CONSEILLER TECHNIQUE.
Réalisateur chevronné chargé de superviser l'activité d'un réalisateur débutant. ( GÉNÉRIQUE.)
CONSERVATION DES FILMS.
Un film cesse d'exister dès qu'on ne possède plus au moins une copie susceptible d'assurer une projection correcte. La conservation du support matériel des œuvres est donc capitale pour la sauvegarde du patrimoine cinématographique.
En pratique, il faut distinguer :
– la conservation des copies, qui intéresse directement le spectateur mais qui n'est pas déterminante du point de vue du patrimoine ;
– la conservation du négatif original, ou des éléments de tirage (contretype internégatif, interpositif) équivalent à un négatif, qui est déterminante : tant qu'existe un tel élément, on peut toujours tirer de nouvelles copies.
La conservation des films.
Écartant l'usure des copies ( COPIES), écartant ce qui peut affecter tout patrimoine (catastrophes naturelles, vol, incendie, bombardement, attentat, etc.), on ne s'intéressera ici qu'à la résistance des films au vieillissement.
Cette résistance dépend principalement de la vitesse à laquelle s'opèrent les réactions chimiques dommageables. On sait que la vitesse des réactions chimiques croît de façon générale avec la température. Un abaissement de la température de stockage favorise donc la conservation : un grand fabricant estime qu'une élévation de cette température de 24 à 30 °C divise par deux la durée de vie des colorants alors qu'un abaissement à 7 °C la multiplie par dix.
Par ailleurs, les éléments constitutifs d'un film absorbent plus ou moins l'humidité ambiante, et leur tenue dépend de la quantité d'eau absorbée. Un degré hygrométrique excessif dans le local de stockage (ou dans les boîtes closes contenant les bobines) est donc défavorable à la conservation. À l'inverse, un degré hygrométrique trop faible entraîne une déshydratation pouvant être néfaste à la pellicule film.
À ces deux facteurs principaux (température, degré hygrométrique), il faut évidemment ajouter le soin avec lequel sont menées les opérations de développement : si le fixage et le lavage ne sont parfaitement contrôlés, il reste dans le film des produits chimiques susceptibles de provoquer, à la longue, des altérations (par exemple des traces d'hyposulfite, l'agent de base du fixage).
La conservation d'un film implique la conservation simultanée des trois éléments qui le composent : le support, la gélatine, les produits qui forment l'image.
Le support.
Jusque dans les années 50, le support était en nitrate de cellulose, également appelé Celluloïd. ( FILM.) Outre qu'il est extrêmement inflammable, ce produit est chimiquement instable : en toute rigueur, il commence à se décomposer dès qu'il est fabriqué. En fait, si le film est conservé dans de bonnes conditions (température basse ou modérée, atmosphère ni trop sèche ni trop humide), cette décomposition peut être très lente : nombre de films du début du siècle nous sont parvenus sans altération notable du support. Si le film est mal entreposé et que la décomposition s'amorce, elle s'accélère ensuite d'elle-même sous l'effet des produits chimiques dégagés, notamment l'acide nitrique. Le processus étant irréversible, il faut contretyper rapidement le film.
Les supports « de sécurité » actuels (triacétate de cellulose, polyester) sont en revanche chimiquement très stables. Pour un stockage entre 10 et 15 °C avec une humidité relative de l'ordre de 50 p. 100, leur durée de vie est estimée à deux siècles au moins.
Il faut également considérer la stabilité physique du support, qui tend à s'allonger en atmosphère humide et à se rétrécir (c'est le phénomène de retrait) en atmosphère sèche. En pratique, c'est presque toujours un retrait que l'on observe. Le triacétate est là aussi beaucoup plus stable que le nitrate, dont le retrait peut atteindre jusqu'à 4 p. 100.
La gélatine.
Raisonnablement stable dans les conditions de stockage appropriées à la conservation du support lui-même, la gélatine résiste mal à une humidité excessive, surtout si la température est élevée : d'une part, elle devient gluante, d'autre part elle constitue un « bouillon de culture » pour certains champignons. Dans les deux cas, il y a risque de destruction de l'image.
L'image.
En noir et blanc, l'image est composée de granules d'argent métallique. ( COUCHE SENSIBLE.) Si le film a été correctement fixé et lavé, l'image est très stable.
Dans les procédés couleurs usuels, c'est-à-dire à couches superposées ( PROCÉDÉS DE CINÉMA EN COULEURS), il n'en va pas nécessairement de même. C'était déjà un tour de force que de parvenir à mettre au point et à maîtriser le processus chimique qui permet d'obtenir, dans un bain de développement unique, trois images colorées restituant correctement les couleurs du sujet. Obtenir de surcroît des colorants absolument stables compliquait le problème au-delà des possibilités des chimistes. Les colorants ont donc une certaine tendance à se décomposer avec le temps, ce qui entraîne un « évanouissement » progressif de l'image, accompagné de l'apparition de dominantes, puisque les colorants des trois couches ne se décomposent pas à la même vitesse.
Pour les copies d'exploitation, généralement stockées à température ambiante (l'éclairement reçu lors du passage dans le projecteur ne joue pratiquement pas du fait qu'il est extrêmement bref), la dégradation de l'image peut être relativement rapide : les premières copies Agfacolor ou Sovcolor sont à peu près invisibles aujourd'hui, car elles ne portent plus qu'une pâle image aux couleurs complètement faussées. Plus tard, les progrès accomplis dans le domaine de la stabilité des colorants ont nettement amélioré la situation : les copies Eastmancolor des années 60 restent généralement projetables, même si elles ont plus ou moins vieilli. Sur les copies actuelles, sauf conditions de stockage particulièrement médiocres, les couleurs ne subissent pas de modification appréciable pendant au moins cinq ans. Au-delà, on peut constater certaines dégradations, parfois l'apparition de légères dominantes colorées. Dans la plupart des utilisations commerciales, cette perte de qualité n'a pas une importance déterminante, les copies étant physiquement détériorées, par usure mécanique, avant ce délai. L'industrialisation et la forte concurrence entre les grands laboratoires américains et européens a eu pour conséquence une forte diminution du prix des copies. L'évolution de l'exploitation avec l'arrivée de complexes cinématographiques a conduit les distributeurs à faire tirer un nombre très important de copies d'un même film, parfois mille ou plus. Dans ces conditions le problème de conservation des copies des films récents ne se pose plus du tout dans les mêmes conditions que pour les films anciens. Seule la conservation dans le temps des éléments de tirage devient essentielle.