, id., Todd Haynes, 1995), actrice souriante et disciplinée (Vanya 42e rue, L. Malle, 1994), actrice de porno (Boogie Nights, P. T. Anderson, 1997), aventurière de la jungle (le Monde perdu, S. Spielberg, 1997) ou des salons edwardiens (Un mari idéal, An Ideal Husband, Oliver Parker, 2000), vieille fille faussement idiote (Cookie's fortune, R. Altman, 2000), adultère douloureuse (la Fin d'une liaison, N. Jordan, 1999) ou flic terrorisée et fascinée à la fois (Hannibal, R. Scott, 2001, où elle reprend le rôle créé par Jodie Foster dans le Silence des agneaux), Julianne Moore est toujours magnifique, terne ou vive, mutine ou rigide, sensuelle ou frigide.
MOORE (Roger)
acteur britannique (Londres 1928).
Après des débuts hollywoodiens peu remarqués, il devient populaire grâce à plusieurs séries télévisées de forte audience (Ivanhoé, The Alaskans, Maverick, le Saint, Amicalement vôtre...). Sa carrière cinématographique prend alors une tournure décisive dès qu'il est appelé à remplacer Sean Connery dans la série des « James Bond 007 » : Vivre et laisser mourir (G. Hamilton, 1973), l'Homme au pistolet d'or (id., 1974), l'Espion qui m'aimait (L. Gilbert, 1977), Moonraker (id., 1979), Rien que pour vos yeux (John Glen, 1981), Octopussy (id., 1983), Dangereusement vôtre (id., 1985). Parallèlement à cette image de marque, il se spécialise dans le film d'action et devient notamment l'acteur fétiche d'Andrew McLaglen pour les Oies sauvages (1978), Commando de Sa Majesté (The Sea Wolves, 1981) et les Loups de haute mer (North Sea Hijacks, 1980). En 1990, il apparaît dans Bullseye de M. Winner et dans Bed and Breakfast de R. Ellis Miller.
MOOREHEAD (Agnes Robertson Moorehead, dite Agnes)
actrice américaine (Clinton, Mass., 1900 - Rochester, Minn., 1974).
Fille de pasteur, sur scène depuis 1917, elle doit attendre 1941, le Citizen Kane d'Orson Welles (qu'elle connaissait déjà bien au théâtre), pour débuter au cinéma dans une de ces silhouettes revêches dont elle se fera un art. L'année suivante, dans la Splendeur des Ambersons, avec le même cinéaste, elle donne sa création la plus impressionnante, celle de la vieille fille hystérique et frustrée, si pathétique dans une mémorable scène d'escalier. Sa nervosité, ses tendances à un jeu emphatique, l'orientent vers des emplois très marqués et limités. Elle est une mégère redoutable dans les Passagers de la nuit (D. Daves, 1947). Mais elle est également juste dans les mondanités et la sophistication (Depuis ton départ, J. Cromwell, 1944 ; Tout ce que le ciel permet, D. Sirk, 1956). Active à la TV, elle réapparaît de temps à autre au cinéma (Chut, chut, chère Charlotte [R. Aldrich, 1965], où elle crée avec une sorte de génie un personnage de souillon bouffonne).
MOORSE (George)
cinéaste américain (Bellmore, N. Y., 1936).
Écrivain, puis graphiste, établi en Allemagne en 1958, il travaille avec Jan Lenica, Vlado Kristl et Helmut Herbst, réalisant de son côté un premier long métrage aux Pays-Bas avec Zero in the Universe (1965). Il tourne en Allemagne deux longs métrages, l'Orphelin (Der Findling) d'après Kleist, en 1967, et l'Année du coucou / Je ne veux pas vieillir (Kuckucksjahre, id.), suivis en 1970 de Lenz, d'après Büchner, puis en 1972 de Pan — quatre films très poétiques répondant à de nouveaux procédés narratifs. Depuis 1968, il travaille surtout pour la télévision et réalise des films expérimentaux. En 1982, il revient au long métrage de fiction avec Marque de brûlure (Brandmale).
MORAVIA (Alberto Pincherle, dit Alberto)
écrivain et scénariste italien (Rome 1907 - id. 1990).
Auteur de nombreux romans et nouvelles, il consacre une partie de son activité au cinéma, tant comme scénariste que comme critique (à la Nueva Europa et à l'Espresso). Il a signé ou collaboré au scénario de plusieurs films adaptés de ses œuvres : la Marchande d'amour (M. Soldati, 1953) ; la Belle Romaine (L. Zampa, 1954) ; la Ciociara (V. De Sica, 1960) ; Agostino (M. Bolognini, 1962) ; le Mépris (J.-L. Godard, 1963) ; les Indifférents (F. Maselli, 1964) ; le Conformiste (B. Bertolucci, 1971) ; ainsi que Cette folle jeunesse (G. Franciolini, 1955) et Femmes d'un été (id., 1958). Il est également coscénariste de : Sensualità (Clemente Fracassi, 1952) ; Dernier Rendez-Vous (Franciolini, 1952) ; les Amants de la villa Borghèse (id., 1953) ; la Fille du fleuve (Soldati, 1955) ; I delfini (F. Maselli, 1960) ; ça c'est passé à Rome (Bolognini, id.) ; Hier, aujourd'hui, demain (V. De Sica, 1963). Il a participé à la mise en scène de quelques films.
MORDILLAT (Gérard)
cinéaste français (Paris 1949).
Il manifeste dans ses films un goût prononcé pour les descriptions sociales et restitue soigneusement ses intrigues dans leur contexte historique et politique. Il aime décrire les quartiers populaires (Vive la Sociale, 1984 ; Billy-Ze-Kick, 1985 ; Toujours seuls, 1991) et s'intéresse aux destins marqués par la Seconde Guerre mondiale (Fucking Fernand, 1987, une comédie loufoque, brouillonne, anarchiste) ou la guerre d'Algérie (Cher Frangin, 1988). Ses films ont souvent le ton de la comédie, non sans provocation parfois. Il a réalisé des documentaires : sur le patronat (la Voix de son maître, 1978, CO Nicolas Philibert), sur les dernières années d'Antonin Artaud* (la Véritable Histoire d'Artaud le Momo, 1994, CO Jérôme Prieur). Parallèlement à ce dernier titre, il a réalisé une fiction biographique, En compagnie d'Antonin Artaud (1994), avec Samy Frey dans le rôle principal. Après avoir réalisé pour la chaîne ARTE (avec Prieur) une longue série documentaires sur les origines du christianisme : Corpus Christi (1997-98), il revient à la fiction : Paddy (1999).
MORE (Kenneth)
acteur britannique (Gerrard's Cross 1914 - Londres 1982).