ZEMMOURI (Mahmoud) (suite)
C'est le plus méditerranéen des cinéastes maghrébins, et son approche cinématographique emprunte les clichés propres au cinéma « néoréaliste » italien. Son œuvre aborde des problèmes graves et actuels de la société algérienne sur le ton de la dérision sans pour autant négliger l'audace et la subtilité. Son premier film Prends 10 000 balles et casse-toi (1981), traite sur un ton humoristique du choc de deux cultures et de l'impossible réinsertion de jeunes immigrés issus de la deuxième génération. Rejetés par leur pays d'accueil et leur communauté d'origine, ils restent des « émigrés » des deux côtés de la Méditerranée. Ce film juste sur le déracinement d'une jeunesse est aussi critique vis-à-vis de la France que de l'Algérie. Après ce succès, Zemmouri s'attaque au problème sensible de la guerre d'Algérie avec les Folles Années du twist (1983). Pour la première fois, le thème de la guerre qui abonde dans le cinéma algérien est désacralisé, avec ce film qui raconte l'héroïsme et l'opportunisme des habitants d'un village près d'Alger, pendant les deux dernières années de la guerre (1960-1962). De Hollywood à Tamanrasset (1989) est une chronique villageoise sur les effets des images diffusées par satellites et captées par les antennes paraboliques. Avec l'Honneur de la tribu (1993), adapté du roman de Rachid Mimouni, on survole cinquante ans d'histoire de l'Algérie, où aucun des courants politiques (et surtout pas le FLN) ne trouve grâce à ses yeux. Zemmouri semble, avec ce film, alterner les thèmes de l'identité culturelle et de la guerre, qui bouleversent et ponctuent la vie de ceux de sa génération. En 1997, il tourne 100 % Arabica qui met en scène, et face à face, les chanteurs de raï Khaled et Cheb Mami.