MARIANO (Mariano Eusebio González, dit Luis)
chanteur et acteur espagnol (Irún 1914 - Paris 1970).
Ce ténor à la voix irrésistible, qui triomphe au Théâtre du Châtelet, prend, à la fin de la guerre, le relais de Tino Rossi et draine une foule d'admiratrices. Il rivalise avec Georges Guétary et transporte à l'écran tous ses succès de scène : Andalousie (R. Vernay, 1951) ; Violettes impériales (R. Pottier, 1952) ; la Belle de Cadix (R. Bernard, 1953) ; le Chanteur de Mexico (Pottier, 1956). On signalera en outre un film cocasse et raté, Histoire de chanter (G. Grangier, 1946), et de courtes apparitions dans Napoléon (S. Guitry, 1955) et Candide ou l'Optimisme au XXe siècle (N. Carbonnaux, 1961).
MÁRIÁSSY (Félix)
cinéaste hongrois (Mikófalva 1919 - Budapest 1975).
Il entre dans la carrière cinématographique comme assistant réalisateur et comme monteur (à ce titre, il participe au montage de Quelque part en Europe [G. Radványi, 1947] et d'Un lopin de terre [F. Bán, 1948]). Il débute dans la réalisation avec ‘ Madame Szabo ’ (Szabóné, 1949), dirige quelques films non exempts de schématisme : ‘ le Mariage de Catherine ’ (Kis Katalin házassága, 1950), ‘ À toute vapeur ’ (Teljes gőzzel !, 1951), brosse un tableau précis de la classe moyenne provinciale entre les deux guerres sous la régence de l'amiral Horthy : ‘ Ces messieurs de la famille ’ (Rokonok 1954, d'après l'œuvre de Zsigmond Móricz) puis s'impose en cinq films comme l'un des représentants les plus talentueux de la « première génération » des cinéastes de l'après-guerre aux côtés de Zoltán Fábri et de Károly Makk : Printemps à Budapest (Budapesti tavasz, 1955) illustre avec justesse le roman de Ferenc Karinthy sur la libération de la capitale hongroise en 1945 ; Un petit bock de blonde (Egy pikoló világos, id.) rappelle Zavattini et le néoréalisme italien en offrant un portrait non « retouché » de la jeunesse ouvrière des années 50 ; ‘ la Légende du faubourg ’ (Külvárosi legenda, 1957), sur un scénario de sa femme Judith (1924-1987), poursuit une thématique très proche mais sera l'objet d'un blâme du pouvoir en place pour avoir représenté « la classe ouvrière de manière fausse et désespérante » ; Contrebandiers (Csempészek, 1958) délaisse le monde urbain au profit du monde rural et s'attache à la description d'une émouvante histoire d'amour contrariée par les circonstances tandis que ‘ les Années blanches ’ (Álmatlan évek, 1959) évoque la vie et les luttes des ouvriers du complexe industriel de Csepel de 1916 à 1944 en cinq épisodes réalisés avec minutie et sobriété.
L'apport de Máriássy semble moins éclatant au cours des annnées 60 : il s'efface devant les Jancsó, Kovács, Gaál et autres Szábo, signant des œuvres mineures : ‘ Un amour tout simple ’ (Fapados szerelem, 1960) ; ‘ Un enfant retrouve son foyer ’ (Hosszú az út hazáig, id.) ; ‘ En rodage ’ (Próbaút, id.) ; ‘ Tous les jours dimanche ’ (Pirosbetűs hetköznapok, 1962) ; ‘ Goliath ’ (Karambol, 1964) ; ‘ Une feuille de vigne ’ (Fügefalevél, 1966) ; ‘ Contrainte ’ (Kötelék, 1967). Son dernier film, ‘ Imposteurs ’ (Imposztorok, 1969), montre pourtant que le talent de Máriássy n'était qu'en sommeil et que les qualités du cinéaste n'avaient guère changé pour peu que le scénario dans sa structure même fasse appel à elles. ▲
MARIELLE (Jean-Pierre)
acteur français (Paris 1932).
Son physique, son abattage et sa bonne santé lui ont valu d'être, de ses débuts en 1957 avec Henri Decoin (Tous peuvent me tuer) jusqu'en 1968, un des seconds plans, le plus souvent comique, le plus en vue du cinéma français, dans des films généralement peu ambitieux. Puis des cinéastes comme Jean-Daniel Pollet (L'amour c'est gai, l'amour c'est triste, 1968) et Philippe de Broca (le Diable par la queue, 1969) lui permettent de prouver qu'il vaut mieux que cela. Il tourne beaucoup, réussit à imposer son personnage dans des rôles hauts en couleur qui n'évitent pas toujours la vulgarité : On est toujours trop bon avec les femmes (M. Boisrond, 1971) ; la Valise (G. Lautner, 1973) ; il devient une vedette à part entière avec des cinéastes comme Joël Seria (Charlie et ses deux nénettes, id. ; les Galettes de Pont-Aven, 1975), Yves Boisset (Dupont la joie, id.), Bertrand Tavernier (Que la fête commence, id.), Bertrand Blier (Calmos, 1976 ; Tenue de soirée, 1986), Claude D'Anna (Partenaires, 1984), Édouard Molinaro (l'Amour en douce, 1985). Dans Coup de torchon, de Tavernier (1981), il réussit, dans un double rôle, à faire passer un fort courant d'étrangeté. On le retrouve en 1987 dans Les mois d'avril sont meurtriers (Laurent Heynemann), en 1988 dans Quelques Jours avec moi (C. Sautet), un de ses plus grands rôles – et le plus intériorisé – en 1990 dans Uranus (C. Berri), puis successivement dans Tous les matins du monde (A. Corneau, 1991), Max et Jérémie (Claire Devers, 1992), Un, deux, trois, soleil (B. Blier, 1993), le Parfum d'Yvonne (P. Leconte, id.), le Sourire (C. Miller, 1994), les Milles (Sébastien Grall, id.), les Grands Ducs (P. Leconte, 1996), l'Élève (Olivier Schatzky, id.).
MARION (Frances Marion Owens, dite Frances)
scénariste et cinéaste américaine (San Francisco, Ca., 1888 - Los Angeles, Ca., 1973).
Elle travaille comme reporter et correspondante de guerre puis inaugure en 1915 une prolifique carrière de scénariste. Très active pendant les deux décennies suivantes, elle devient vite l'une des grandes figures hollywoodiennes dont le rôle sera déterminant dans la création du style MGM. À bien des égards, Frances Marion était des plus habiles. Car, si elle excellait dans le mélodrame (Humoresque, F. Borzage, 1920 ; Secrets, id., 1924 ; le Sublime Sacrifice de Stella Dallas, H. King, 1925 ; le Fils du cheik, G. Fitzmaurice, 1926), elle s'entendait à merveille pour faire naître des données romanesques et sentimentales d'un prétexte le plus souvent rugueux et viril. Si bien qu'elle pouvait toucher sans difficulté le public masculin et féminin : Barbara, fille du désert (H. King, 1926) ; les Cosaques (de son mari d'alors, G. W. Hill, 1928) ; Min and Bill (id., 1930) ; Big House (id., id.) ; le Champion (K. Vidor, 1931). Mais Frances Marion est aussi l'auteur expérimenté de scénarios ambitieux d'une rare qualité (la Lettre rouge, V. Sjöström, 1926 ; le Vent, id., 1928 ; le Roman de Marguerite Gautier, G. Cukor, 1937). Elle sait rendre justice au grand talent de son amie, la comédienne Marie Dressler (Mes petits, C. Brown, 1932 ; les Invités de 8 heures, Cukor, 1933). Elle se retire vers le milieu des années 40. Elle a réalisé deux films interprétés par Mary Pickford : The Love Light (1921) et Just Around the Corner (1922), que l'on dit remarquables.