PORTUGAL. (suite)
Le renouveau du cinéma portugais.
Mais le public ne suit pas toujours la démarche intellectuelle de certains cinéastes ni parfois même leur engagement politique. À l'aube des années 80, le succès populaire accueille des films où la fiction se dépolitise au profit d'un retour vers les genres traditionnels (Kilas, le méchant du film [Kilas, o Mau da Fita, 1980] ; Sans l'ombre d'un péché, 1982, de José Fonseca e Costa* ;Que Dieu le veuille! [Oxalá, 1980] et O Lugar do Morto ,1984, de A. P. de Vasconcelos ; Adão e Eva, 1995, de Joaquim Leitão). Cependant, parmi les cinéastes qui se révéleront au cours de cette période, il convient de remarquer notamment Lauro António (les Brumes de l'aube [Manhã submersa], 1980); Luis Felipe Rocha (Cerromaior, id.) ; Antonio Reis* et Margarita Cordeiro (Ana, 1982; Désert rose , 1989) ; João Maria Grilo* (A Estrangeira, 1982 ; le Procès du roi, 1989 ; A Terra/OFim do Mundo [épisode de la série Os Quatros Elementos], 1992 ; les Yeux d'Asie, 1996 ; Loin des yeux, 1998) ; Monique Rutler (Jogo de Mão, 1983) ; Jose Álvaro Morais (le Bouffon [O Bobo] 1987) ; Joaquim Pinto (Uma Pedra no Bolso, 1988 ; Onde Bate o Sol, 1989 ; O Fogo/Das Tripas Coração [épisode de la série Os Quatros Elementos], 1992) ; Pedro Costa* (O Sangue, 1989 ; Casa de lava, 1994 ; Ossos, 1997 ; No Quarto da Vanda, 2000) ; Jorge Silva Melo (Agosto, 1988), Margarida Gil (Relação Fiel e Verdadeira, 1986), João Canijo (Três Menos Eu, 1987 ; Filha da Mãe, 1990 ; Chaussures Noires [Sapatos Pretos ],1998), Teresa Villaverde (A Idade Maior, 1990 ;Três Irmãos, 1994, Os Mutantes, 1998), tandis que sur le plan international quatre metteurs en scène s'imposent. Deux réalisent des œuvres austères intemporelles mais d'une belle facture stylistique : Manoel de Oliveira, qui tourne une trilogie (le Passé et le Présent, 1971 ; Amour de perdition, 1978 ; Francisca, 1981) avant d'adapter le Soulier de satin de Claudel en 1985, et de poursuivre une œuvre étonnante par son originalité et sa jeunesse d'esprit (Mon Cas, 1986 ; les Cannibales, 1988 ; Non ou la vaine gloire de commander, 1990 ; le Val Abraham, 1993 ; le Couvent, 1995, Party, 1996 ; Voyage au début du monde, 1997 ; Inquiétude, 1998, la Lettre, 1999, Parole et utopie, 2000 ; Je rentre à la maison, 2001) et Paulo Rocha, auteur courageux et extrême de l'Île des Amours (1982), des Montagnes de la lune (1987), du Fleuve d'or (1998) de la Racine du cœur (2000). Deux autres cinéastes se font remarquer pour l'originalité de leur démarche visionnaire : João Cesar Monteiro* qui, après une revisitation des mythes et des légendes portugaises (Silvestre, 1981), se consacre à la création d'un personnage transgressif, João de Deus, protagoniste de tous ses films suivants (Souvenirs de la maison jaune , 1989 ; la Comédie de Dieu, 1995 ; le Bassin de John Wayne, 1997 ; les Noces de Dieu, 1999) ; et João Botelho* qui mélange dans ses œuvres l'Histoire du Portugal, la critique acerbe du présent et la recherche des valeurs fondamentales de l'esprit humain (Conversa acabada, 1981 ; Un adieu portugais, 1985 ; Este Tempo, 1988 ; Ici sur la terre, 1993 ; Tres Palmeiras, 1994 ; Trafic, 1998).