cinéaste italien (Rome 1900 - id. 1987).
Après avoir été employé de banque et conduit à terme des études de droit, Blasetti se lance dans le journalisme militant pour prendre la défense du cinéma italien et pour affirmer la nécessaire renaissance d'une industrie moribonde. D'abord collaborateur du quotidien L'Impero, il fonde en 1926 Lo Schermo, revue de culture cinématographique qui devient en 1928 Cinematografo. Blasetti crée également en 1928 Lo Spettacolo d'Italia, un autre hebdomadaire à vocation plus large que le précédent. Avec les lecteurs de Cinematografo, il fonde une coopérative de production, l'Augustus, grâce à laquelle il va pouvoir passer à la mise en scène : à partir d'un sujet d'Aldo Vergano, il tourne en 1928 Sole. Le succès du film lui ouvre la possibilité de travailler pour la société la plus puissante du moment, la Cines, de Pittaluga. Devenu, à partir de 1930, un cinéaste apprécié de la critique et du public, il apparaît beaucoup sur les écrans et se montre à l'aise dans les grandes reconstitutions historiques comme dans les films à thèmes contemporains ; il alterne aussi drames et comédies et tourne même quelques films fortement marqués par l'atmosphère fasciste. Parmi les films réalisés de 1930 à 1943, on peut citer Nerone (1930) avec Ettore Petrolini, Terra madre (1930), La tavola dei poveri (1932) avec Raffaele Viviani, 1860 (1933), Vecchia guardia (1935), un des rares films consacrés aux circonstances de l'arrivée au pouvoir des fascistes, puis Aldebaran (id.), Ettore Fieramosca (1938), Retroscena (1939), Un‘ avventura di Salvator Rosa (1940), la Couronne de fer (La corona di ferro, 1941), la Farce tragique (La cena delle beffe, 1941), Quatre Pas dans les nuages (Quattro passi fra le nuvole, 1942). Grâce à ce dernier film, Blasetti se prépare à prendre le tournant de l'après-guerre et à participer, certes de manière mineure, au courant néoréaliste. Dans cette perspective, il réalise Un jour dans la vie (Un giorno nella vita, 1946). Après le médiocre Fabiola (id., 1949) et quelques années d'incertitude créatrice, Blasetti retrouve une seconde jeunesse en tournant deux films à sketches très appréciés du public Heureuse Époque (Altri tempi, 1952) ; Quelques pas dans la vie (Tempi nostri, 1954) et surtout en lançant le couple Sophia Loren-Marcello Mastroianni dans deux comédies brillamment enlevées : Dommage que tu sois une canaille (Peccato che sia una canaglia, 1955), la Chance d'être femme (La fortuna di essere donna, id.). En 1959, il inaugure, avec Nuits d'Europe (Europa di notte, suivi en 1961 de Io amo tu ami), un genre qui obtient immédiatement un grand succès, celui du film enquête sur la vie nocturne de grands cabarets internationaux. En 1966, il réalise le très personnel Moi, moi, moi... et les autres (Io, io, io... e gli altri), film dans lequel il dresse en quelque sorte le bilan de ses expériences passées. Depuis cette date, Blasetti a réalisé quelques films mineurs et s'est ensuite consacré à des travaux pour la télévision, notamment des anthologies de films comiques (L'arte di far ridere, 1976) et de films de science-fiction (Racconti di fantascienza, 1978). En plus d'un demi-siècle d'activité, Blasetti s'est montré, sans conteste, un des cinéastes italiens les plus productifs : doté d'un solide métier, apte à sentir l'évolution du goût du public avec lequel il a toujours maintenu un contact intelligent, il s'apparente aux cinéastes hollywoodiens de la grande époque : son univers personnel ne s'impose pas au premier abord mais sous-tend toute l'œuvre d'un fil continu. Surnommé « le metteur en scène en bottes » (il apparaît dans Bellissima de Visconti et dans Une vie difficile de Risi), Blasetti s'impose avec sa forte personnalité comme un homme de spectacle aux qualités évidentes, même si aucun de ses films ne le place vraiment au niveau des plus grands. Nul doute, toutefois, que, dans les années 30 et au début des années 40, il soit avec Camerini le meilleur cinéaste italien.