YARED (Gabriel)
compositeur d'origine libanaise (Beyrouth 1949).
Orchestrateur et arrangeur de musique de variétés, il doit sa première commande de musique de film à Samy Pavel pour Miss O'Gynie et les hommes-fleurs (1973). Jean-Luc Godard à son tour lui propose d'écrire une composition pour Sauve qui peut la vie (1979). Ainsi lancé, il sera de plus en plus sollicité et composera jusqu'à six musiques de film par an, ce qui ne va pas sans nuire à la qualité de certaines de ces compositions. Yared puise son inspiration dans des musiques très variées : classique, orientale, synthétique, jazz, rock, etc. Sa faculté d'adaptation lui permet de travailler avec des réalisateurs aux styles aussi différents que Costa-Gavras (Hanna K., 1983), Richard Dembo (la Diagonale du fou, 1984), Yusuf Chahin (Adieu Bonaparte, 1985), Robert Altman (Beyond Therapy, 1987) ou Bruno Nuytten (Camille Claudel, 1988). Parmi les meilleures réussites du compositeur, citons le thème de la Lune dans le caniveau (J.-J. Beneix, 1983), écrit pour la vedette du film Nastassja Kinski, et la partition d'Agent trouble (J.-P. Mocky, 1987) qui rappelle celles que Bernard Herrman composait pour Alfred Hitchcock.
YATES (Peter)
cinéaste britannique (Aldershot 1929).
Sa formation à la Royal Academy of Dramatic Art n'est pas achevée qu'il s'essaie à la mise en scène de théâtre (il a tout juste dix-neuf ans). À partir de 1953, il devient assistant, notamment sur deux films de Tony Richardson, dont Un goût de miel, et sur les Canons de Navarone, de Jack Lee Thompson, datés de 1961 l'un et l'autre. Il complète sa formation à la TV (comme bien des auteurs du Free Cinema), et acquiert un métier très sûr, ainsi que le contrôle efficace de ses acteurs. Il tirera d'ailleurs bientôt les dividendes de cet apprentissage en dirigeant des têtes d'affiche aussi différentes que réputées difficiles : Stanley Baker, Steve McQueen, Robert Redford, Dustin Hoffman, Robert Mitchum ou Barbra Streisand... Son goût des scénarios exigeant du brio (Bullitt, les Quatre Malfrats) va jusqu'à la gageure : parodier, presque, African Queen avec un duel entre un hydravion et un sous-marin dans la Guerre de Murphy ! Son adaptation à tous les genres, le don d'attraper l'air du temps (Breaking Away — les teenagers entre collège et avenir), de l'intimisme de John and Mary à l'attaque d'un train postal dans Robbery, tout cela lui a permis de bien s'intégrer à la production hollywoodienne (il travaille aux États-Unis depuis Bullitt). Là, son style s'affine et, s'il peut rester dans l'anonymat pour des entreprises comme les Grands Fonds, il s'attache périodiquement à des sujets personnels qu'il sait filmer avec efficacité et nuance, parfois même subtilité. Plus que dans d'agréables comédies bien menées comme les Quatre Malfrats ou Ambulances tous risques, on le sent à l'aise dans certains sujets criminels : résurgence mélancolique du film noir (l'excellent The Friends of Eddie Coyle), suspense bien entretenu (l'Œil du témoin, Suspect) ou mélange inattendu (croisement d'une intrigue à la Hitchcock et d'un portrait historiquement exact de l'Amérique du maccarthysme dans l'étrange Une femme en péril). Par ailleurs, certains films sont ambitieux (l'Habilleur, par exemple), et Yates ne dédaigne pas l'intimisme (la Bande des quatre, beau scénario de Steve Tesich qui échappe à tous les clichés du film de jeunes). En somme, un artisan souvent inspiré.
Films ▲ :
Vacances d'été (Summer Holiday, CO Herbert Ross, 1962) ; One Way Pendulum (1964) ; Trois Milliards d'un coup (Robbery, 1967) ; Bullitt (id., 1968) ; John and Mary (id., 1969) ; la Guerre de Murphy (Murphy's War, 1970) ; les Quatre Malfrats (The Hot Rock/ou How to Steal a Diamond in Four Uneasy Lessons, 1971) ; The Friends of Eddie Coyle (1973) ; Ma femme est dingue (For Pete's Sake, 1974) ; Ambulances tous risques (Mother, Juggs and Speed, 1976) ; les Grands Fonds (The Deep, 1977) ; la Bande des quatre (Breaking Away, 1979) ; l'Œil du témoin (Eye Witness, 1980) ; Krull (id., 1982) ; l'Habilleur (The Dresser, 1984) ; Eleni (1985) ; Suspect (id., 1987) ; Une femme en péril (The House on Carrol Street, 1988) ; Délit d'innocence (An Innocent Man, 1989) ; Year of the Comet (1991) ; The Run of the Country (1995) ; Roommates (id.).
YERSIN (Yves)
cinéaste suisse (Lausanne 1942).
Formé comme opérateur, ce francophone allie au regard précis du documentariste un sens poétique profond et ne manque jamais, par conséquent, de lier la plus fine observation de l'univers et des gens à de significatives échappées lyriques. Ce double mouvement anime chacun de ses travaux, justifiant la popularité rencontrée par son premier long métrage de fiction, les Petites Fugues.
Films ▲ :
CM Le Panier à viande (CO Jacqueline Veuve, 1965) ; Angèle (épisode : Quatre d'entre elles, 1967 - 68) ; Valveja (1967) ; Celui qui dit non (épisode : Swiss Made, 1968) ; les Derniers Passementiers (Die letzten Heimposamenter, 1973) ; Inventaire lausannois (1981). LM Les Petites Fugues (avec Michel Robin, 1978).
YILMAZ (Atıf)
cinéaste et scénariste turc (Mersin 1926).
Chef de file, aux côtés de Lütfi Akad, de la « génération des cinéastes » des années 50, il est d'abord peintre et critique de cinéma. À un sens plastique indéniable, il sait ajouter un souci certain du choix de ses sujets. Il a très souvent participé lui-même à l'élaboration des scénarios. Sa direction d'acteurs est remarquable. S'il a abordé, comme tous les cinéastes de sa génération, un peu tous les genres, il reste, via ses comédies acides et à résonance sociale, un grand peintre de la vie rurale et des petites villes. Les films de ce prolifique cinéaste, témoin de son temps et de l'évolution sociale rapide du pays et plus particulièrement de la condition féminine (et qui pointe volontiers sa caméra, depuis les années 90 vers la vie des grandes cités), sont de plus en plus connus à l'étranger, même s'ils ne débordent pas d'originalités purement cinématographiques.
Principaux films :
Creusez ma tombe dans la pierre (Mezarımı Taştan Oyun, 1951) ; le Vœu de la mariée (Gelinin Muradı, 1957) ; le Carnet secret d'un chauffeur (Bir Şöförün Gizli Defteri, 1958) ; la Troupe (Kumpanya, 1958) ; les Enfants de cette patrie (Bu Vatanın ¸Cocukları, 1959) ; la Biche (Alageyik, id.) ; Deux Bateaux côte à côte (2 Gemi Yanyana, 1963) ; Demain est à nous (Yarın Bizimdir, id.) ; Ali le mâle (Erkek Ali, 1964) ; l'Épopée d'Ali de Keşan (Keşanlı Ali Destanı, id.) ; la Ballade de Murad (Murad'ın Türküsü, 1965) ; le Sang de la terre (Topraǧın Kanı, 1966) ; Arif de Balat (Balat'lı Arif, 1967) ; Cemo (id., 1972) ; la Honte (Utaņc, id.) ; la Seconde Femme (Kuma, 1974) ; Yusuf le Fou (Deli Yusuf, 1975) ; Hasip et Nasip (Hasip ile Nasip, 1976), Ma bien-aimée à l'écharpe rouge (Selvi Boylum, Al Yazmalım, 1977) ; le Sacrifice (Adak, 1979) ; l'Ouvrier chanceux (Talihli Amele, 1981) ; le Sang fou (Deli Kan, 1982) ; Miné (Mine, 1983) ; Une goutte d'amour (Bir Yudum Sevgi, 1984) ; Prénom Vasfiye (Adı Vasfiye, 1986) ; Aaahh Belinda (id., id.) ; Comment peut-on sauver Asiye ? (Asiye Nasıl Kurtulur ?, 1987) ; la Femme n'a pas de nom (Kadının Adı Yok, 1988) ; Mon ami Mephisto (Arkadaşım Şeytan, 1989) ; Une mer morte (Ölü Bir Deniz, 1990) ; Berdel (id. 1991) ; Vagabonds des rêves (Düş Gezginleri, 1992) ; la Nuit, l'ange et nos gars (Gece, Melek ve Bizim ¸Cocuklar, 1993) ; la Crème brûlée (Tavukgöǧsü Kazandibi, 1995, mm) ; Miracle ma non troppo (Nihavend Mucize, 1997) ; la Tempête d'automne (Eylül Fırtınası, 1999).