cinéaste et producteur britannique d'origine hongroise (Pusztaturpaszto, près de Túrkeve, 1893 - Londres 1956).
Après des études de journalisme à Paris, l'aîné des trois frères Korda commence ce qui sera l'une des prestigieuses carrières du cinéma anglais, à Budapest, comme traducteur d'intertitres, monteur, puis réalisateur. Dès ses premiers films (le Porte-Épée d'un officier [A tiszti kardbojt], 1915 ; Nuits blanches [Fehér éjszakák], 1916), il apparaît comme l'un des meilleurs cinéastes-producteurs de son pays (il est le directeur de la Corvin-Films). De 1914 à 1919, il réalise 25 films muets hongrois, dont l'Homme d'or (Az Aranyember, 1918), considéré comme le plus important de cette période. Inquiété par la police du dictateur Horthy, Korda émigre en Autriche (1920-1922, 4 films), en Allemagne (1923-1926, 6 films), à Hollywood (1926-1930, 9 films). En 1931, il séjourne en France, où il dirige Henri Garat dans Rive gauche et Raimu dans Marius, adaptation de la célèbre pièce de Marcel Pagnol. En mission en Grande-Bretagne, alors qu'il représente les intérêts de la Paramount, il fonde la London Films Productions, avec l'image de Big-Ben à chaque générique. Ce carillon va annoncer bien des heures de gloire. Le huitième film produit par cette nouvelle compagnie, la Vie privée d'Henry VIII (The Private Life of Henry VIII, 1933), constitue un événement déterminant dans l'histoire du cinéma britannique, aussi bien par l'accueil critique qu'il rencontre que par son extraordinaire succès commercial. Après le tournage de la Vie privée de Don Juan (The Private Life of Don Juan, 1934), Korda fait construire les studios de Denham, en mai 1936, et possède ainsi les équipements les plus modernes d'Europe. À partir de cette date, il dirige six autres films : Rembrandt (1936), la Conquête de l'air (Conquest of the Air, 1940), Lady Hamilton / That Hamilton Woman (1941), Perfect Strangers (1945), Un mari idéal (An Ideal Husband, 1947). Il produit par ailleurs des œuvres qui restent de grandes dates dans l'histoire du cinéma britannique : la Grande Catherine (P. Czinner, 1934) ; le Mouron rouge (H. Young, 1935) ; Bozambo (Z. Korda, id.) ; Fantôme à vendre (R. Clair, id.) ; les Nuits moscovites (A. Asquith, id.) ; Sous la robe rouge (V. Sjöström, 1937) ; Elephant Boy (R. Flaherty, id.) ; Chevalier sans armure (J. Feyder, id.) ; Alerte aux Indes (Z. Korda, 1938) ; le Divorce de lady X (T. Whelan, id.) ; les Quatre Plumes blanches (Z. Korda, 1939) ; le Voleur de Bagdad (M. Powell, 1940) ; Lydia (J. Duvivier, 1941) ; le Livre de la jungle (Z. Korda, id.) ; To Be or Not to Be (E. Lubitsch, 1942) ; Colonel Blimp (Powell et E. Pressburger, 1943). Il revient à Londres en 1943.
Les années d'après-guerre sont difficiles pour la London Films, sévèrement concurrencée par le nouvel empire Rank. Toutefois, Korda produit encore 45 films de 1947 à 1955, dont Anna Karenine (J. Duvivier, 1948), Première Désillusion (C. Reed, id.), le Troisième Homme (id., 1949), les Contes d'Hoffmann (Powell, 1951), le Banni des îles (Reed, id.), Pleure, ô mon pays bien-aimé (Z. Korda, 1952), le Mur du son (D. Lean, id.). Avant de mourir, le 3 janvier 1956, A. Korda venait de produire le film de son grand ami Laurence Olivier, Richard III.