Dictionnaire du Cinéma 2001Éd. 2001
O

OLAND (Verner Ohlund, dit Warner)

acteur américain d'origine suédoise (Umea 1880 - Los Angeles, Ca., 1938).

Il émigre aux États-Unis avec ses parents à l'âge de dix ans. Acteur de théâtre et traducteur des œuvres d'August Strindberg, il rencontre le cinéma en 1912, et joue dans Life of John Bunyan et Pilgrim's Progress, que signe Francis Power. Hollywood, qui s'intéresse aux profils exotiques et tout particulièrement asiatiques (voir Forfaiture, C. B. De Mille, 1915) remarque que Warner Oland est parfaitement crédible en « homme jaune ». Deux films de Rowland V. Lee, The Mysterious Dr. Fu Manchu (1929) et The Return of Dr. Fu Manchu (1930), décident de la future carrière de l'émigré suédois. Dès l'année suivante, dans The Black Camel et Charlie Chan Carries On (tous deux de Hamilton MacFadden), Warner Oland endosse la personnalité du détective chinois Charlie Chan, apparu sur les écrans en 1926, mais alors sans succès. Il campe ce personnage dans de nombreuses bandes, dont certaines font preuve de réelles inventions de scénario : Charlie Chan in London (Eugene Forde, 1934), Charlie Chan at the Opera (H. B. Humberstone, 1937), Charlie Chan on Broadway (Forde, id.). À la mort de l'acteur, Sidney Toler le remplace avec, toutefois, un peu moins de succès. Warner Oland apparaît dans plus de cent films, dont le Chanteur de jazz (A. Crosland, 1927), X 27 (J. von Sternberg, 1931) et Shanghai Express (id., 1932).

OLBRYCHSKI (Daniel)

acteur polonais (Łowicz 1945).

Il tourne son premier film (Un homme blessé, Janusz Nasfeter, 1964) alors qu'il est encore élève de l'École d'art dramatique de Varsovie et se voit à vingt ans choisi par Wajda pour incarner le héros de Cendres (1965). Il inaugure alors une brillante carrière à la fois au théâtre (il triomphe dans le rôle de Hamlet), au cinéma (La suite est silence [Potem nasţapi cisza], J. Morgenstern, 1966 ; Yovita, id., 1967 ; le Saut, K. Kutz, 1969 ; la Structure du cristal, K. Zanussi, id.) et à la télévision. Après la mort accidentelle de Zbigniew Cybulski, il devient l'idole du public polonais en quête d'un « nouvel acteur national », interprétant quelques films mémorables avec Andrzej Wajda (Tout est à vendre, 1969 ; la Chasse aux mouches, id. ; Paysage après la bataille, 1970 ; le Bois de bouleaux, id. ; les Noces, 1973 ; la Terre de la grande promesse, 1975 ; les Demoiselles de Wilko, 1979 ; Un amour en Allemagne, 1983), Kazimierz Kutz (le Sel de la terre noire, 1970), Krzysztof Zanussi (la Vie de famille, 1971), et s'imposant dans des grands films populaires comme Messire Wolodyjowski (J. Hoffman, 1969) ou le Déluge (id., 1974). Jancsó le remarque, lui offre un rôle dans la Pacifista (1970) puis dans Agnus Dei (1971) et Roma rivuole Cesare (1973). Peu à peu les metteurs en scène étrangers le sollicitent : Schlöndorff en 1979 pour le Tambour ; Lelouch en 1981 pour les Uns et les Autres. Entre plusieurs films pour la télévision (dont les Aventures de Messire Michel de Pavel Komorowski, en 1968 ; Pilate et les autres de Wajda et Die Rolle de Zanussi en 1972), de très nombreuses prestations au théâtre, dans son pays ou à l'étranger — notamment en France —, il apparaît encore à l'écran dans Dagny (Haakon Sandoy, 1976) ; Kung Fu (J. Kijowski, 1980) ; 1901, enfants en grève (Filip Bajon, 1981) ; Hacherezade /Axiliad (Siekierezada, Witold Leszczynski, 1985) ; Rosa Luxembourg (M. von Trotta, 1986) ; Mosca addio (M. Bolognini, 1987) ; l'Insoutenable Légèreté de l'être (Ph. Kaufman, 1988) ; Notturno (Love Has Lied - Franz Schubert, Fritz Lehner, id.) ; l'Orchestre rouge (J. Rouffio, 1989) ; le Décalogue (épis. n° 3, K. Kiesłowski, id.) ; Moi Ivan, toi Abraham (Yolande Zauberman, 1993) ; Conversation avec l'homme de l'armoire (Rozmowa z czlowiekem z szafy, Mariusz Grzegorzek, id.) ; Transatlantis (Christian Wagner, 1995), Pan Tadeusz (Wajda, 1999) ; Par le fer et par le feu (J. Hoffman, id.), l'Avant-printemps (F. Bajon, 2001) ; C'est moi le voleur (To ja, złodziej, id.). Ses qualités athlétiques et son entrain l'ont conduit à aborder avec le même bonheur les héros intrépides et romantiques, ambitieux et sûrs d'eux-mêmes, guettés parfois par les revers de l'histoire, et certains personnages psychologiquement plus complexes et plus nuancés.

OLCAY (Zuhal)

actrice turque (Istanbul 1957).

Elle étudie le théâtre au Conservatoire national d'Ankara (1970-1976) et se voit confier plusieurs rôles prestigieux dans les œuvres classiques et modernes. Elle commence à tourner pour le cinéma et la télévision dès 1983. Après avoir campé d'étonnants personnages comme dans la Route désespérée (Amansız Yol, Ö. Kavur, 1985), elle est particulièrement remarquée dans Adieux au faux paradis (T. Başer, 1989), rôle qui lui a valu un premier prix en RFA. Son jeu sobre et intériorisé fait d'elle l'une des meilleures interprètes du cinéma turc. Après son succès dans le musical Evita (1989), elle entame également une carrière de chanteuse sans que cela nuise à ses performances de comédienne. Tout en poursuivant ses activités théâtrales, elle campe avec brio une femme mystérieuse dans le Visage secret (Gizli Yüz, 1991), réalisé par Ömer Kavur ; elle interprète ensuite les rôles principaux dans deux films de Yavuz Özkan, Deux Femmes (Iki Kadın, 1992) et Une histoire d'automne (Bir Sonbahar Hikayesi, 1994), ainsi que dans le Temps de la lune (Ay Vakti, Mahinur Ergun, 1993) et les Diamants de Madame Salkim (Salkım Hanımın Taneleri, Tomris Giritlioǧlu, 1999).

OLCOTT (John S. Olcott, dit Sidney)

cinéaste américain d'origine canadienne (Toronto 1872 - Los Angeles, Ca., 1949).

Il est acteur au début du siècle et débute en cette qualité au cinéma. Passé à la mise en scène, il se signale par un sens pictural très riche (From the Manger to the Cross, 1912) et par un rythme assez lent. Il dirige Mary Pickford (Poor Little Peppina, 1916) et Rudolph Valentino (Monsieur Beaucaire, 1924, peut-être la meilleure prestation du grand séducteur). Il abandonne le cinéma en 1927.

OLDMAN (Gary)

acteur britannique (New Cross, Londres, 1958).

Acteur complet pouvant jouer aussi bien un punk agressif (Sid et Nancy, A. Cox, 1986), un pathétique Lee Harvey Oswald (J. F. K., Oliver Stone, 1991), un séduisant comte Dracula (Dracula, F. Ford Coppola, 1992) ou un truand caractériel (Léon, L. Besson, 1994), Oldman possède un talent polymorphe qui a été très bien utilisé par des réalisateurs de qualité. Difficile d'isoler un rôle parmi d'autres, mais peut-être que le Joe Orton provocateur, malicieux et tragique de Prick Up Your Ears (S. Frears, 1987) est la quintessence de son art vibrant et contradictoire. On peut regretter de le voir s'affadir en héros romantique dans les Amants du Nouveau Monde (R. Joffé, 1995). À tout prendre, il est plus réjouissant en méchant étincelant dans le Cinquième Élément (L. Besson, 1997) ou dans Air Force One (Wolfgang Petersen, id.) ou quand sa voix étonnante est le seul trait reconnaissable qui subsiste de lui (Hannibal, R. Scott, 2001). Il a réalisé en Grande-Bretagne un film réaliste sans concession, Ne pas avaler (Nil By Mouth, 1997).