DESFASSIAUX (Maurice)
opérateur français (Paris 1886 - Deuil-la-Barre 1956).
Il débute comme assistant opérateur chez Pathé. Après une importante carrière durant la période du muet, il ne collabore plus à l'époque du parlant qu'à des œuvres de moyenne importance. Il a dirigé la photo de près de 80 films, dont il faut citer les Cinq Sous de Lavarède (H. Andréani, 1913), Paris qui dort (R. Clair, 1924), l'Affiche (J. Epstein, 1925), Carmen (J. Feyder, 1926), Un chapeau de paille d'Italie (R. Clair, 1928), les Nouveaux Messieurs (Feyder, 1929), Arsène Lupin détective (H. Diamant-Berger, 1937).
DE SICA (Vittorio)
cinéaste et acteur italien (Sora 1901 - Neuilly-sur-Seine, France, 1974).
Dans une carrière particulièrement féconde — plus d'une centaine de films comme acteur, une trentaine comme metteur en scène —, Vittorio De Sica n'a pas toujours réussi à éviter de graves sauts qualitatifs. Cela ne l'empêche pas d'être l'une des figures dominantes de l'histoire du cinéma italien ; on peut même le considérer comme l'artiste le plus représentatif de l'évolution du spectacle cinématographique transalpin des années 30 aux années 70, à tel point sa carrière a épousé son temps avec les contradictions, les enthousiasmes, les abandons ou les sursauts de courage qui caractérisent une époque tourmentée : ce n'est pas par hasard si Ettore Scola lui a dédié Nous nous sommes tant aimés (1974). Après une enfance passée à Naples, De Sica suit sa famille à Rome en 1912 ; là, tout en poursuivant des études de comptable, il s'intéresse déjà au théâtre : en 1922, il réussit à se faire engager comme figurant dans la compagnie de Tatiana Pavlova. En 1927, après être passé dans les revues Za-Bum dirigées par Mario Mattoli, il obtient ses premiers succès et s'impose rapidement comme un des comédiens les plus appréciés du public. Dans ces années, si l'on exclut un petit rôle dans Il processo Clemenceau (1918) de Eduardo Bencivenga, De Sica commence également à faire du cinéma dans des films de Mario Almirante (La bellezza del mondo, 1926 ; La compagnia dei matti, 1928). C'est toutefois à partir du début des années 30 — et sans pour autant abandonner les planches auxquelles l'acteur restera longtemps fidèle — que De Sica devient un des acteurs phares de cette période. Surtout à l'aise dans des comédies sentimentales qui permettent à ses dons de sympathie de s'exprimer pleinement, il est dirigé par de nombreux metteurs en scène (Negroni, Bragaglia, Righelli, Mattoli, Malasomma, Mastrocinque, Genina, Gallone, Matarazzo, Cottafavi pour l'admirable I nostri sogni, 1943), mais c'est essentiellement Amleto Palermi qui lui donne ses meilleurs rôles : La vecchia signora (1932) ; La segretaria per tutti (1933) ; Napoli d'altri tempi (1938) ; Partire (id.) ; Le due madri (id.) ; Napoli che non muore (1939) ; La peccatrice (1940). Sans oublier Mario Camerini : les Hommes quels mufles (1932) ; Je donnerai un million (1935) ; Ma non è una cosa seria (1936) ; Il signor Max (1937) ; Grands Magasins (1939). Adulé du public, De Sica aurait pu continuer longtemps une heureuse carrière de comédien ; pourtant, il y avait en lui des exigences qui allaient le porter à passer de l'autre côté de la caméra : en 1939, il tourne son premier film comme metteur en scène (Roses écarlates/ Rose scarlatte). Commence alors une période de progressive maturation (Maddalena zero in condotta, 1940 ; Teresa Venerdi, 1941 ; Un garibaldino al convento, 1942) qui le conduit à signer son premier film important, Les enfants nous regardent (I bambini ci guardano), en 1944, c'est-à-dire en pleine guerre. Point de départ d'une des collaborations les plus fécondes entre un cinéaste et un scénariste, ce film, auquel a participé Cesare Zavattini, annonce clairement le mouvement néoréaliste. Après une œuvre de circonstance réalisée pendant l'hiver 1943-44 pour éviter d'aller en Allemagne (la Porte du ciel / La porta del cielo), De Sica aborde les années d'après-guerre avec le profond désir de participer à la reconstruction du cinéma italien. Il tourne alors successivement Sciuscià (1946), le Voleur de bicyclette (Ladri di biciclette, 1948), Miracle à Milan (Miracolo a Milano, 1951), Umberto D (1952). Dans ces quatre films (toujours avec la collaboration de Zavattini), il dresse un des portraits les plus justes de l'Italie d'après-guerrre, un portrait où le sentimentalisme n'altère pas la précision du constat social et où un choix idéologique qui relève de l'humanisme ne masque pas une puissante revendication. Les enfants abandonnés de Sciuscià, le chômeur du Voleur de bicyclette, les miséreux de Miracle à Milan, le retraité famélique de Umberto D portent en eux la recherche d'un monde dans lequel l'injustice sociale serait abolie. À partir de Stazione Termini (1953), De Sica entre dans une période de déclin au cours de laquelle vont alterner travaux personnels et œuvres de commande, ces dernières étant malheureusement les plus nombreuses. Cela dit, la critique, qui n'a souvent vu, dans le De Sica d'après 1953, qu'un cinéaste de seconde zone, a peut-être eu tort. Si l'on peut négliger certains films, quelques-uns témoignent encore d'une volonté créatrice constamment en butte aux résistances d'une profession qui n'envisage le cinéma que dans une perspective mercantile. Ainsi, des œuvres comme le Toit (Il tetto, 1956), tentative de revenir aux principes du néoréalisme, La ciociara (1960), La riffa (épisode de Boccace 70, 1962), Hier, aujourd'hui et demain (Ieri, oggi, domani, 1963), les Fleurs du soleil (I girasoli, 1970), Lo chiameremo Andrea (1972), Brèves Vacances (Una breve vacanza, 1973), le Voyage (Il viaggio, 1974) ne méritent pas de tomber dans l'oubli et contiennent des moments qui appartiennent au meilleur De Sica. Par ailleurs, parmi les films réalisés après 1953, l'Or de Naples (L'oro di Napoli, 1954), le Jugement dernier (Il giudizio universale, 1961), Il boom (1963), le Jardin des Finzi Contini (Il giardino dei Finzi Contini, 1970) montrent combien son talent est resté réel et divers, et confirment l'impression qu'avec un peu plus d'indépendance le cinéaste aurait pu demeurer fidèle à sa réputation. En particulier, le Jugement dernier, accablé par la critique, est une œuvre essentielle, où De Sica est allé le plus loin dans sa tentative unanimiste. Parallèlement à ses mises en scène, il poursuit depuis 1945 une carrière de comédien élégant, racé, mûri : on y trouve bien sûr des films médiocres, mais aussi des comédies de bonne facture (avec Blasetti, Emmer, Comencini, Risi) et des œuvres de premier plan (Madame de, Max Ophuls, 1953 ; Il generale Della Rovere, R. Rossellini, 1959), où il impose toujours sa personnalité.