MORELLI (Rina)
actrice italienne (Naples 1908 - Rome 1976).
Elle débute à seize ans au théâtre où elle devient célèbre avant de travailler aux côtés de Paolo Stoppa. Après un grand succès obtenu avec son premier film, Une aventure de Salvator Rosa (A. Blasetti, 1940), son talent subtil trouve rarement un emploi intelligent. Parmi ses meilleurs rôles : Sissignora (F. M. Poggioli, 1942), Fabiola (Blasetti, 1949), le Christ interdit (C. Malaparte, 1950), Senso (L. Visconti, 1954), le Bel Antonio (M. Bolognini, 1960), le Guépard (Visconti, 1963), l'Innocent (id., 1976).
MORENA (Erna)
actrice allemande (Aschaffenburg 1885 - Munich-Schwabing 1962).
Visage pâle, presque exsangue contrastant avec une coiffure et des yeux très sombres, elle sait obtenir un maximum d'effets avec un minimum de moyens au théâtre d'abord puis au cinéma. Elle travaille sous la direction d'Eugen Illes puis interprète la Lulu de Wedekind aux côtés d'Emil Jannings (Alexander von Antalffy, 1917) et une première version du Journal d'une fille perdue (R. Oswald, 1918). A la fin des années 10 et au cours des années 20 elle est dirigée par Robert Wiene, F. W. Murnau (Gang in die Nacht, 1918) von Czerepy (Fridericus Rex, 1922), Hans Steinhoff, Carl Froelich, Joe May Holger-Madsen, Gaston Ravel, G. W. Pabst. A l'arrivée du cinéma sonore elle est peu à peu reléguée dans des rôles de composition qu'elle sauve de l'anonymat par la finesse de son jeu et une étrange grâce mélancolique.
MORENO (Antonio Garrido Monteagudo y Moreno, dit Antonio)
acteur et cinéaste espagnol (Madrid 1887 - Beverly Hills, Ca., US, 1967).
Provenant du théâtre, il s'installe à Hollywood dès 1912 et interprète une trentaine de films muets, parfois avec des partenaires prestigieuses comme Greta Garbo, Gloria Swanson, Pola Negri, Bebe Daniels et Marion Davies. Parmi les plus représentatifs : Mare Nostrum (R. Ingram, 1926) et It (C. Badger, id., auprès de Clara Bow). Sollicité pour la production « hispano » des débuts du parlant, il passe à la mise en scène et tourne Santa (1931), d'après Federico Gamboa, premier long métrage sonore mexicain. Ce sera le point de départ d'une prolifique lignée de films construits autour de prostituées au grand cœur. Il réalise encore au Mexique Aguilas frente al sol (1932) et revient en Espagne pour jouer dans Maria de la O (F. Elias, 1936), où il parle avec un accent américain. Sa carrière décline ensuite, même s'il tourne jusqu'en 1958.
MORENO (Marguerite Monceau, dite Marguerite)
actrice française (Paris 1871 - Touzac 1948).
Malgré sa notoriété théâtrale, le muet l'avait à peu près ignorée (Vingt Ans après, H. Diamant-Berger, 1922, le Capitaine Fracasse, A. Cavalcanti, 1929), mais le parlant va tout de suite faire appel à elle, séduit par son impeccable diction et lui reconnaissant une force comique indéniable. La Paramount l'utilise à tort et à travers (Paramount en parade, Charles de Rochefort, 1930 ; Un trou dans le mur, René Barberis, id.) mais la fait connaître au grand public, qui l'adopte rapidement. Elle reprend ses succès dramatiques (le Sexe faible, R. Siodmak, 1933), joue la Thénardier des Misérables (R. Bernard, 1934), et tourne quantité de vaudevilles d'où elle tire à chaque fois son épingle du jeu. Très âgée, elle remporte ses plus belles victoires : Douce (C. Autant-Lara, 1943), où elle se taille la part du lion ; Un revenant (Christian-Jaque, 1946) ; Les jeux sont faits (J. Delannoy, 1947). Comme dans la Folle de Chaillot, qu'elle incarne chez Jouvet, elle fait applaudir son art, combinaison savante d'autorité, de précision, d'humour et d'émotion. Elle fut la compagne de Blaise Cendrars.
MORETTI (Nanni)
cinéaste, producteur et acteur italien (Brunico 1953).
Il débute par un certain nombre de courts et moyens métrages (Come parli frate ?, MM , 1974), avant de faire une entrée remarquée avec un premier long métrage réalisé en super-huit : Je suis un autarcique (Io sono un autarchico, 1977), film à l'humour corrosif, qui obtient un franc succès. En 1978, il réalise Ecce Bombo et en 1981 Sogni d'oro.
Au cours des années 80, il apparaît comme l'un des plus sûrs espoirs de la nouvelle génération des cinéastes italiens. Après Bianca (id., 1984) et la Messe est finie (La messa e finita, 1985), il signe Palombella rossa (id., 1989) où, dans le cadre unique d'une piscine où se joue un match de water-polo (transposition d'une scène de théâtre, l'auteur – et acteur principal – règle ses comptes avec la société italienne contemporaine, la politique (le P. C. I.), la religion, la morale, la culture médiatique et surtout avec lui-même. Figure majeure du cinéma italien des années 80, il est également producteur et acteur (notamment dans le Porteur de serviette de D. Luchetti en 1991). En 1993, il se met en scène lui-même dans Journal intime (Caro diario). En 1996, il apparaît dans La Seconda Volta de Domenico Calopresti et en 1997 il réalise Aprile. En 2001, il prend ses distances avec l'autobiographie et revient à la fiction avec la Chambre du fils (La stanza del figlio), le drame, tout en finesse, d'un psychanalyste aux prises avec la mort de son fils. Il reçoit la Palme d'or à Cannes pour ce film.
MORGAN (Francis Philip Wupperman, dit Frank)
acteur américain (New York, N. Y., 1890 - Beverly Hills, Ca., 1949).
Fils d'importateur, il met au point avec son frère Ralph (1883-1956) un numéro de music-hall qui les fait remarquer. C'est néanmoins discrètement qu'il apparaît à l'écran en 1916. Mais c'est le parlant qui, soudain, fait presque une vedette de cet homme mûr et rond, au sourire chaleureux et malicieux. D'une imposante filmographie, on notera qu'il brillait aussi bien dans la comédie (The Half-Naked Truth, G. La Cava, 1932) que dans le drame (le Baiser devant le miroir, J. Whale, 1933). Il reprend le rôle de Panisse dans la version hollywoodienne de la trilogie de Pagnol (Port of the Seven Seas, Whale, 1938) et joue le Magicien d'Oz (V. Fleming, 1939). Ses deux rôles les plus remarquables furent le boutiquier cocufié de Rendez-Vous (E. Lubitsch, 1940) et l'universitaire persécuté par les nazis dans The Mortal Storm (F. Borzage, 1940). Il meurt pendant le tournage d'Annie, reine du cirque (G. Sidney, 1950) et est remplacé par Louis Calhern.