Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
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ZEMMOURI (Mahmoud) (suite)

C'est le plus méditerranéen des cinéastes maghrébins, et son approche cinématographique emprunte les clichés propres au cinéma « néoréaliste » italien. Son œuvre aborde des problèmes graves et actuels de la société algérienne sur le ton de la dérision sans pour autant négliger l'audace et la subtilité. Son premier film Prends 10 000 balles et casse-toi (1981), traite sur un ton humoristique du choc de deux cultures et de l'impossible réinsertion de jeunes immigrés issus de la deuxième génération. Rejetés par leur pays d'accueil et leur communauté d'origine, ils restent des « émigrés » des deux côtés de la Méditerranée. Ce film juste sur le déracinement d'une jeunesse est aussi critique vis-à-vis de la France que de l'Algérie. Après ce succès, Zemmouri s'attaque au problème sensible de la guerre d'Algérie avec les Folles Années du twist (1983). Pour la première fois, le thème de la guerre qui abonde dans le cinéma algérien est désacralisé, avec ce film qui raconte l'héroïsme et l'opportunisme des habitants d'un village près d'Alger, pendant les deux dernières années de la guerre (1960-1962). De Hollywood à Tamanrasset (1989) est une chronique villageoise sur les effets des images diffusées par satellites et captées par les antennes paraboliques. Avec l'Honneur de la tribu (1993), adapté du roman de Rachid Mimouni, on survole cinquante ans d'histoire de l'Algérie, où aucun des courants politiques (et surtout pas le FLN) ne trouve grâce à ses yeux. Zemmouri semble, avec ce film, alterner les thèmes de l'identité culturelle et de la guerre, qui bouleversent et ponctuent la vie de ceux de sa génération. En 1997, il tourne 100 % Arabica qui met en scène, et face à face, les chanteurs de raï Khaled et Cheb Mami.

ZETTERLING (Mai)

actrice et cinéaste suédoise (Västerås 1925 - Londres 1994).

Elle passe une partie de son enfance en Australie puis s'établit avec sa famille à Stockholm. À seize ans, elle débute sur scène dans une pièce de Pär Lagerkvist. Engagée au Théâtre royal d'art dramatique, elle interprète avec succès Lorca, Saroyan, Sartre, Tchekhov. Au cinéma, elle apparaît dès 1941 dans Lasse-Maja (Gunnar Olsson) mais se fait surtout remarquer dans deux films d'Alf Sjöberg, Tourments (1944, rôle de la prostituée) et Iris et le cœur du lieutenant (1946, où elle forme avec Alf Kjellin un émouvant couple romantique). Remarquée par la Rank, elle est appelée en Grande-Bretagne pour jouer Frieda (B. Dearden, 1947). Ingmar Bergman la choisit pour incarner Ingrid Olofsdotter dans Musique dans les ténèbres (1948), mais, après le tournage du film, elle opte pour une carrière anglo-saxonne : le Mystère du camp 27 (T. Fisher, id.), Quartet (sketch les Faits de la vie, Ralph Smart, id.), L'assassin a de l'humour (The Ringer, G. Hamilton, 1952), Aventures à Berlin (Desperate Moments, C. Bennett, 1953), le Démon de la danse (Dance, Little Lady, V. Guest, 1954), Un grain de folie (M. Frank et N. Panama, id., avec Danny Kaye), Hold-up en plein ciel (M. Robson, 1955), Pour que les autres vivent (Seven Waves Away, Richard Sale, 1957), les Visages de la peur (Faces in the Dark, D. Eady, 1961), On n'y joue qu'à deux (S. Gilliat, id.). Au début des années 60, elle commence à tourner des documentaires pour la BBC : The Polite Invasion (1960), Lords of the Little Egypt (1961), The Prosperity Race (1962), The Do-It-Yourself Democracy (1963). Après un court métrage allégorique, The War Game (id.), primé à Venise, elle signe les Amoureux (Alskande par, 1964), adaptation très personnelle de plusieurs romans d'Agnès von Krusenstjerna, où l'on dénote un ton corrosif, des dialogues acides et un point de vue polémiquement et sincèrement féministe, dont la réalisatrice ne se départira jamais. En 1966, elle porte à l'écran son propre roman, Jeux de nuit (Nattlek), puis elle dirige successivement Docteur Glas (Doctor Glas, 1968, coproduction dano-américaine) et les Filles (Flickorna, 1969). En 1971, elle travaille de nouveau pour la BBC (Vincent The Dutchman ; sur Van Gogh), collabore au film Visions of Eight (1973) sur les jeux Olympiques de Munich et participe à plusieurs documentaires (Stockholm, 1977 ; Of Seals and Men, 1979 ; Lady Policeman, id.). En 1983, elle revient au long métrage avec Scrubbers, qui évoque, dans un style très proche du documentaire de constat, la vie des jeunes délinquantes en prison et signe en 1986 Amorosa (id.), évocation de la vie tourmentée de la romancière Agnes von Krusenstjerna. De temps à autre, on retrouve Mai Zetterling actrice dans des rôles de composition (The Witches, N. Roeg, 1990 ; Hidden Agenda, K. Loach, id.) ; le Voyage du grand-père ([Morfas resa], Staffan Lamm, 1993).

ZGOURIDI (Aleksandr) [Aleksandr Mihajlovič Zguridi]

cinéaste soviétique (Saratov 1904).

Orphelin de bonne heure, il pratique cent métiers pour survivre. Autodidacte, il se passionne pour la peinture, la musique, le droit, la technique cinématographique, le sport. En 1930, un ami d'enfance retrouvé sur un stade le fait engager par le laboratoire du film scientifique de l'Institut de microbiologie et d'épidémiologie de Saratov. Après quelques petits films de vulgarisation, où déjà apparaissent des images précieuses et insolites du comportement animal, il invente, auprès du Soïouzkino de Moscou qui l'a sollicité, le « film biologique », documentaire romancé et dramatisé sur la vie des animaux, genre dont il demeure l'un des grands maîtres. Professeur au VGIK, il a présidé, de 1957 à 1967, l'Association internationale des cinéastes scientifiques.

Films :

la Sentinelle ailée (Pernataja smena, 1935) ; Dans les profondeurs de la mer (V glubinah morja, 1939) ; la Force de la vie (Sila žizni, 1940) ; Dans les sables de l'Asie centrale / Sables de mort (V peskah Srednej Azii, 1943) ; Croc-Blanc (Belyj klyk, 1944-1946) ; Sur la piste de la jungle (Tropoju džunglej, URSS-CHINE, 1959) ; la Montagne noire (Černaja gora, INDE, 1970) ; Krépich (Krepyš, CO Nana Kldiachvili, 1981) ; Au cœur de la forêt, là où coule la rivière (V debrjah, gde reki tekut, CO Kldiachvili, 1987) ; Une veine de chien (Sobač'e sčast'e, CO Kldiachvili, 1991) ; la Ballerine (Balerina, CO Kldiachvili, 1993).