RENNIE (Michael)
acteur américain d'origine britannique (Bradford, Grande-Bretagne, 1909 - Harrogate, id., 1971).
Il obtient son premier rôle dans Quatre de l'espionnage (A. Hitchcock, 1936) et mène une discrète carrière anglaise jusqu'à ce que la Rose noire (H. Hathaway, 1950) lui vale un contrat à la Twentieth Century Fox. Grand, osseux, impassible, il excelle dans les personnages troubles et ambigus (The Thirteenth Letter, O. Preminger, 1951 ; Appel d'un inconnu, J. Negulesco, 1952, et l'Affaire Cicéron, J. L. Mankiewicz, id.). Sa carrière commence à décliner avec Désirée (H. Koster, 1954) et progressivement ses rôles deviennent plus minces et plus rares. Le meilleur souvenir qu'il laisse, c'est son rôle de Martien pacifique dans le Jour où la terre s'arrêta (R. Wise, 1952), où son physique le sert grandement.
RENO (Jean)
acteur français (Casablanca, Maroc, 1948).
Il débute dans des petits rôles, de Clair de femme (Costa-Gavras, 1979) à Notre histoire (B. Blier, 1984) avec toutefois un rôle plus important, celui du colosse, dans le Dernier Combat (L. Besson, 1982). C'est avec ce réalisateur qu'il atteint la notorité, grâce au Grand Bleu (1988). Il tourne alors dans une série de comédies, Opération Corned-beef (J.-M. Poiré, 1991), les Visiteurs (id., 1993), les Visiteurs II (id, 1998), les Visiteurs en Amérique (id., 2001), les Truffes (Bernard Nauer, 1995). Son personnage dans Nikita (1990), toujours avec Luc Besson, est développé par ce dernier dans un film dont Reno est la vedette, Léon (1994) et par Mathieu Kassovitz dans les Rivières pourpres (2001).
RENOIR (Claude)
chef opérateur français (Paris 1914 - Troyes 1993).
Fils du comédien Pierre Renoir, il se voit confier l'image de Toni (1935) par son oncle Jean Renoir, dont il filme également Une partie de campagne (1946 [RÉ 1936]), puis se perfectionne auprès de Christian Matras. Il s'impose après la Libération, et tout spécialement lorsque l'avènement de la couleur lui permet de faire la preuve de son exceptionnel talent de coloriste. Parmi ses films : les Chouans (Henri Calef, 1947) ; Alice au pays des merveilles (M. Maurette et Lou Bounin, 1949) ; Rendez-vous de juillet (J. Becker, id.) ; le Fleuve (J. Renoir, 1951) ; le Gantelet vert (R. Maté, 1952) ; le Carrosse d'or (Renoir, 1953) ; Une fille nommée Madeleine (A. Genina, 1954) ; Éléna et les hommes (Renoir, 1956) ; le Mystère Picasso (H.-G. Clouzot, id.) ; Crime et Châtiment (G. Lampin, id.) ; les Sorcières de Salem (R. Rouleau, 1957) ; Une vie (A. Astruc, 1958) ; les Tricheurs (M. Carné, id.) ; Et mourir de plaisir (R. Vadim, 1960) ; les Amants de Téruel (Rouleau, 1962) ; l'Insoumis (A. Cavalier, 1964) ; la Curée (Vadim, 1966) ; la Grande Vadrouille (G. Oury, id.) ; Barbarella (Vadim, 1968) ; les Mariés de l'an II (J.-P. Rappeneau, 1970) ; les Cavaliers (J. Frankenheimer, 1971) ; le Casse (H. Verneuil, id.) ; l'Impossible Objet (Frankenheimer, 1973) ; le Serpent (Verneuil, id.) ; French Connection II (Frankenheimer, 1975) ; Calmos (B. Blier, 1976) ; l'Aile ou la Cuisse (C. Zidi, id.) ; l'Espion qui m'aimait (L. Gilbert, 1977) ; le Toubib (P. Granier-Deferre, 1979).
RENOIR (Jean)
cinéaste, scénariste, producteur, écrivain, metteur en scène de théâtre français (Paris 1894 - Beverly Hills, Ca., 1979).
Son père est le peintre impressionniste Auguste Renoir (1841-1919). Cette filiation a beaucoup compté. Le cinéaste lui doit les formes mêmes de sa sensibilité, sa culture, sa « morale du bouchon », sa philosophie de l'accord avec le monde (« La vie est un état, non une entreprise »), son esthétique (« Je suis un homme du XIXe siècle et j'ai besoin de l'observation comme point de départ »), son insertion sociale, l'héritage paternel lui permettant de poursuivre une carrière novatrice en dépit de nombreux insuccès. Jean Renoir s'est formé dans la double familiarité du « peuple » — à commencer par les domestiques-modèles de son père — et de l'aristocratie intellectuelle de l'époque. Le thème « maîtres et serviteurs », tenace dans son œuvre, est primordial. C'est d'ailleurs, prétendra-t-il, pour faire du dernier modèle de son père, Andrée Heuchling, épousée en 1920, une vedette (Catherine Hessling) qu'il viendra au cinéma. En attendant, il est céramiste (1920). Engagé dans les dragons en 1912, après des études médiocres, il participa à la guerre comme chasseur à pied (1914-15) puis comme aviateur (1916-1918). Il en rapporte une claudication permanente. Folies de femmes (E. von Stroheim, 1921), qu'il découvre en 1924, décide de sa nouvelle vocation (« J'ai dû le voir au moins dix fois »). L'allègre et sarcastique cruauté de Stroheim sera une composante du style renoirien, particulièrement marquée dans Nana, Tire-au-flanc, la Chienne, le Journal d'une femme de chambre.
La première époque — dionysiaque, agressive, ludique et anarchisante — de la carrière de Renoir s'accomplit sous le signe de l'avant-garde. Entre 1924 et 1928, de la Fille de l'eau à Tire-au-flanc, le cinéaste explore et souvent marie les valeurs de l'impressionnisme français et de l'expressionnisme allemand. Leur synthèse, à la fois harmonieuse et exaspérée, explique la puissance originale de Nana. Ces deux courants, pour l'essentiel, relèvent de la culture de l'avant-guerre. Aux œuvres qu'ils lui inspirent, Renoir ajoute deux essais franchement modernes, typiques de l'« esprit nouveau » — celui des années folles et de l'ère du jazz : Charleston (1927) et la Petite Marchande d'allumettes. Dans ces films, comme dans les autres, la mise en scène gravite autour de la personne de Catherine Hessling, actrice singulière entre la femme et l'enfant, entre la poupée et la femme, d'une expressivité et d'un érotisme au bord de la caricature ; héritière, jouant-dansant, du « nervosisme » des premières interprètes de Griffith (Renoir lui imposait de « jouer saccadé »). Une seule actrice peut lui être comparée : Alexandra Khokhlova qui, en URSS, est sa contemporaine. Catherine Hessling sort de l'univers de Renoir à la fin du muet. Le couple divorcera en 1935. Aucun film de cette première époque n'a grand succès. Renoir, soucieux de ne pas se laisser marginaliser, consent à des concessions : « Le cinéma, comme les autres métiers, c'est un « milieu » et, pour un « étranger », pénétrer dans un milieu, ça n'est pas seulement une question d'idées et de tendances, c'est aussi une question de langage, d'habitudes, de costumes, etc. » Concessions totales : le Tournoi, le Bled ; partielles : On purge Bébé.