MAKAVEJEV (Dušan) (suite)
Il tourne son nouveau film, Sweet Movie (id., 1974), en France. D'une forme encore plus libre, l'œuvre déconcerte. Elle pousse à l'extrême la veine surréaliste du cinéaste sous la forme d'une fable sanglante où la caricature se mêle à un lyrisme échevelé. Une vision tragique de la vie y va de pair avec une volonté de libération à l'égard de tous les tabous. Le poète en Makavejev semble faire de l'anarchie une défense vitale face aux contraintes sociales. La même année, il signe sous le pseudonyme de Sam Rotterdam Politfuck, l'un des épisodes du film Rêves humides (Wet Dreams), coréalisé entre autres par Nicholas Ray, Max Fischer, J.J. Thorsen, N. Dragic, G. Koiman, sorti en France dans des salles vouées aux films érotiques.
Les Fantasmes de madame Jordan (Montenegro/Pigs and Pearls, 1981), qu'il réalise en Suède, reprend dans un registre plus accessible les thèmes du cinéaste en les édulcorant. Le contraste à Stockholm entre le monde dionysiaque des travailleurs immigrés yougoslaves et celui d'une bourgeoisie puritaine permet à Makavejev d'exercer une fois de plus ses dons de satiriste. Il poursuit son errance en tournant, en Australie, The Coca-Cola Kid (1985), comédie où il se moque de la société de consommation et de la naïveté d'un vendeur américain. Son déracinement est peut-être à l'origine du demi-échec de Pour une nuit d'amour / Manifesto (Manifesto, 1987), produit par la Société Cannon, et de Gorilla bathes at Night (1992). En 1995, il signe le documentaire A Hole in the Soul. Malgré les aléas d'une carrière cosmopolite, Makavejev a néanmoins marqué de sa forte personnalité le cinéma d'après la Nouvelle Vague et — en tout état de cause — il est un de ceux qui ont le mieux exprimé le bouillonnement des idées si caractéristique des années 60. ▲